Difficile de ne pas penser à nos souvenirs d’enfance quand on parle de LEGO. Empiler, expérimenter, rater, recommencer, puis réussir ensemble. LEGO Voyagers, nouveau projet de Light Brick Studio, essaie justement de capturer ce plaisir simple avec une aventure coopérative ramassée, poétique et accessible. Après LEGO Builder’s Journey, le studio danois passe à la vitesse supérieure avec une formule pensée pour deux, en local ou en ligne et une histoire muette qui laisse beaucoup de place à l’imagination. Verdict après plusieurs sessions à deux : c’est court, mais terriblement attachant.
Un duo inséparable au cœur d’un récit muet
LEGO Voyagers ne raconte pas son histoire avec des mots. On incarne deux petites briques, l’une rouge, l’autre bleue, qui rêvent d’espace et partent réparer une navette à travers une série de dioramas en briques. La narration passe par l’animation, la lumière et les micro‑situations environnementales. On devine les intentions, on projette ses propres souvenirs, on sourit à des détails qui n’existeraient pas dans un jeu plus bavard. L’approche est minimaliste, mais efficace et elle fonctionne particulièrement bien à deux, chacun comblant les silences par ses hypothèses et ses blagues.

Coop obligatoire : Friend Pass et confort de jeu
Le jeu est exclusivement jouable à deux. Pas de mode solo, pas d’IA qui remplace le partenaire. Côté pratique, c’est tout bon : écran partagé possible sur le canapé, coop en ligne et Friend Pass qui permet à un ami de rejoindre l’aventure gratuitement si une seule copie est possédée. Sur le papier, c’est l’idéal pour donner envie de tester à plusieurs sans friction. Dans les faits, on lance une partie en quelques secondes et on tombe directement dans le rythme zen du jeu, sans longue exposition ni tutoriel intrusif.
Direction artistique splendide et mise en scène léchée
Light Brick Studio mise sur la texture et la lumière. Les briques brillent juste ce qu’il faut, les reflets suggèrent la matière, les environnements semblent palpables. L’ensemble alterne entre maquettes bucoliques et zones industrielles, avec des transitions subtiles. La bande‑son, elle, installe une ambiance méditative qui soutient parfaitement l’exploration. C’est un jeu qui cherche la douceur avant l’esbroufe et ça lui va bien. On a régulièrement ce petit moment de pause où l’on contemple, à deux, une animation cachée ou un effet météo qui change l’humeur du décor.

Puzzles : de la promenade au vrai tandem
Côté gameplay, LEGO Voyagers mélange puzzles et petites séquences de plateforme. Les premières minutes servent à apprivoiser la physique des briques : rouler, sauter, s’imbriquer, désimbriquer, tourner une pièce pour la caler au bon endroit. Les énigmes commencent simple, puis gagnent en coordination. On construit des ponts de fortune, on active des mécanismes chacun de son côté, on pilote à deux des engins qui demandent de se parler et de se synchroniser. Quelques mini‑jeux ponctuent la progression et brisent la routine. On n’est pas dans le casse‑tête élitiste : l’objectif est clairement de favoriser la discussion et le sens pratique, pas de bloquer le duo pendant des heures.
Tech et ergonomie : superbe, mais parfois perfectible
Tout n’est pas parfait. La vue isométrique rend certains sauts un peu tatillons. Les saisies et dépôts de pièces peuvent manquer de précision quand l’action s’intensifie, ce qui crée de petites frictions, surtout avec des enfants ou des joueurs moins habitués. On a aussi croisé de rares situations où une pièce échappée se coince hors de portée et oblige à recharger la scène, heureusement grâce à des checkpoints généreux. Rien de catastrophique, mais ces micro‑accrocs rappellent que l’élégance visuelle n’empêche pas quelques angles rugueux côté maniabilité.
Durée de vie : un week‑end et on remballe
Comptez 4 à 5 heures pour voir le générique, selon votre manière de construire et votre envie d’explorer les recoins. C’est court, assumé et plutôt cohérent avec l’intention d’offrir une parenthèse coop à déguster sur un ou deux soirs. On peut rejouer des chapitres pour tenter d’autres approches ou pour le plaisir de l’ambiance, mais il n’y a pas de véritable end‑game. On aurait aimé un mode bac‑à‑sable pour laisser parler la créativité après l’aventure principale.
Influences et positionnement
Difficile de ne pas penser aux succès coop récents. LEGO Voyagers emprunte à des titres comme It Takes Two ou Split Fiction l’idée d’un duo complémentaire et d’une progression pensée pour communiquer. La différence : ici, le tempo est plus contemplatif, les mécaniques plus épurées, le message plus doux. Ce n’est pas la claque de game design qui réinvente le coop, c’est plutôt un feel‑good bien réalisé, idéal pour initier un proche aux joies du jeu à deux.

Plateformes, prix et accessibilité
Le jeu est disponible sur PC et consoles PlayStation, Xbox et Nintendo Switch, avec compatibilité Switch 2. Il est intégralement localisé en français et vise un large public, PEGI 3. Le prix public tourne autour de 24,99 € et une promo de lancement à –10 % était proposée au moment de la sortie. C’est aligné avec la proposition : un ticket d’entrée raisonnable pour une aventure courte mais soignée.
Verdict du Geek
Note : 4 sur 5
LEGO Voyagers est une réussite chaleureuse. Beau, lisible, apaisant, pensé pour la discussion et la coopération, il livre exactement ce qu’il promet : une pause créative à partager. Sa courte durée et quelques imprécisions de contrôles l’empêchent de viser plus haut, mais si vous cherchez un jeu à faire à deux sans prise de tête, c’est une recommandation évidente.
On a aimé
- Une DA magnifique qui fait briller la matière LEGO
- Le récit muet qui laisse place à l’interprétation
- La coop simple à lancer, local, en ligne et Friend Pass
- Des puzzles qui montent en coordination sans être punitifs
- Une bande‑son apaisante qui porte l’aventure
On a moins aimé
- Sauts et placements parfois approximatifs avec la vue isométrique
- Quelques mini‑jeux inégaux et rares situations qui forcent à recharger
- Durée très courte et pas de véritable post‑game