Lorsque Ridley Scott a annoncé en 2012 son retour dans l’univers Alien, les spectateurs ont retenu leur souffle. L’homme derrière le film culte de 1979 allait enfin nous offrir des réponses à certaines des plus grandes énigmes de la saga : qui était ce fameux « Space Jockey » ? D’où venaient les terrifiants Xénomorphes ? Et pourquoi ce vaisseau abandonné sur LV-426 regorgeait-il d’œufs mortels ?
Mais une fois Prometheus projeté dans les salles, le public s’est vite retrouvé… un peu désorienté. Car au lieu d’un préquel limpide à Alien, le film a préféré plonger dans des thèmes existentiels sur la création, la foi et la place de l’humanité dans l’univers. Résultat : une œuvre visuellement sublime, mais qui laisse plus de portes ouvertes qu’elle n’en ferme. Et encore aujourd’hui, plus de dix ans après sa sortie, la franchise Alien n’a toujours pas apporté de réponses claires à certaines des grandes questions posées par Prometheus.
Une fresque cosmique… mais énigmatique
La scène d’ouverture du film est probablement l’une des plus emblématiques, mais aussi l’une des plus déroutantes. Un humanoïde géant, l’un des fameux « Ingénieurs », boit un liquide noir étrange avant de se désintégrer dans une rivière, son ADN se mêlant à celui de la planète. On suppose qu’il s’agit d’un acte de création, une sorte de semence biologique à l’origine de la vie sur Terre.
Mais pourquoi ? Était-ce un sacrifice ? Un rite religieux ? Une simple expérience génétique ? On n’en saura rien. Et Alien: Covenant, pourtant censé faire le lien entre Prometheus et Alien, ne s’attarde même pas sur cet acte fondamental. Pire : il l’ignore totalement.
Les Ingénieurs, ces dieux qui veulent tuer leurs enfants ?
Le film nous révèle que les Ingénieurs seraient les créateurs de l’humanité. Dr. Shaw et son équipe découvrent que notre ADN est identique au leur. Une révélation énorme ! Mais alors pourquoi veulent-ils nous anéantir ? Sur LV-223, ils trouvent un stock impressionnant d’urnes remplies d’un mutagène – le fameux liquide noir – que les Ingénieurs prévoyaient d’utiliser contre la Terre.
On apprend que quelque chose a mal tourné. Une épidémie a ravagé leur base, interrompant leur plan de destruction. Mais jamais le film ne donne une vraie explication à ce revirement brutal. Qu’est-ce qui a poussé ces créateurs à vouloir tuer leur propre création ? Étions-nous devenus une menace ? Les Ingénieurs sont-ils si capricieux qu’ils créent la vie un jour pour l’écraser le lendemain ?
Le liquide noir : un mutagène sans mode d’emploi
Le « black goo » est peut-être l’élément le plus frustrant de Prometheus. C’est à la fois une arme biologique, un accélérateur d’évolution, et une source de mutations aléatoires. Il transforme des vers en créatures agressives, infecte des humains, crée des monstres, et à la fin, donne naissance au « Deacon », une sorte de proto-xénomorphe.
Mais sa logique est tout sauf claire. En fonction de l’espèce et du mode d’exposition, les effets du liquide varient du tout au tout. Un humain infecté engendre un monstre tentaculaire ; un Ingénieur infecté donne naissance à une créature différente. Et pourtant, personne ne prend le temps de nous expliquer s’il s’agit d’une technologie parfaitement maîtrisée ou d’un virus incontrôlable.
David : créateur fou ou simple maillon de la chaîne ?
Dans Alien: Covenant, on apprend que l’androïde David a poursuivi des expériences à partir du liquide noir, allant jusqu’à exterminer les Ingénieurs sur leur propre planète. C’est lui qui, selon le film, crée les premiers vrais Xénomorphes – ceux que l’on connaît bien avec leurs œufs, facehuggers et chestbursters.
Mais là encore, cela ne colle pas parfaitement avec l’univers déjà établi. Dans Alien (1979), le vaisseau du Space Jockey (sur LV-426) semble bien plus ancien que les événements de Covenant. Et des fresques découvertes dans Prometheus suggèrent que des formes de Xénomorphes existaient avant David.
Alors qui dit vrai ? David est-il un créateur ou simplement un copieur génétique d’un mal plus ancien ? Rien ne permet de trancher définitivement.
Où est passée la Reine ?
Depuis Aliens de James Cameron, on sait que les Xénomorphes sont organisés autour d’une Reine, une sorte de matriarche qui pond les œufs. Mais ni Prometheus ni Covenant ne nous parlent de cette entité essentielle. David crée des œufs, mais comment ? Où est la Reine ? Est-elle une invention future ? Une mutation imprévue ? Là encore, silence radio.
L’absence de la Reine dans cette mythologie en pleine reconstruction laisse un trou béant dans la chaîne évolutive des monstres.
Elizabeth Shaw : une quête abandonnée
Le personnage d’Elizabeth Shaw, incarnée par Noomi Rapace, portait une quête captivante : comprendre pourquoi les Ingénieurs ont changé d’avis sur l’humanité. À la fin de Prometheus, elle part avec David vers le monde natal des Ingénieurs.
Et puis… plus rien. Dans Covenant, on apprend qu’elle a été tuée par David et utilisée pour ses expériences. Une conclusion expédiée, indigne de son personnage. Une héroïne de science-fiction sacrifiée au nom du scénario.
Le Deacon : monstre oublié
Le Deacon, né à la toute fin de Prometheus, devait être une pièce centrale du puzzle. Ce n’est ni un Xénomorphe pur, ni un Néomorphe. C’est un hybride, peut-être une version embryonnaire du monstre que l’on connaît. Mais il n’apparaît plus jamais. Ni mention, ni trace dans Covenant. Un oubli ? Un abandon scénaristique ? Mystère total.
Et aujourd’hui ? Que nous réserve l’avenir ?
Bonne nouvelle pour les fans : la saga Alien n’est pas morte. Le réalisateur Fede Álvarez (connu pour Don’t Breathe) prépare un nouveau film, Alien: Romulus, prévu pour août 2024, qui se déroulera entre les événements d’Alien et Aliens. Et une série Alien développée par Noah Hawley (Legion, Fargo) est actuellement en production, censée explorer les origines des Xénomorphes dans un contexte plus… terrestre.
Mais aucune de ces nouvelles productions ne semble vouloir revenir aux mystères laissés par Prometheus. Les Ingénieurs, le liquide noir, David, la Reine… Autant de pièces du puzzle toujours manquantes.
Résumons tout ça :
Prometheus a tenté de faire quelque chose de grand, peut-être même de trop ambitieux : fusionner science-fiction métaphysique et horreur biologique. Le résultat est aussi fascinant que frustrant. Le film pose les bases d’une mythologie riche mais incomplète. Et la franchise Alien, depuis, semble hésiter à y replonger pleinement.
Et vous ?
Quel mystère de Prometheus vous obsède encore ? La mort de Shaw ? Les intentions des Ingénieurs ? Le vrai créateur des Xénomorphes ? Partagez vos théories en commentaire !