Personne ne nous a vus partir ( No One Saw Us Leave ), mini-série mexicaine fraîchement arrivée sur Netflix le 15 octobre. Cinq épisodes seulement, un rythme soutenu, mais surtout une question qui brûle les lèvres de tous les spectateurs : est-ce vraiment arrivé ?
En deux mots
Personne ne nous a vus partir suit Valeria, jeune mère issue d’une riche communauté juive à Mexico à la fin des années 60. Son mari, Leo, enlève leurs deux enfants et disparaît à l’étranger. Commence alors une traque éprouvante, faite d’alliés inattendus, de portes qui se ferment et de demi-vérités. La série revendique être inspirée d’une histoire vraie et elle ne ment pas.
Oui, c’est tiré d’une histoire vraie
À l’origine, il y a le livre Nadie nos vio partir de Tamara Trottner. L’autrice y raconte son propre enlèvement parental lorsqu’elle était enfant, avec son frère, par leur père. Netflix et l’équipe créative ont repris l’ossature de ce récit pour bâtir une mini-série à hauteur de mère. Le point de vue bascule donc de l’enfant à Valeria, figure de résistance qui refuse la fatalité. Les noms sont romancés, la timeline simplifiée, certains lieux amalgamés, mais le cœur du drame est authentique : un père utilise ses enfants comme arme pour se venger de son ex-femme dans un contexte social où la parole des mères pèse peu.

Petit Contexte historique :
La série se déroule en 1968, un moment particulier au Mexique. Les normes patriarcales dominent. Les procédures internationales autour des enlèvements parentaux ne sont pas encore harmonisées. Dans des milieux aisés, l’influence et l’argent brouillent les pistes : inscriptions express à l’étranger, récits mensongers aux autorités scolaires, documents obtenus par relations. La fiction illustre ce vide juridique et moral, sans édulcorer la brutalité administrative qui s’abat sur Valeria.
La série adapte – transforme
- Le squelette des faits : l’enlèvement des deux enfants par le père et l’errance à l’étranger restent la colonne vertébrale du récit.
- Le point de vue : le roman est raconté depuis la mémoire de l’enfant, la série se cale sur la mère pour donner un arc de quête plus classique.
- La géographie : plusieurs escales réelles sont condensées. L’idée est de garder la sensation de fuite en avant, pas de cocher toutes les escales du livre.
- Les patronymes : au lieu des noms réels, la série emploie Valeria et Leo, ce qui protège les personnes et libère la mise en scène.
- Le tempo : cinq épisodes, donc une tension continue dans le récit. On évite les digressions, on privilégie les dilemmes et les retournements.
Qui est qui ?!!
- Tessa Ía incarne Valeria, mélange d’élégance et d’endurance. Son jeu tient sur un fil, sans basculer dans la plainte.
- Emiliano Zurita campe Leo, mari brillant, fils obéissant, manipulateur glaçant.
- Juan Manuel Bernal et un solide casting secondaire dessinent l’écosystème familial et communautaire qui rend possible le kidnapping.

Thématiques, sous-texte …
- Violence vicariant : blesser la mère en prenant les enfants. La série la représente sans sensationnalisme, via des mécanismes sociaux et juridiques.
- Pouvoir et respectabilité : le vernis des grandes familles masque l’abus. On sauve l’image avant de sauver les personnes.
- Silence comme arme : rumeurs, lettres non transmises, appels feints. L’information devient champ de bataille.
- Maternité combative : Valeria refuse le rôle de victime. Elle enquête, elle coopère, elle désobéit. Le personnage est écrit comme une héroïne réaliste, pas une justicière.
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Est-ce que c’est bien ?
Oui. Personne ne nous a vus partir est une mini-série efficace et maîtrisée. Mise en scène élégante, photographie chaude pour Mexico et plus froide à l’étranger, montage nerveux qui laisse respirer les visages. La musique soutient sans diriger. On sent une volonté d’être à la fois accessible et responsable face à un sujet sensible. C’est court, c’est prenant et ça reste longtemps en tête.
Pour qui
- Fans de récits tirés de faits réels.
- Amateurs de drames familiaux à la hauteur des personnages, pas de la procédure.
- Curieux des séries latino-américaines qui sortent des clichés.
Ce que la série n’est pas
- Une reconstitution documentaire exhaustive.
- Un thriller policier pur et dur.
- Un soap. Même s’il est question de secrets de famille, la mise en scène refuse la surenchère.
Faut-il lire le livre ?
Si la mini-série vous a secoués, le livre apportera l’émotion brute du point de vue enfantin et un autre rythme, plus introspectif. L’adaptation a choisi l’efficacité télévisuelle, le texte, lui, déplie la mémoire et nuance davantage certaines figures adultes. Les deux œuvres se répondent et se complètent.
Regarder Personne ne nous a vus partir sur Netflix