En attendant fébrilement GTA VI, qui vient d’être reporté à Mai 2026, certains studios plus modestes profitent de la fenêtre pour proposer leur propre vision du monde ouvert criminel. Parmi eux, Fallen Tree Games tente le pari osé d’inverser les rôles avec The Precinct, un jeu où, pour une fois, vous incarnez la loi. Plus précisément, vous endossez le costume de Nick Cordell Jr., jeune policier lancé dans les rues crasseuses d’Averno City, métropole fictive baignant dans une ambiance 80s délirante et gangrenée par le crime.
Un retour aux sources assumé
Pour ceux qui ont connu les tout premiers GTA, en vue du dessus, le style graphique et la manière de déambuler dans Averno ne seront pas dépaysants. The Precinct s’inscrit clairement dans cette lignée nostalgique, dans la droite continuité de leur précédent titre, American Fugitive. Mais ici, plus question de jouer le fugitif. Vous êtes la loi. Et cette loi, vous devrez l’appliquer à la lettre, entre patrouilles de routine, arrestations musclées et enquêtes tentaculaires.
Dès les premières minutes, le jeu impose son rythme : vous partez en service, et chaque mission peut basculer en un claquement de doigts. Un contrôle de stationnement dégénère en poursuite effrénée ; une interpellation pour tag illégal tourne au braquage de banque. Le jeu sait surprendre, et c’est là l’une de ses grandes forces.
- Explorez une ville animée et dynamique, à pied, en voiture de police et même en hélicoptère
- Intervenez sur des crimes dans un monde ouvert allant de la simple infraction de stationnement aux fusillades entre gangs
- Participez à d’intenses courses-poursuites en véhicule dans des environnements destructibles
- Foncez en solo ou appelez des renforts grâce à un système de renfort avancé
- Profitez d’un cycle jour/nuit et d’une météo évolutive
Un gameplay immersif mais parfois rigide
Le cœur du gameplay repose sur un système de protocole policier étonnamment approfondi. Chaque infraction a sa procédure : lire les droits, ajouter les chefs d’accusation un par un, choisir de reconduire le suspect au poste ou demander une escorte. Le tout est enrichi par un arbre de compétences qui récompense les arrestations bien menées et la rigueur.
Le revers de la médaille, c’est qu’à trop vouloir simuler la réalité, The Precinct finit par enfermer le joueur dans une boucle rigide. Le plaisir de découverte cède parfois le pas à la mécanique, et malgré la variété des interventions, la structure reste souvent la même : poursuite, arrestation, retour à la patrouille. Une routine qui, au bout de plusieurs heures, peut lasser.

De folles poursuites à la sauce 80s
Là où le jeu réussit brillamment, c’est dans ses courses-poursuites. On se croirait dans une série TV d’époque : voitures carrées, sirènes hurlantes, cartons qui volent en l’air, et criminels rusés qui forcent les barrages ( On dirait les poursuites à la Blues Brothers ). La conduite est dynamique, accessible, mais certains véhicules manquent un peu de poids et de réalisme dans leur comportement.
Mention spéciale pour la possibilité de piloter un hélicoptère dans certaines missions. L’angle de vue change alors, et le gameplay devient plus tactique, plus nerveux. Cette variété casse le rythme et empêche l’ennui de trop s’installer.
Une ambiance néo-noire qui fait mouche
Graphiquement, le jeu ne rivalise évidemment pas avec les mastodontes AAA, mais le style fonctionne. Les néons omniprésents, la pluie récurrente, les ruelles sombres et les musiques jazz-synthé mixées créent une ambiance unique. Averno respire, vit, réagit. Même si la carte est relativement petite, elle est dense, truffée de petits détails, de raccourcis, de lieux secrets.
Toutefois, on aurait aimé plus d’intérieurs accessibles, plus de quartiers différenciés. La sensation de tourner en rond finit par poindre, surtout lorsqu’on multiplie les patrouilles dans des zones similaires.
Scénario : l’intention sans l’émotion
Côté narratif, l’histoire mêle enquête policière, gangs et secrets familiaux. Une bonne base sur le papier. Mais dans les faits, la mise en scène statique — via des vignettes façon BD sans animation — nuit à l’implication. Le héros lui-même manque de relief. On peine à s’attacher à lui, ce qui est regrettable dans un jeu à narration centrée.
Le déroulé des missions principales est aussi trop classique : repérage, affrontement, arrestation. Là encore, on sent les limites budgétaires d’une petite équipe (quatre développeurs seulement).
Pas de multijoueur, mais une exécution solide
Enfin, The Precinct se joue uniquement en solo. On imagine pourtant sans peine le potentiel d’un mode multijoueur, notamment en coopération pour les patrouilles ou en compétition pour des courses-poursuites. Peut-être dans une suite ?
Sur consoles, le titre tourne à 30 images/seconde. Même sur PS5 Pro, aucune option 60 fps n’est disponible. Un frein pour certains joueurs, mais la stabilité globale reste au rendez-vous, même en pleine action.
Verdict du Geek
The Precinct ne révolutionne pas le genre, mais il y apporte un regard nouveau. En misant sur l’ordre plutôt que sur le chaos, Fallen Tree Games signe un hommage intelligent aux jeux de l’époque, tout en proposant une expérience riche pour les amateurs de simulations policières. Si son manque de profondeur narrative et sa répétitivité freinent son envol, il n’en reste pas moins un titre sincère, attachant et souvent grisant. Un jeu de passionnés, pour les passionnés.
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