Elle est entrée dans le cinéma comme une gifle visuelle, une détonation anti-conformiste signée Pedro Almodóvar. Et depuis ? Elle n’a cessé de faire vibrer le monde de la mode avec la même intensité théâtrale. Rossy de Palma, c’est ce visage cubiste que Picasso aurait adoré croquer. C’est une voix, un port de tête, une gestuelle. Une muse, dans le sens le plus noble, le plus absolu.
À 61 ans, celle que l’on surnomme « la femme tableau » continue de nous hypnotiser. Pas parce qu’elle essaie de plaire. Mais parce qu’elle ose. Parce qu’elle revendique une esthétique libre, explosive, parfois dérangeante, toujours artistique. Et aujourd’hui, on célèbre chaque apparition, chaque look, comme une performance.
Rossy de Palma : entre cinéma, couture et scène de vie
Quand elle débarque sur la scène culturelle espagnole dans les années 80, c’est déjà avec un style bien à elle. Elle ne suit pas la mode, elle la précède. Très tôt, elle apprend à coudre ses propres vêtements. Pas pour suivre les tendances, mais pour se raconter à travers les tissus, les formes, les volumes.
Ce n’est donc pas un hasard si des créateurs aussi puissants que Jean Paul Gaultier, Thierry Mugler, Alexander McQueen ou encore Saint Laurent se sont battus pour l’habiller. Elle devient vite l’incarnation d’une mode décomplexée, presque baroque, où la féminité s’exprime avec un soupçon de folie.
Le style Rossy : un théâtre à lui seul
Il est impossible de résumer le style de Rossy de Palma en quelques mots. C’est un kaléidoscope d’influences, un patchwork visuel, toujours pensé comme un acte artistique. Elle maîtrise les contrastes comme une peintre : formes amples versus silhouettes structurées, matières brutes contre soies satinées, noir graphique face au rouge incandescent.
Parmi ses signatures :
- Les robes-caftans aux imprimés tapageurs
- Les accessoires XXL qui deviennent de véritables œuvres d’art
- Les paillettes, mais jamais gratuites
- Et ce goût du détail inattendu : un sac en forme de crâne, une coiffe sculpturale, un bijou exagérément oversize.
Cannes, Paris, Madrid : chaque apparition est un tableau vivant
★ Cannes 2010
Un tapis rouge minimaliste mais percutant : robe noire longue, près du corps, sans fioritures, contrebalancée par une veste en sequins bleu glacier. Sobre et spectaculaire. Un contraste qui résume parfaitement sa philosophie stylistique.
★ Premios Feroz 2014
Rossy embrasse le power dressing, version chicissime. Un smoking noir satiné, porté avec une nonchalance rock. Le twist ? Un petit sac en forme de tête de mort. Punk et féminin.
★ Défilé Jean Paul Gaultier, Paris 2014
Là, elle est chez elle. Sur le podium, elle éblouit avec un corset noir, structuré, transparent, surmonté d’une pamela bicolore dramatique. La quintessence de la haute couture revue par Rossy.
★ Cannes 2014 (encore)
Une apparition rouge flamboyant : robe mini, manches évasées, col montant. Et pour accessoiriser le tout ? Un chouchou-fleur dans les cheveux. Un look maximaliste, joyeux, très espagnol.
★ Cannes 2022
Elle crée la surprise avec un modèle fuchsia signé Valentino, muni d’une cape aérienne. Un souffle de grâce. Un look qui souligne encore une fois sa capacité à porter la mode comme une seconde peau.
★ Schiaparelli 2023, front row
Total look noir mais jamais discret. Blazer structurée, pantalon satiné, top en dentelle transparente. Et pour parfaire la silhouette : chapeau incliné, bottines à sequins. Elle transforme le siège VIP en scène de théâtre.
★ Cannes 2024
Retour en Espagne… ou presque. Elle rend hommage au folklore andalou avec un look à pois, chapeau cordobés, robe ample aux transparences subtiles. Tradition et modernité en une seule tenue.
Et en 2025 ?
À l’heure où vous lisez ces lignes, Rossy de Palma est toujours sous les projecteurs. En couverture de magazines comme L’Officiel Ibiza, en campagne pour des marques audacieuses comme Taller Marmo, ou présente à la Fashion Week de Paris, elle continue de faire parler d’elle, non pas comme une icône du passé, mais comme une force contemporaine.
Son dernier coup d’éclat ? Une série photo intimiste pour une marque espagnole, entre ombres et lumières, où elle joue avec la caméra comme elle le ferait sur scène : avec une présence magnétique, inimitable.
Une influence transgénérationnelle
Si Rossy inspire, ce n’est pas seulement par ses tenues. C’est par ce qu’elle dégage : une liberté absolue, un regard assumé, une esthétique qui refuse les injonctions.
Elle montre qu’on peut être féminine sans être lisse, vieillir en s’épanouissant, être audacieuse sans chercher l’approbation. Rossy de Palma, à 61 ans, n’a rien perdu de son aura. Elle n’a jamais été aussi actuelle. Et c’est pour ça qu’on l’admire.