Le Marin (Martinique) – Bras levés, regard tourné vers la foule, le visage tiré mais rayonnant. Dimanche soir, sur le ponton de la marina du Marin, Inoxtag a bouclé un nouvel exploit qui restera dans les annales de la jeune histoire numérique française : la traversée de l’océan Atlantique sans moteur, en 11 jours, à bord d’un trimaran de course, accompagné du navigateur Guirec Soudée.
Âgé de seulement 22 ans, le vidéaste, devenu en quelques années l’un des piliers de la scène YouTube francophone, continue de se réinventer. Après son ascension de l’Everest en 2024, c’est sur les flots de l’Atlantique qu’il a décidé de défier les éléments. Parti de Lorient le 9 juillet, il a rallié la Martinique ce 20 juillet, dans une ambiance de liesse populaire.
Une arrivée saluée comme celle d’un champion
Dès les premières lueurs du soir, les quais de la marina se sont remplis. Téléphones brandis, enfants sur les épaules, banderoles griffonnées à la hâte. Il ne s’agissait ni d’un retour de course au large ni d’un concert, mais bien de l’accueil d’un jeune homme de la génération numérique, venu prouver que les écrans ne limitent pas les rêves.
Lorsque le trimaran Ultim MACSF a glissé jusqu’à son point d’amarrage, l’ambiance est montée d’un cran. Des cris, des applaudissements, une haie d’honneur improvisée. Inoxtag, visiblement ému, a remercié ses soutiens : « Ce que j’ai vécu, c’est fou. Vous êtes incroyables, merci pour cet accueil de dingue ! »
À ses côtés, Guirec Soudée, navigateur aguerri connu pour ses aventures extrêmes, semblait tout aussi ravi. Compagnon de route, mentor technique, il a su accompagner Inoxtag dans cette traversée exigeante, sans assistance motorisée, en pur mode voile.
Une traversée sans triche
Ce défi n’avait rien d’une balade touristique. Le MACSF, trimaran de 31 mètres de long pour 21 de large, est taillé pour la vitesse et l’endurance. Mais gérer un tel monstre avec un équipage réduit impose rigueur, discipline et anticipation permanente.
Pendant ces 11 jours en mer, aucune vidéo postée, aucun live : Inoxtag avait prévenu. Cette traversée ne serait pas un spectacle en temps réel, mais une expérience personnelle, physique et mentale. « Ce n’est pas comme l’Everest. Ce défi-là, c’est une autre solitude, une autre peur, une autre patience », aurait-il confié à son arrivée.
Le quotidien en mer ? Réglé comme du papier à musique. Navigation, manœuvres, gestion des voiles, météo capricieuse, micro-sommeils, alimentation contrôlée. Le tout dans l’intimité d’un cockpit battu par les vents.
Une communauté fidèle, un projet plus grand
Cette traversée, c est tout d’abord une démarche réfléchie. Inoxtag, qui compte presque 10 millions d’abonnés sur YouTube, a su transformer sa notoriété en tremplin pour des projets ambitieux. Après le succès de Kaizen, documentaire sur son ascension de l’Everest sorti en 2024 au cinéma (et qui avait réuni plus de 340 000 spectateurs en une séance événementielle), le Youtubeur a souhaité offrir une suite, non pas dans les cimes, mais sur l’océan.
Un nouveau documentaire est prévu à la rentrée. L’objectif : partager l’expérience de cette traversée, en montrer la réalité brute, loin des paillettes ou des formats courts. Loin de ses vidéos humoristiques d’autrefois, c’est un autre Inoxtag qui s’exprime désormais : plus mature, plus ancré, mais toujours aussi proche de sa communauté.
Une complicité rare avec Guirec Soudée
C’est un binôme atypique qui s’est formé le long de cette aventure. D’un côté, le vidéaste surdoué issu du digital. De l’autre, un navigateur solitaire, habitué aux eaux glacées du Grand Nord et aux tours du monde à la voile. Guirec Soudée, 33 ans, s’apprête d’ailleurs à repartir : il vise un tour du monde à la voile contre vents et courants, un exploit à rebours des routes classiques, avec en ligne de mire le record de Jean-Luc Van Den Heede (122 jours, 14 heures).
Mais pour Inoxtag, cette traversée reste un jalon personnel, loin de toute compétition. « J’avais besoin d’un nouveau défi. Quelque chose d’humain, de lent, de vrai », glissait-il il y a quelques mois, en annonçant le projet.
La Martinique, point d’orgue d’une aventure humaine
Choisie comme point d’arrivée, la Martinique n’est pas anodine. L’accueil réservé par les Martiniquais a donné à cette épopée une dimension quasi-mythique. Sur place, nombreux sont ceux qui ont salué le symbole : un jeune, né de l’ère numérique, capable de se reconnecter au réel, au risque, au dépassement de soi.
Un lycéen venu l’attendre confiait : « C’est pas juste un Youtubeur. Il nous montre qu’on peut sortir du cadre, aller loin, vraiment. »
Le maire du Marin, présent sur les quais, a brièvement salué l’arrivée : « C’est une fierté de voir cette jeunesse relever des défis comme celui-là. »

On voit bien Inoxtag brandir le drapeau de la Martinique, que beaucoup dans les réseaux sociaux ont confondu avec le drapeau de la Palestine.
Une carrière en pleine mutation
En quelques mois, Inoxtag a changé de registre. De vidéaste populaire à aventurier-documentariste, il trace une voie inédite. Un modèle hybride, entre influence et inspiration, où les vues ne sont plus l’objectif principal, mais le carburant pour aller plus haut, plus loin.
À l’heure où beaucoup s’interrogent sur le sens des contenus numériques, Inoxtag propose une réponse : sortir du cadre, prendre des risques, ne pas avoir peur d’échouer, ni de se taire. Son silence pendant la traversée en témoigne.
Récapitulons :
Élément clé | Détail |
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Départ | 9 juillet 2025, Lorient |
Arrivée | 20 juillet 2025, Le Marin (Martinique) |
Durée | 11 jours |
Équipage | Inoxtag & Guirec Soudée |
Embarcation | Trimaran Ultim MACSF (31 m) |
Documentaire | Prévu pour septembre 2025 |