Le monde du doublage français perd l’une de ses plus grandes voix. Éric Legrand, comédien emblématique derrière Vegeta dans Dragon Ball Z et Seiya dans Les Chevaliers du Zodiaque, est décédé à l’âge de 65 ans. L’annonce a été faite ce jeudi 22 mai 2025, une onde de choc a retentit dans la communauté des amoureux de la Saga, de cinéma et de doublage français.
Une disparition affligeante
C’est son ami de toujours, Patrick Borg, la voix française de Son Goku, qui a partagé la nouvelle dans un message bouleversant sur les réseaux sociaux. « Depuis des mois, nous nous écrivions chaque jour. Lundi dernier, tu étais transféré en soins palliatifs… et tu as cessé de répondre », écrit-il sur Facebook, la gorge serrée. Un adieu pudique mais profond, entre deux hommes qui auront marqué à jamais l’histoire du doublage d’animation japonaise en France.
Éric Legrand s’est éteint après une lutte contre un myélome, un cancer rare et agressif de la moelle osseuse. Diagnostiqué en 2017, il aura affronté la maladie avec une force digne de ses personnages.
Une voix gravée dans les mémoires
Si son nom ne vous dit rien, sa voix, elle, résonne en chacun de nous. C’est elle qui a incarné la colère contenue et la fierté blessée de Vegeta, le prince des Saiyans, dans Dragon Ball Z, Dragon Ball Super et tous les films dérivés. Une voix reconnaissable entre mille, grave, tendue, pleine d’intensité. Legrand n’a pas simplement doublé Vegeta, il était Vegeta pour des millions de fans francophones.
Mais ce n’est pas tout. Dans les années 80, il prêta sa voix à Seiya, le chevalier Pégase dans Les Chevaliers du Zodiaque. Une autre série culte, un autre héros, une autre performance inoubliable. Legrand était ce lien intangible entre l’enfant devant sa télé et les valeurs de courage, de dépassement de soi que véhiculaient ces dessins animés.
Un acteur de l’ombre au palmarès impressionnant
Éric Legrand était un véritable artisan du doublage, dont la voix s’est glissée dans les dialogues de dizaines de films cultes. Il a doublé Owen Wilson dans plus de dix films, dont The Royal Tenenbaums, The French Dispatch et Zoolander. Il a également prêté sa voix à Tom Hanks, Billy Zane et John Slattery, entre autres.
Dans Pulp Fiction, Apocalypse Now, Top Gun, Don’t Look Up, ou encore La Ligne Rouge, Legrand insufflait aux personnages une émotion juste, équilibrée, jamais trop, jamais pas assez. Une rigueur professionnelle saluée par ses pairs.
Une carrière riche et discrète
Formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Éric Legrand débute sa carrière à la radio, sur les ondes de France Culture et France Inter. Il bascule dans le doublage à la fin des années 70, à une époque où le métier reste encore dans l’ombre. Il y trouve une vocation, un art, un espace de liberté.
Peu médiatisé, humble, il préfère rester loin des projecteurs. Mais pour les initiés, les fans, les cinéphiles et les otakus, il est une légende. Ceux qui l’ont côtoyé parlent d’un homme doux, exigeant avec lui-même, toujours soucieux de faire honneur aux personnages qu’il incarnait.
Un héritage immortel
Éric Legrand laisse derrière lui bien plus qu’une filmographie : un héritage culturel. Son travail a contribué à faire du doublage français un art reconnu, respecté et parfois même préféré à la version originale.
À une époque où la VF était souvent moquée, Legrand, Borg et d’autres figures comme Brigitte Lecordier ou Céline Monsarrat ont montré que le doublage pouvait être subtil, nuancé, émouvant.
Et maintenant ?
Sa disparition pose une question délicate : qui pour lui succéder ? Faut-il le remplacer dans les prochaines adaptations de Dragon Ball ? Doit-on utiliser l’IA pour recréer sa voix ? Des débats qui agitent déjà la communauté. Mais une chose est sûre : personne ne pourra jamais vraiment remplacer Éric Legrand.
Sa voix, sa présence, son travail resteront vivants dans les cœurs, dans les souvenirs et bien sûr… dans les rediffusions et les plateformes de streaming. Comme un dernier Kamehameha, lancé vers les étoiles.
Geekette a la larme à l’œil
Je ne vous cache pas que cet article m’a coûté émotionnellement. J’ai grandi avec Dragon Ball Z. La rivalité Goku/Vegeta m’a appris la persévérance, le respect de l’adversaire, la rage d’avancer malgré tout. Et derrière tout ça, il y avait cette voix. Cette foutue voix qui résonnait dans ma tête et me faisait frissonner à chaque transformation. Merci, monsieur Legrand. Merci d’avoir été là, dans l’ombre, mais avec tant de lumière. Repose en Paix