Venue d’Afrique, La Dermatose nodulaire contagieuse bovine est une maladie virale qui frappe les élevages bovins et qui s’est récemment déclarée en France. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Explications simples pour comprendre un sujet qui inquiète, sans céder à la panique.
Depuis plusieurs jours, le mot « dermatose nodulaire contagieuse » revient dans les médias, les communiqués ministériels et les conversations agricoles. En Savoie, des vétérinaires accompagnés de gendarmes sont intervenus dans des élevages. À Entrelacs, des troupeaux ont été abattus. D’autres départements alpins sont placés sous surveillance. Et pourtant, la majorité des Français ne sait pas ce que cache ce nom barbare.
Alors, la dermatose nodulaire, c’est quoi exactement ? Est-ce dangereux ? Pourquoi abat-on des vaches apparemment en bonne santé ?
Voici ce qu’il faut comprendre :
Une maladie qui vient de loin
La dermatose nodulaire contagieuse bovine « DNC pour les initiés » est une maladie virale qui touche uniquement les bovins. Le virus, très spécifique, n’affecte pas l’homme. Aucun risque pour les éleveurs, les consommateurs, ni les vétérinaires.
La DNC est connue depuis près d’un siècle : elle a été identifiée pour la première fois en Afrique australe, avant de se répandre, lentement mais sûrement, vers le nord. Elle a frappé le Moyen-Orient, les Balkans, la Turquie, puis l’Italie. Le 29 juin 2025, la France enregistre son premier foyer, à Entrelacs (Savoie). Depuis, la situation évolue rapidement : plus de 30 foyers sont confirmés dans les deux Savoie.
Comment la reconnaître ?
Les symptômes sont spectaculaires chez les bovins :
- De grosses plaques et nodules apparaissent sur la peau, parfois purulents ;
- L’animal est fiévreux, abattu, souvent sans appétit ;
- Il peut avoir du mal à marcher ou à téter ;
- Les mamelles et les testicules sont parfois enflés.

Autrement dit : un bovin infecté souffre clairement, même si la maladie est rarement mortelle. On estime la mortalité entre 1 et 10 %, mais la souffrance et les pertes économiques sont considérables.
Comment se propage-t-elle ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la DNC ne se transmet pas seulement par contact direct entre animaux.
Elle est surtout véhiculée par des insectes piqueurs : taons, moustiques, mouches piqueuses. Ces insectes passent d’un bovin à un autre, parfois sur plusieurs kilomètres et propagent le virus sans en avoir l’air.
C’est ce mode de transmission « rapide et difficile à maîtriser » qui inquiète les autorités sanitaires.
Pourquoi les abattages ?
C’est là que le sujet devient sensible.
Dès qu’un cas est confirmé dans un élevage, tous les bovins sont abattus, même ceux qui ne présentent aucun symptôme. Cette décision est dictée par une règle européenne : la DNC est classée comme maladie à déclaration obligatoire, de catégorie A.
L’objectif est simple : empêcher la propagation. Car une fois la maladie installée dans une région, la contrôler devient extrêmement difficile.
Mais cette méthode est contestée. Certains syndicats agricoles et vétérinaires estiment que la vaccination seule pourrait suffire. D’autres dénoncent un manque d’écoute des éleveurs et des interventions musclées. En Savoie, des tensions sont apparues, notamment à Entrelacs, où l’élevage Duchêne a refusé l’abattage. L’intervention a nécessité l’appui de la gendarmerie.
Quelles zones sont concernées ?
À ce jour, la DNC a été confirmée dans les départements de Savoie et Haute-Savoie. Par mesure de précaution, une zone réglementée a été mise en place :
- Zone de protection : dans un rayon de 20 kilomètres autour des foyers ;
- Zone de surveillance : jusqu’à 50 kilomètres.
Cela concerne aussi l’Ain et l’Isère.
Dans ces zones, les mouvements d’animaux sont restreints. Les marchés aux bestiaux sont annulés. Les éleveurs doivent désinsectiser leurs installations. Et surtout, une campagne de vaccination massive a été lancée, avec l’objectif de couvrir plus de 285 000 bovins.
Et pour les consommateurs ?
Soyons clairs : il n’y a aucun danger à consommer du lait ou de la viande venant de bovins vaccinés ou même exposés à la DNC.
Le virus n’est pas transmissible à l’homme. Il ne survit pas à la cuisson ni à la transformation. Aucun cas humain n’a jamais été recensé.
L’État mobilisé
Le ministère de l’Agriculture a débloqué une enveloppe exceptionnelle d’indemnisation. Les éleveurs touchés seront remboursés pour :
- Les pertes d’animaux ;
- Les pertes de production laitière ;
- Les coûts de désinfection et de désinsectisation ;
- Les frais vétérinaires.
Une cellule de crise a été installée à Chambéry. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, s’est dite « déterminée à enrayer la propagation de la maladie » tout en assurant que les éleveurs seront « pleinement soutenus ».
Une épreuve révélatrice
Au-delà de l’émotion provoquée par les abattages, cette crise révèle la vulnérabilité croissante de l’élevage français face aux maladies exotiques. Des pathologies autrefois cantonnées à l’Afrique ou au Moyen-Orient sont désormais aux portes des Alpes et demain peut-être en Bretagne, dans le Massif central ou en Normandie.
La DNC n’est pas un cas isolé. La clavelée ovine, la variole caprine, la fièvre catarrhale ovine : toutes ces maladies gagnent du terrain, favorisées par :
- Le changement climatique ;
- Les flux commerciaux internationaux ;
- Et la mobilité des insectes vecteurs.
La surveillance vétérinaire et la recherche vaccinale deviennent des priorités absolues.
Récapitulons :
- La DNC est une maladie virale bovine, non dangereuse pour l’homme ;
- Elle provoque des lésions cutanées douloureuses et une forte chute de production ;
- Elle est transmise principalement par des insectes ;
- La France applique une stratégie abattage + vaccination pour stopper sa diffusion ;
- Les consommateurs ne courent aucun risque.
Dans le tumulte médiatique, entre peurs légitimes et exagérations, il est essentiel de garder le cap des faits. La dermatose nodulaire est une maladie sérieuse, oui. Elle cause des pertes économiques et du stress dans les campagnes, oui. Mais elle ne menace pas la population humaine, ni l’approvisionnement alimentaire.
Les images d’éleveurs en larmes ou de vétérinaires escortés par des gendarmes marquent les esprits. Mais elles ne doivent pas faire oublier que l’enjeu est d’abord sanitaire et agricole, non pas sanitaire au sens humain.
À condition d’agir vite, de communiquer clairement et de respecter les éleveurs, la France a les moyens de contenir cette épidémie. Le vrai défi sera de prévenir les prochaines.