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La taxe Zucman, c’est quoi exactement ? Analyse d’une idée qui fait débat

par KingofgeeK
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taxe Zucman

C’est une proposition qui ne laisse personne indifférent. Défendue par l’économiste Gabriel Zucman, la « taxe Zucman » vise à instaurer un impôt minimal de 2 % sur les très grandes fortunes. Derrière ce nom devenu familier, que cache réellement cette mesure ? À qui s’adresse-t-elle ? Quels sont ses objectifs et pourquoi suscite-t-elle autant de réactions dans la classe politique et économique ? Éléments de réponse.


Un impôt plancher pour les plus fortunés

La taxe Zucman repose sur un principe simple : elle garantit que les contribuables les plus riches paient un minimum d’impôt. Concrètement, toute personne ou foyer dont le patrimoine net dépasse 100 millions d’euros serait concerné. À partir de ce seuil, un impôt plancher de 2 % s’appliquerait chaque année.

Il ne s’agit pas d’ajouter un nouvel impôt en plus des autres, mais de fixer un niveau minimal d’imposition. Si une personne paie déjà suffisamment d’impôts (impôt sur le revenu, impôt sur la fortune immobilière, contributions sociales…), elle n’aurait rien à verser en plus. En revanche, si le total de ses impôts représente moins de 2 % de son patrimoine imposable, elle devrait compléter la différence.


Qui est concerné ?

Le seuil de déclenchement est élevé : 100 millions d’euros de patrimoine net. Cela signifie que seulement environ 1 800 foyers fiscaux en France seraient touchés par la mesure, selon les calculs de Gabriel Zucman.

Le patrimoine pris en compte est très large. Il ne se limite pas à l’immobilier, comme c’est le cas avec l’IFI (impôt sur la fortune immobilière). Il inclut aussi les actions, les parts d’entreprises, les actifs financiers ou encore les biens professionnels. C’est cette ampleur qui distingue la taxe Zucman des autres dispositifs fiscaux.


Pourquoi cette taxe ?

Gabriel Zucman s’appuie sur un constat : les milliardaires paieraient aujourd’hui, en proportion de leur fortune, moins d’impôts que la moyenne des Français. En cause : des mécanismes d’optimisation fiscale légale, notamment l’utilisation de revenus non imposés ou faiblement taxés (plus-values latentes, sociétés holdings, donations croisées…).

L’objectif affiché est donc la justice fiscale. Il s’agit de faire en sorte que chacun contribue à hauteur de ses moyens. En période de tension budgétaire et d’inégalités croissantes, cette mesure entend aussi renforcer la solidarité nationale.


Combien cela pourrait rapporter ?

L’économiste avance une estimation de 20 milliards d’euros par an pour les finances publiques. Mais ce chiffre est contesté. Certains experts évoquent plutôt une fourchette plus modeste, entre 5 et 8 milliards, en raison des risques d’optimisation ou de transfert de patrimoine vers l’étranger.

Il est difficile de donner un chiffre exact tant cette taxation est inédite dans son fonctionnement. Tout dépendra des modalités précises de mise en œuvre et de la réaction des contribuables concernés.


Les critiques : une taxe injuste ou dangereuse ?

Le principal reproche adressé à la taxe Zucman est son caractère confiscatoire. Certains craignent qu’elle oblige les personnes concernées à vendre une partie de leur patrimoine pour s’en acquitter, notamment lorsque celui-ci est constitué d’actions ou de biens professionnels non liquides.

Des chefs d’entreprise redoutent également un frein à l’investissement, surtout dans les secteurs de la technologie ou de l’innovation, où les valorisations sont élevées mais les revenus parfois encore limités. D’autres dénoncent un risque d’exil fiscal des grandes fortunes.

Enfin, plusieurs juristes s’interrogent sur la conformité de la mesure avec la Constitution, notamment en raison de l’absence de plafonnement et du taux d’imposition jugé élevé par certains.


Des propositions d’aménagement

Face aux critiques, Gabriel Zucman propose des solutions. Pour éviter de forcer des ventes d’actifs, il envisage que l’impôt puisse être payé « en nature », par exemple en cédant des parts à un fonds public. Il évoque aussi la possibilité d’un étalement du paiement dans le temps, ou de mécanismes de crédit d’impôt différé.

Autre piste : renforcer le contrôle fiscal et la transparence, afin de limiter les stratégies d’évitement. Certains suggèrent également que cette taxe ne soit appliquée qu’à l’échelle internationale, afin de réduire les risques de fuite de capitaux.

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Une adoption encore incertaine

Politiquement, la taxe Zucman divise. Elle est soutenue par les partis de gauche et une partie des écologistes. Un projet de loi a même été adopté à l’Assemblée nationale. Mais il a été rejeté par le Sénat, majoritairement à droite.

Le gouvernement, de son côté, se montre prudent. Le Premier ministre a récemment exclu toute réintroduction de l’impôt sur la fortune dans le budget 2026. Il préfère s’en tenir à des mesures ciblées, moins clivantes, pour contenir le déficit public.

En l’état actuel des rapports de force au Parlement, la taxe Zucman n’a donc que peu de chances d’être adoptée dans un avenir proche.


Une mesure symbolique

Malgré ses incertitudes, la taxe Zucman marque un tournant dans le débat fiscal français. Elle remet en question le modèle actuel, où certaines très grandes fortunes peuvent, légalement, payer très peu d’impôts. Elle soulève aussi une interrogation plus large : jusqu’où peut-on aller pour corriger les inégalités sans compromettre l’attractivité économique ?

Qu’elle soit adoptée ou non, cette taxe a déjà provoqué un retour en force du thème de la justice fiscale dans le débat public. Et ce, à un moment où les marges de manœuvre de l’État sont plus limitées que jamais.


En résumé

  • La taxe Zucman est un projet d’impôt plancher de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.
  • Elle vise environ 1 800 foyers fiscaux.
  • Son but est de garantir que les très riches paient un minimum d’impôt, en tenant compte de ce qu’ils paient déjà.
  • Elle pourrait rapporter entre 5 et 20 milliards d’euros selon les estimations.
  • Elle suscite des critiques sur son efficacité, sa constitutionnalité et son impact économique.
  • Son adoption est peu probable dans le contexte politique actuel, mais elle nourrit un débat de fond sur la fiscalité des plus fortunés.

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