( Attention ça va spoil à gogo ) La saison 4 de « The Witcher » a joué la carte du grand écart. Geralt, Yennefer et Ciri se retrouvent séparés, chacun happé par un arc dramatique qui l’isole des autres. Les lignes de front bougent, les sorcières se réorganisent et Nilfgaard raffermit son emprise. C’est une saison de transition ambitieuse qui prépare le chapitre final dans la dernière saison 5.
Yennefer: la sororité d’abord, la vengeance ensuite
Yennefer est forte en stratège . La déflagration d’Aretuza et les fractures du monde magique la poussent à reconstruire une force collective et chercher des alliances inattendues . Les prémices d’une Loge des Magiciennes se dessinent, avec un leadership partagé qui tranche avec l’ego de jadis. Mais Yennefer reste Yennefer. son obsession de vaincre Vilgefortz la dévore et la détourne de la politique pure.
Son dernier acte est une traversée risquée : un portail instable, une tempête, un tourbillon. La mage prend le risque pour frapper la bonne cible, au bon moment. Résultat: suspense . Est-ce un pas de côté vers une dimension inattendue ou l’antichambre d’un nouveau face-à-face avec son bourreau préféré La saison ne tranche pas et c’est tout l’intérêt. On la quitte puissante, mais isolée, prête à défendre l’avenir de ciri et de la magie quitte à y rester payer le prix d’une traque personnelle.
Yennefer a arrêté de courir après un pouvoir solitaire pour bâtir un pouvoir partagé. Mais sa vengeance n’est pas soldée. Cette double identité, guide et chasseresse, va décider de son destin final.
Geralt: chevalier malgré lui, héros piégé
On l’avait quitté brisé par Vilgefortz. On le retrouve à la tête d’une petite bande avec des alliances inattendues , porté par un sens du devoir qu’il tentait jusque là de tenir à distance. La bataille du pont sur la Yaruga cristallise l’enjeu. En soutenant les Nordiens contre Nilfgaard, Geralt franchit un cap moral qu’il repoussait depuis des saisons.
La récompense tombe immédiatement: Meve l’adoube chevalier. Sir Geralt de Rivia, enfin. Sur le papier, c’est l’accomplissement du mythe que le Sorceleur s’est construit. Dans les faits, c’est une chaîne supplémentaire. Le serment l’attache à la couronne, complique sa quête de Ciri et le plonge au cœur d’une guerre d’humains qu’il a toujours voulu éviter. La saison referme ce volet sur une note plus sombre encore: un objet fétiche de Geralt sert désormais d’appât pour le traquer. Le message est clair: son passé, ses erreurs et ses choix le rattrapent tous à la fois.
Geralt a toujours été tiraillé entre neutralité et éthique personnelle. Ici, la neutralité vole en éclats. L’adoubement n’est pas un happy ending, c’est un piège à retardement. Le Sorceleur qui ne voulait combattre que des monstres est désormais un pion de plus dans l’échiquier politique. Et la série s’amuse de cette ironie: pour retrouver sa fille adoptive, il a dû accepter de servir un autre pouvoir.
Ciri: l’effondrement avant la renaissance
C’est l’arc le plus brutal. Falka n’était pas qu’un masque, c’était une fuite en avant. En rejoignant les Rats, Ciri cherchait une famille de substitution, une bande où poser sa rage et son chagrin. Leo Bonhart dynamite cette illusion. Le chasseur, bête de foire sans état d’âme, exécute méthodiquement le groupe. Ciri survit, brisée, capturée, forcée d’assister à la décapitation de sa nouvelle famille et et de son amoureuse.
Pour la princesse de Cintra, cette fin est une césure. Elle n’est plus seulement l’Élue aux pouvoirs monstrueux ni la fugitive insaisissable. Elle devient prisonnière d’un système qui veut l’utiliser, jusqu’au projet le plus dérangeant qui soit: instrumentaliser son sang, son corps, son héritage. L’ambivalence de Ciri, oscillant entre prophétie et libre arbitre, se resserre ici dans une impasse. C’est précisément ce qui la prépare, paradoxalement, à l’acte d’émancipation qu’on attend d’elle.
La série lui arrache tout support moral. En la privant de ses garde-fous, elle l’oblige à devenir son propre rempart. L’innocence a disparu. Reste la volonté.
The Witcher saison 4 : où est passé Henry Cavill et pourquoi Liam Hemsworth reprend Geralt ?
Trois trajectoires, un seul dilemme
La saison 4 juxtapose trois questions simples :
- Geralt peut-il rester chevalier et demeurer père
- Yennefer peut-elle protéger la magie et obtenir justice
- Ciri peut-elle survivre au piège et garder sa part d’humanité
Aucune réponse n’est donnée, mais chaque piste est déjà semée. Les antagonistes sont identifiés et diaboliquement alignés: Vilgefortz pour Yennefer, Emhyr pour Ciri, Bonhart pour la fracture intime de l’héroïne. Le récit prépare clairement l’adaptation des derniers mouvements de la saga littéraire, ceux où l’intime et le politique se confondent.
Le montage privilégie la fragmentation. On change de rive, de ville, de camp, comme on change d’allié. Résultat: une sensation d’emballement, parfois hachée, mais signifiante. Le monde s’effondre, les frontières se fissurent et la série épouse ce chaos.
Le choix de valoriser la bande de Geralt fonctionne à l’écran. Regis apporte une gravité étrange et un contrepoint moral, Milva une fragilité guerrière, Jaskier cette humanité triviale qui permet de respirer entre deux horreurs ,kahir une ténacité et combativité qui apporte plus de profondeur au scénario .
Côté magie, les portails retrouvent leur majesté dangereuse. Ils ne servent pas qu’à se déplacer: ils sont des actes politiques. Les ouvrir, c’est dessiner une nouvelle carte du pouvoir.
Thèmes de cette fin :
- Neutralité impossible. L’adoubement de Geralt ferme la porte à l’entre-deux.
- Sororité stratégique. La reconstruction autour de Yennefer n’est pas une utopie, c’est un choix militaire.
- Corps et pouvoir. Le destin de Ciri est réduit à un enjeu dynastique. La série pointe le cynisme d’Emhyr et la logique de prédation qui l’accompagne.
- Mémoire contre soi. L’objet perdu de Geralt, retourné contre lui, symbolise l’idée maîtresse: on ne se libère jamais totalement de notre passé.
Les réponses aux questions que tout le monde se pose
Geralt a-t-il vraiment ce qu’il voulait :
Oui et non. Il gagne le titre, perd la liberté. Le rêve d’antan se révèle être la pire cage possible.
Yennefer est-elle en position de force ou de faiblesse :
Les deux. Elle fédère les magiciennes, mais elle s’expose seule en première ligne. Sa chute ou son triomphe dépendront d’un fil ténu: jusqu’où ira son obsession
Ciri va-t-elle mourir :
Non, pas là. La série la maltraite pour mieux préparer la mue. Sa survie n’est pas l’enjeu. Son identité, si.
Et maintenant, la saison 5 ?!
Tout pointe vers une réunion tardive et douloureuse. La famille choisie va se retrouver, mais personne ne sera le même. Attendez-vous donc à des choix sacrificiels, à des allégeances renversées et à l’épilogue d’un monde qui ne pourra pas continuer tel quel. La cinquième saison et finale sur Netflix devra arbitrer entre deux visions: sauver le Continent en restaurant un ordre ancien ou en acceptant une refondation brutale.
C’est la promesse la plus excitante de cette fin: The Witcher assume le tragique. Personne ne sortira intact et c’est précisément ce qui peut offrir une fin mémorable.
Verdict de Geekette
Ambitieuse, parfois heurtée, la saison 4 prend des risques et ne couve pas ses héros. Elle préfère les précipices aux certitudes, la brûlure aux pansements. Le changement d’énergie autour de Geralt, la stature de Yennefer et la plongée de Ciri forment un triptyque cohérent. On râlera sur quelques transitions abruptes, mais on restera pour cette promesse de conclusion sans filet. Si la série tient son cap, l’ultime saison a de quoi marquer.
Regarder The Witcher Saison 4 sur Netflix