Nouveauté très attendue de l’été sur Netflix, Une nature sauvage (Untamed, en version originale) a fait son effet sur les spectateurs. Créée par Elle Smith (The Independent) et Mark L. Smith (The Revenant), cette mini-série en 6 épisodes mêle polar psychologique, drame familial et contemplation naturaliste dans les immenses paysages du parc national de Yosemite, en Californie.
À la croisée de Wind River et Mare of Easttown, la série portée par Eric Bana, Lily Santiago et Sam Neill joue habilement avec la tension dramatique… jusqu’à une fin bouleversante et déroutante.
Une nature sauvage (Untamed) sur Netflix : un thriller forestier classique, mais efficace
Le point de départ : un corps au pied d’El Capitan
Tout commence avec la découverte macabre du cadavre d’une jeune femme au pied d’El Capitan, un pic emblématique du parc. Kyle Turner (Eric Bana), ancien agent fédéral reconverti en ranger, est chargé de l’enquête. Très vite, l’affaire dépasse le cadre d’un accident : l’identité de la victime reste un mystère, les indices sont rares et les pistes mènent vers un passé trouble.
Qui était Lucy Cook ?
Grâce à Naya Vasquez (Lily Santiago), jeune recrue récemment transférée de la ville, l’équipe parvient à identifier la victime : Lucy Cook, une femme disparue depuis l’enfance. Elle s’appelait en réalité Grace, une fillette confiée par son père biologique à une famille d’accueil… qui s’avérera être un véritable cauchemar.
Pendant deux ans, Grace est séquestrée dans un sous-sol, maltraitée, affamée. Puis elle parvient à s’enfuir. Avant de mourir, sa mère biologique lui avait révélé le nom de son véritable père : Paul Souter (Sam Neill), chef des rangers et ami de Kyle. Un homme respecté, mais rongé par le secret.
Un père qui n’a pas su protéger
Devenue adulte, Lucy revient hanter son géniteur. Elle lui réclame de l’aide… ou de l’argent. Faute d’avoir reçu l’un ou l’autre, elle le fait chanter. Souter, craignant pour sa réputation et sa famille, cède un temps. Jusqu’au jour où, à bout, il accepte de la rencontrer.
Mais la confrontation dégénère. Dans un accès de panique, Paul tire sur Lucy, la blessant à la jambe. Lucy s’enfuit, perdue dans la forêt, poursuivie par des coyotes, saignante, désorientée. Elle parvient jusqu’au sommet d’El Capitan, lieu symbolique lié à sa mère… et, épuisée, finit par se jeter dans le vide.
Ce n’est donc pas un meurtre au sens juridique du terme. Mais c’est bien la culpabilité d’un père défaillant qui pousse Lucy vers cette fin tragique.
Lucy, mule malgré elle
L’autopsie et l’enquête révèlent aussi que Lucy servait de mule dans un trafic de drogue organisé dans d’anciennes mines abandonnées du parc. Un réseau local, orchestré en partie par Shane Maguire (Wilson Bethel), ancien militaire et ranger devenu marginal.
Lucy et Shane entretenaient une relation toxique, mêlant manipulations, dépendance et violence. C’est cette implication dans le trafic qui a brouillé les pistes au début de l’enquête. Mais au final, sa mort n’est ni liée à la drogue… ni à Shane.
Le poids du passé : la mort de Caleb
En parallèle, la série explore un autre drame : la mort de Caleb, le jeune fils de Kyle Turner. Enlevé lors d’une sortie scolaire dans le parc, Caleb a été retrouvé sans vie peu de temps après. L’enquête, restée sans aboutissement pendant des années, refait surface quand Shane Maguire, qui avait discrètement placé des caméras dans la forêt, identifie le coupable : un certain Sean Sanderson, porté disparu depuis cinq ans.
Mais la justice ne passera jamais. Jill (Rosemarie DeWitt), l’ex-compagne de Kyle et mère de Caleb, paie Shane pour exécuter Sanderson. Un acte commis dans le dos de Kyle et qui, une fois découvert, provoque l’éclatement définitif du couple.

Le dernier acte : fusillades, aveux et rédemption
Alors que Kyle tente de remonter la filière du trafic, il se retrouve face à Shane dans la forêt. L’affrontement est brutal. Shane tire, Kyle est grièvement blessé. Au sol, il semble perdu. Mais Naya surgit, armée et déterminée. Trois balles dans l’abdomen mettent fin aux agissements de Shane Maguire.
Peu après, Kyle confronte Paul Souter. Ce dernier, acculé, comprend que ses secrets sont révélés. Refusant de faire face à la justice, il se donne la mort, d’une balle dans la tête.
Des funérailles selon les rites Miwok
Pour honorer la mémoire de Lucy, Kyle confie son corps à Jay, un ranger Miwok. Elle reçoit des funérailles traditionnelles, loin des procédures classiques. Une scène sobre, respectueuse, qui offre enfin à Lucy un semblant de paix.
Kyle, vers un nouveau départ
Dévasté par la perte de son fils, trahi par sa femme, marqué par l’affaire Lucy… Kyle envisage de mettre fin à ses jours. Mais une conversation avec Jay l’aide à raviver la flamme. Il comprend qu’il a encore une route à tracer.
Il quitte Yosemite, laisse son cheval à Naya et transmet à son fils les jouets de Caleb. Il tourne la page, non pour oublier, mais pour survivre.
Ce que la série raconte vraiment
Derrière son intrigue policière, Une nature sauvage est avant tout une histoire de failles humaines : un père incapable d’aimer sans honte, une mère qui venge son fils hors-la-loi, un homme brisé qui tente de se reconstruire. Mais aussi une jeune femme, Lucy, victime de toutes les lâchetés des adultes.
La nature n’est ici ni refuge, ni menace. Elle est le décor brut d’une vérité qu’on préfère souvent ignorer : les blessures d’enfance, les silences complices et le prix du non-dit.

À voir absolument, pour celles et ceux qui aiment les thrillers qui ne mâchent pas leurs émotions. Portée par un trio d’acteurs impeccables, Une nature sauvage combine suspense et profondeur et propose un final à la fois cruel et apaisé. Une série courte, mais marquante.