Onze jours seulement après avoir quitté la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy revient déjà au cœur de l’actualité politique et éditoriale. L’ancien président de la République publiera le 10 décembre un nouveau livre, intitulé « Le journal d’un prisonnier », aux éditions Fayard. L’ouvrage, d’un peu plus de deux cents pages, promet de revenir sur ses trois semaines de détention à Paris, dans le cadre de l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007.
Pour la droite comme pour ses adversaires, cette publication marque un nouveau temps fort dans une séquence judiciaire tendue, où chaque prise de parole est scrutée.
Vingt jours derrière les murs de la Santé
Condamné le 25 septembre à cinq ans de prison dont une partie ferme, Nicolas Sarkozy a été incarcéré fin octobre à la prison de la Santé, dans le 14e arrondissement de Paris. Il y a passé environ vingt jours, dans un quartier spécialement aménagé pour les personnalités exposées.
Le 10 novembre, la cour d’appel de Paris a accepté sa demande de mise en liberté, tout en le plaçant sous contrôle judiciaire strict. Il lui est notamment interdit de contacter les autres prévenus et témoins du dossier libyen, ainsi que certaines personnalités politiques. Son procès en appel est prévu du 16 mars au 3 juin 2026, une échéance qui pèsera lourdement sur la scène politique dans les prochains mois.
C’est dans cet intervalle, très court, entre la sortie de prison et la perspective du procès, qu’il a choisi d’annoncer la sortie de son livre.
Un texte né derrière les barreaux
Selon son entourage, Nicolas Sarkozy aurait commencé à écrire dès les premiers jours de son incarcération. À peine installé en cellule, carnet et stylo seraient devenus ses compagnons quotidiens. Cette écriture lui aurait permis d’organiser ses pensées et de donner un sens à une période qu’il qualifie lui-même de « séquence lourde ».
Sur les réseaux sociaux, il a livré un aperçu du ton de l’ouvrage. Il y décrit un univers loin du silence que l’on imagine souvent : un lieu où le bruit serait constant, où les couloirs résonnent sans cesse, où l’intimité se réduit à quelques mètres carrés sous surveillance. L’ancien président évoque aussi un renforcement de sa vie intérieure, comme si l’enfermement avait agi comme un révélateur.
Ce journal se présente donc comme un témoignage direct, écrit à mesure que les jours s’étiraient derrière les barreaux.
Une sortie littéraire très politique
L’essai paraîtra chez Fayard, maison d’édition avec laquelle Nicolas Sarkozy collabore depuis plusieurs années. L’ouvrage, proposé à un peu plus de vingt euros, est déjà disponible en précommande.
Mais au-delà de l’aspect littéraire, la publication tombe à un moment où chaque mot compte. L’ancien président ne peut s’exprimer frontalement sur le fond du dossier libyen, son procès en appel étant imminent. Ce livre apparaît donc comme une manière de reprendre la main sur le récit, sans transgresser le cadre judiciaire.
Ses proches rappellent qu’il a toujours utilisé l’écriture pour traverser les grandes étapes de sa vie politique. À leurs yeux, cette publication n’a rien d’un geste opportuniste : elle s’inscrirait dans une continuité, celle d’un homme qui consigne ses expériences pour mieux les comprendre.
Ses détracteurs, au contraire, pourraient y voir une opération de communication, pensée pour influer sur l’opinion avant les audiences.
Un ancien président face à l’image de la prison
En France, voir un ancien chef de l’État incarcéré demeure exceptionnel. L’entrée de Nicolas Sarkozy à la Santé a marqué durablement l’opinion, tant elle bouscule les représentations du pouvoir. Son livre investit directement cette dimension symbolique.
Il y décrit ce que représente cet univers clos : la routine des contrôles, l’absence de véritable intimité, les journées qui se ressemblent toutes, ponctuées de bruits, de portes métalliques et d’allées et venues du personnel.
Pour autant, les conditions de détention d’un ancien président restent particulières, très éloignées de celles du détenu ordinaire. La publication apportera peut-être des précisions sur le niveau de protection dont il a bénéficié, sur les visites, les contacts autorisés ou encore sur l’accompagnement dédié.
Ce point sera très observé par les associations de défense des droits des détenus, qui craignent parfois un décalage trop important entre le traitement réservé aux personnalités médiatiques et celui de la population carcérale.
Un objet éditorial entre confession et plaidoyer
Le récit d’enfermement est un genre ancien. Des écrivains, des militants, des responsables politiques ont déjà fait de la prison un matériau littéraire. Dans ce cas précis, « Le journal d’un prisonnier » semble osciller entre plusieurs registres : chronique du quotidien, introspection, tentative de recul sur les événements, voire plaidoyer en filigrane.
Chaque description, chaque humeur, chaque précision sur les conditions de détention pourra être interprétée à l’aune du dossier libyen, même si le livre ne traite pas directement du fond de l’affaire.
D’une certaine manière, ce texte pourrait être perçu comme une première prise de position publique, en attendant la véritable confrontation judiciaire devant la cour d’appel.
