La planète catch vient de perdre l’un de ses visages les plus marquants. Terry Brunk, plus connu sous le nom de Sabu, est mort à l’âge de 60 ans. La nouvelle, relayée ce week-end par PWInsider et confirmée par la WWE, a bouleversé le monde du divertissement sportif. Aucune cause de décès n’a été communiquée, mais les hommages affluent de partout.
Une figure de l’extrême
Dans l’univers du catch, certains noms évoquent immédiatement l’audace, le danger, et cette volonté de toujours repousser les limites physiques et mentales. Sabu appartenait sans conteste à cette caste. Il n’était pas qu’un catcheur, c’était une légende vivante, une énigme en chair et en sang.
Formé par son oncle, le mythique The Sheik, Terry Brunk débute sa carrière dans les années 80. Très vite, il se taille une réputation dans le milieu underground grâce à son style violent, acrobatique et imprévisible. Son nom devient synonyme de matchs sanglants, de cascades insensées, et de performances où les limites de l’endurance sont mises à rude épreuve.
Dans les années 1990, alors que l’ECW (Extreme Championship Wrestling) devient le symbole d’un catch alternatif et sans concessions, Sabu en est l’un des piliers incontournables. À une époque où la WWE et la WCW se livrent une guerre télévisuelle féroce, ECW propose un spectacle brut, viscéral, qui trouve un écho chez une jeunesse en quête d’authenticité. Et Sabu incarne cette rage.

“Le suicidaire, homicide, génocidaire maniaque”
Voilà comment il était présenté sur le ring. Une formule baroque qui résumait parfaitement son personnage. Sabu se jetait littéralement dans le vide, sans jamais craindre les blessures. Il a été champion du monde ECW à deux reprises, champion télévisé et triple champion par équipes.
L’un de ses combats les plus emblématiques reste celui face à Terry Funk en 1997, dans un match entouré de fil barbelé. Les deux hommes, en sang, livrent une performance d’une intensité rare. À la fin, Sabu se retrouve lui-même piégé dans les barbelés, le bras lacéré, refusant pourtant d’abandonner. Ce soir-là, il est devenu un mythe.
Une carrière internationale
Si son nom est principalement associé à l’ECW, Sabu a combattu aux quatre coins du monde. On l’a vu au Japon, notamment à la FMW et la New Japan Pro Wrestling, où il affronte les plus grands noms du circuit indépendant. Au Mexique, il enflamme les arènes de la AAA.
Il fait également des apparitions à la WCW dans les années 90, avant de rejoindre brièvement la WWE en 2006, lors du relancement de la marque ECW par Vince McMahon. Il participe notamment à WrestleMania 23 dans un match par équipes resté dans les mémoires. Mais le style Sabu, trop chaotique pour l’univers très scénarisé de la WWE, ne parviendra jamais à y trouver pleinement sa place. Il est libéré de son contrat en mai 2007.
AEW et l’ultime chapitre
Alors qu’on le pensait retiré du circuit, Sabu continue de faire quelques apparitions ponctuelles sur la scène indépendante. En 2023, il crée la surprise en rejoignant brièvement la All Elite Wrestling (AEW) en tant qu’arbitre spécial pour un match opposant Chris Jericho à Adam Cole.
Puis, le 18 avril 2025, à Las Vegas, il livre ce qui sera son ultime combat face à Joey Janela lors du mythique « Spring Break ». Le match est un hommage à son parcours : pas de cordes, du fil barbelé, et un ring transformé en champ de bataille. Bill Alfonso, son manager emblématique, est présent. The Sandman fait une apparition surprise. La boucle est bouclée.
Ce soir-là, Sabu ne gagne pas seulement un match. Il conquiert à nouveau le respect de toute une génération de fans.
Une pluie d’hommages
Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages se multiplient.
“Je n’aurais pas eu la carrière que j’ai eue sans lui”, a déclaré Taz, visiblement ému, dans une vidéo postée sur X (anciennement Twitter). “Il m’a mis en valeur, alors qu’il n’était pas obligé de le faire. C’est une perte immense.”
Rob Van Dam, son partenaire emblématique à l’ECW, s’est contenté d’un emoji pointant vers le ciel. Un geste discret, mais chargé de sens, qui rappelle la pose fétiche de Sabu lorsqu’il entrait sur le ring.
La WWE, de son côté, a publié un communiqué sobre : “Sabu était un pionnier du catch hardcore. Nous adressons nos condoléances à sa famille, ses amis et ses fans du monde entier.”
La AEW lui a aussi rendu hommage : “Des combats de barbelé aux moments aériens inoubliables, Sabu a tout donné au catch. Merci pour tout.”
Un héritage éternel
Sabu ne courait pas après les ceintures. Il courait après l’émotion brute. Il n’était pas là pour raconter une histoire classique, mais pour choquer, marquer, bouleverser. Dans un monde où tout est chorégraphié, il a imposé le chaos. Dans un sport où les héros brillent sous les projecteurs, lui préférait l’ombre et le sang.
Il laisse derrière lui une trace indélébile. Chaque génération de catcheurs extrêmes — de Jon Moxley à Darby Allin — lui doit quelque chose. Il a redéfini le concept de “prise de risque”.
Son décès marque la fin d’une époque. Mais son influence, elle, perdurera encore longtemps. Dans chaque table brisée, chaque saut insensé, chaque match où l’adrénaline supplante la logique : l’esprit de Sabu sera là.
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