Mise en ligne ce 9 juillet 2025, Soleil noir, la nouvelle mini-série française de Netflix, fait des ravages. En quelques jours, elle grimpe en tête des tendances de la plateforme en France, s’invitant dans toutes les conversations, des groupes WhatsApp aux dîners d’été.
À la croisée du drame familial, du thriller psychologique et de la saga estivale revisitée, cette fiction originale créée par Nils-Antoine Sambuc nous intrigue et nous fascine en même temps. Mais une question revient sur toutes les lèvres : la série est-elle inspirée d’une histoire vraie ?
Une aventure ensoleillée… mais ombrageuse
Alba, interprétée par Ava Baya, ancienne candidate de The Voice révélée ici dans un rôle à la densité inattendue, fuit un passé trouble. Elle s’installe dans un domaine floricole de Grasse avec son fils et tente de reconstruire sa vie en toute discrétion.
Mais son quotidien bascule brutalement quand Arnaud Lasserre, propriétaire des lieux, meurt subitement. Plus choquant encore : l’homme lui lègue une partie de sa fortune. Alba devient alors la cible d’un soupçon collectif. La tension monte, les langues se délient et les secrets de famille remontent à la surface.
Au sein de la dynastie Lasserre, rien n’est ce qu’il paraît. Entre Lucie (Louise Coldefy), Mathieu (Guillaume Gouix), la veuve Béatrice (Isabelle Adjani, majestueuse et inquiétante) et Manon, la petite-fille loyale, chaque membre semble cacher un pan de vérité. Peu à peu, Alba découvre qu’elle est bien plus liée à cette famille qu’elle ne le pensait…

Fiction ou réalité : où s’arrête l’invention ?
Premier élément de réponse : non, Soleil noir n’est pas directement inspirée d’une histoire vraie. Contrairement à d’autres séries Netflix qui puisent dans les archives judiciaires ou les romans à succès, la série est une création originale.
Mais attention, cela ne veut pas dire qu’elle flotte dans l’abstraction. Le scénariste Nils-Antoine Sambuc s’est inspiré de faits de société bien réels pour construire certaines intrigues secondaires, offrant ainsi à la série un certain réalisme social troublant.
Une aventure parallèle … inspirée de faits divers
Un arc particulier dans l’histoire a fait frissonner les spectateurs : celui de Valentin, employé du domaine, manipulateur et prédateur. Ce personnage fait vivre un cauchemar à Noor, jeune travailleuse précaire qu’il drogue et exploite sexuellement. Ces agressions sont filmées et diffusées clandestinement sur Internet.
Si cette histoire semble invraisemblable, elle fait écho à une affaire judiciaire française récente : celle de Dominique Pelicot. Cet homme a été condamné pour avoir administré des drogues à sa propre épouse dans le but de la faire violer par d’autres hommes. Une affaire bouleversante qui a choqué l’opinion publique en 2024. Donc c’est en lisant ces faits que le créateur de la série dit avoir été saisi par une « envie viscérale » de raconter un thriller qui croise violence intime et structures de domination.
Veuve noire sur Netflix : L’histoire vraie qui se cache derrière ce thriller
Des figures féminines puissantes et nuancées
Ce qui est spécial dans Soleil noir, au-delà de son suspense et de ses faux-semblants, c’est la galerie de personnages féminins. Chacune, à sa manière, lutte contre des formes de contrôle : physique, social, économique ou affectif.
- Alba, personnage principal, incarne une héroïne moderne, complexe. Mère aimante, mais au passé trouble. Humaine, parfois faillible, mais toujours dans la lutte.
- Béatrice, femme blessée et stratège, trône en veuve protectrice et vengeresse.
- Noor, victime silencieuse, incarne les travailleuses invisibles, exposées à toutes les dérives.
- Joséphine, quant à elle, a été internée de force pour la faire taire. Un symbole de plus du bâillonnement féminin.
Sambuc assume clairement ce parti pris. Pour lui, « parler des violences faites aux femmes dans un thriller d’été, c’est une manière d’infuser de l’actuel dans un genre parfois éloigné du réel ». Mission réussie.

Une mise en scène soignée dans un écrin trompeur
La Provence, si souvent magnifiée au cinéma, devient ici un personnage à part entière. Le contraste entre la lumière éclatante des champs de fleurs et l’obscurité morale des protagonistes donne au récit une dimension presque poétique. La mise en scène, très cinématographique, s’appuie sur des plans larges, des silences appuyés et des flashbacks subtils qui distillent l’angoisse sans surjouer l’effet dramatique.
La série cultive un vrai sens du rythme, sans temps mort ni épisode “bouche-trou”. Chaque scène avance les pions sur un échiquier de secrets savamment maîtrisé.
Un casting calibré
Côté distribution, difficile de ne pas saluer le retour d’Isabelle Adjani dans un rôle aussi complexe. Énigmatique, blessée, impitoyable, elle offre un contrepoint spécial à l’énergie brute d’Ava Baya, qui signe ici une performance pleine de justesse et de finesse. De chanteuse à actrice dramatique, la transition est bluffante.
Autour d’elles, Guillaume Gouix, Louise Coldefy et Simon Ehrlacher enrichissent l’univers avec des performances solides, nuancées et parfaitement ancrées dans la logique du récit.
Soleil noir, thriller d’été ? Oui… mais pas que.
À première vue, Soleil noir ou « under a dark sun » dans sa version anglaise pourrait ressembler à une simple série estivale : soleil, secret et morts mystérieuses. Mais elle va bien plus loin que ça. Elle explore les rapports de pouvoir, les mécanismes d’oppression silencieuse et la difficulté d’exister quand on vient « d’ailleurs », que ce soit géographiquement ou socialement.
On sort de la série à la fois bousculé et fasciné, avec l’impression d’avoir vu un morceau de fiction… qui aurait très bien pu être réel.
Récapitulons :
Ce qu’on aime | Ce que ça raconte |
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Une aventure continue, sans temps mort | Une femme accusée à tort, un héritage empoisonné |
Un casting précis et surprenant | Des violences invisibles, mais bien réelles |
Une mise en scène cinématographique | Le poids des secrets, la parole des femmes |
Une ambiance unique entre clarté provençale et noirceur psychologique | Le piège social de l’apparence et du pouvoir |