À Mont-de-Marsan, un jeune salarié a été testé positif à l’alcool, sans jamais en avoir bu. Une simple madeleine aurait suffi à fausser le résultat. Une affaire à la fois cocasse et révélatrice des limites des tests d’alcoolémie.
Mont-de-Marsan (Landes) : C’est une histoire qui, sur le papier, prête à sourire. Mais pour Jean (le prénom a été modifié), 23 ans, ouvrier dans une entreprise de logistique à Mont-de-Marsan, l’affaire aurait pu prendre un tournant bien moins léger. Dans la nuit du 22 au 23 juillet, alors qu’il s’apprêtait à prendre son poste aux aurores, il est soumis, comme ses collègues, à un test d’alcoolémie de routine. Quelques minutes plus tôt, il avait avalé une simple madeleine. Résultat : positif.
« Je n’ai jamais bu une goutte d’alcool de ma vie », confie-t-il, encore abasourdi, à nos confrères de Sud Ouest.
Un test positif… pour une madeleine
C’est aux alentours de 4 heures du matin que Jean se présente à son poste. Pour patienter avant le contrôle, il entame l’une des deux madeleines qu’il a glissées dans son sac plus tôt dans la nuit. Des gâteaux tout à fait ordinaires, de la marque industrielle Arenas, vendue dans la grande distribution.
Lorsqu’on lui tend l’éthylotest, il souffle une première fois. L’appareil vire au rouge. Surprise générale. Un second essai, à peine quelques minutes plus tard, confirme le résultat. Incompréhension. Ce jeune homme est connu pour ne jamais consommer d’alcool. Même son supérieur, témoin de la scène, est stupéfait. Face à cette anomalie, Jean demande à refaire le test un peu plus tard.
Il prend le temps de boire de l’eau, de se brosser les dents et de rincer sa bouche. Quinze minutes passent. Le nouvel essai est cette fois négatif.
Les policiers reproduisent l’expérience… et sont eux aussi testés positifs
Convaincu que la madeleine est responsable de ce curieux résultat, Jean décide de se rendre au commissariat. Il y expose les faits à deux agents. D’abord sceptiques, ces derniers acceptent de tenter l’expérience. Ils goûtent à leur tour le petit gâteau, puis soufflent dans l’éthylotest. Tous deux sont testés positifs, de manière temporaire.
Alertée, la rédaction de Sud Ouest décide également de vérifier l’anecdote : les journalistes obtiennent le même résultat. Aucun doute, la madeleine « ou quelque chose en elle » perturbe la fiabilité du test.
La marque se défend, les madeleines envoyées en analyse
Sollicitée par la presse, la société espagnole Arenas, qui fabrique les fameuses madeleines, déclare ne pas comprendre cette affaire. Ses produits, assure-t-elle, ne contiennent pas d’alcool. Par mesure de précaution, les lots concernés ont été envoyés en laboratoire pour analyse.
En attendant les conclusions, l’énigme reste entière : comment un aliment censé être inoffensif a-t-il pu générer un faux positif à l’éthylotest ?
Une faille bien connue des experts
Pour les spécialistes des tests d’alcoolémie, cette mésaventure n’est pas tout à fait une première. Le phénomène s’explique par la présence de résidus en bouche, susceptibles de fausser les résultats. Certains produits alimentaires, comme les bonbons, les sirops ou les pâtisseries contenant des arômes à base d’éthanol, peuvent provoquer un pic temporaire détecté par les appareils.
« Il suffit parfois de quelques millilitres d’éthanol résiduel pour obtenir un test positif si l’on souffle immédiatement après ingestion », explique au Figaro un médecin légiste parisien. « Ce n’est pas l’alcool absorbé dans le sang, mais celui encore présent dans la bouche qui déclenche le capteur. »
Un protocole trop souvent négligé
La procédure en vigueur impose normalement d’attendre 15 à 30 minutes entre la dernière prise alimentaire et le test. Cette précaution vise à garantir une mesure fiable de l’alcoolémie réelle, c’est-à-dire celle présente dans le sang, et non celle faussée par un résidu buccal.
Mais dans la pratique, ce délai est parfois négligé, en particulier dans des contextes de contrôle de routine ou dans certaines entreprises privées. L’affaire Jean montre ainsi les limites d’un usage strictement technique, déconnecté de la réalité biologique.
Quelles conséquences pour les conducteurs ?
Si l’incident s’était produit au volant plutôt qu’au travail, Jean aurait pu faire l’objet de poursuites pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique. Un faux positif à l’éthylotest peut entraîner une rétention de permis immédiate, voire une amende de 135 €, un retrait de 6 points, et des sanctions pénales en cas de récidive.
Heureusement, dans la plupart des cas, un éthylomètre chimique ou une prise de sang vient confirmer ou infirmer la première mesure. Les avocats spécialisés recommandent d’ailleurs toujours d’exiger cette contre-expertise en cas de doute.
Ce qu’il faut retenir
L’histoire de Jean n’a rien d’anecdotique. Elle rappelle que les tests d’alcoolémie, bien qu’indispensables à la sécurité routière, doivent être accompagnés de rigueur dans leur mise en œuvre. Et qu’un simple écart au protocole – ici une madeleine consommée au mauvais moment – peut suffire à déclencher une alerte injustifiée.
Récapitulons
- Jean, un jeune Landais, a été testé positif à l’alcoolémie après avoir mangé une madeleine Arenas.
- L’anomalie a été confirmée par deux policiers et plusieurs journalistes.
- La marque nie toute présence d’alcool et les gâteaux sont en cours d’analyse.
- Le phénomène s’explique par des résidus en bouche, connus pour provoquer des faux positifs.
- En cas de contrôle routier, des recours sont possibles : deuxième test, prise de sang.
À retenir si vous êtes contrôlé
- Ne pas manger ou boire dans les 15 minutes précédant un test.
- Boire de l’eau et rincer sa bouche avant de souffler peut éviter des erreurs.
- Demander un éthylomètre ou une prise de sang si le résultat semble anormal.
- En cas d’infraction, contacter un avocat spécialisé peut permettre d’annuler une sanction abusive.
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