Un événement ciné et sociétal à ne pas manquer : Ryan Coogler n’en a pas fini avec Sinners, son film phénomène, qui revient dès le 4 juillet sur la plateforme Max (anciennement HBO Max). Et pas n’importe comment.
Un film culte, un nouveau souffle
Sorti en salles au printemps dernier, Sinners a rapidement trouvé sa place parmi les plus grands succès de l’année. Porté par Michael B. Jordan dans un double rôle aussi troublant que captivant, le film a engrangé plus de 360 millions de dollars au box-office mondial, une prouesse pour une œuvre originale non issue d’une franchise. Mais au-delà des chiffres, Sinners s’est surtout imposé comme une expérience de cinéma totale : un drame historique imprégné de blues, une fable sociale sur fond de surnaturel et un cri de rage contre les injustices raciales ancrées dans l’Amérique profonde.
Alors que l’on aurait pu s’attendre à une sortie en streaming classique, la surprise est de taille : Max proposera une version inédite de Sinners en Black American Sign Language (BASL). Une première dans l’histoire du streaming.
Une version BASL : plus qu’une traduction, une révolution
C’est une démarche encore trop rare pour ne pas être soulignée : le film sera interprété en direct en langue des signes afro-américaine par l’activiste et créatrice de contenu Nakia Smith, connue sous le pseudonyme Charmay. Une figure incontournable sur TikTok, où elle sensibilise à la culture sourde noire auprès de ses centaines de milliers d’abonnés. Son travail sera dirigé par Rosa Lee Timm, référence dans le domaine et déjà responsable des versions ASL (langue des signes américaine) de Beetlejuice Beetlejuice et A Minecraft Movie.
Pourquoi ce choix ? Parce que Sinners n’est pas juste un film. C’est une œuvre profondément liée à l’histoire et à la culture afro-américaine, où chaque plan, chaque note de blues et chaque silence raconte quelque chose d’universel mais aussi d’intime. Intégrer la BASL, c’est reconnaître une identité culturelle et linguistique propre à une communauté longtemps invisibilisée, même dans les milieux déjà marginalisés.
Rappel du pitch : Les ombres du passé et les crocs du présent
Mississippi, années 30. Deux frères jumeaux, brillamment incarnés par Michael B. Jordan, montent un juke joint , un de ces clubs où l’on danse, chante, résiste. Mais leur rêve se heurte rapidement à un mal ancien et insidieux : des vampires s’invitent dans la nuit du Delta. Derrière cette trame fantastique, Coogler tisse une métaphore puissante sur les ravages du racisme systémique, sur les prédateurs sociaux d’hier comme d’aujourd’hui et sur la manière dont la culture noire s’est bâtie sur les ruines d’un monde qui voulait l’effacer.
Le tout est sublimé par une bande originale signée Ludwig Göransson, le complice habituel de Coogler (Black Panther). Ce dernier a puisé dans les racines du blues des années 30, s’entourant de pointures comme Buddy Guy ou Brittany Howard et enregistrant les morceaux en live sur le tournage pour une immersion totale.
Un carton au box-office, sans suite prévue
Malgré une fin qui laisse planer un certain mystère, Ryan Coogler a été très clair : Sinners est une histoire autonome, pensée comme un tout, sans suite ni univers étendu. Une rareté à Hollywood aujourd’hui et une démarche artistique saluée par la critique. À l’heure des sagas à rallonge, l’idée de proposer un « repas complet », selon les mots du réalisateur, a largement séduit le public. Résultat : le film est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands succès originaux de la décennie, aux côtés de Get Out ou A Quiet Place.
Pourquoi la version BASL est un tournant
La Black American Sign Language (BASL), pour rappel, est un dialecte visuel né dans les écoles ségréguées américaines. Plus expressif, plus corporel, souvent influencé par le langage corporel afro-américain, le BASL est bien plus qu’une variante de l’ASL. C’est une langue à part entière, avec ses propres codes, son rythme, son histoire. En la mettant en avant dans Sinners, Max et Warner Bros. posent un acte fort de reconnaissance culturelle.
Cette version permettra aussi aux spectateurs sourds issus de la communauté noire américaine de vivre l’expérience Sinners en harmonie avec leur propre langage visuel, leurs références, leurs émotions.
Et pour les autres ? Une découverte fascinante. Car voir Nakia Smith incarner en gestes les douleurs et les espoirs des personnages, c’est une redécouverte complète du film, un autre regard, plus sensoriel, plus intime.
À ne pas manquer dès le 4 juillet
Le rendez-vous est donné : dès le 4 juillet, la fête de l’indépendance aux États-Unis d’Amérique, Sinners débarque sur Max avec ses deux versions , originale et BASL. Un lancement symbolique, puisque cette date est celle de la fête nationale américaine. Un clin d’œil à l’histoire des États-Unis et un rappel que le combat pour l’égalité et la visibilité passe aussi par les œuvres culturelles.
Petite récap :
- Sinners revient sur Max le 4 juillet. le jour de la fête de l’indépendance des États-Unis.
- Une version Black American Sign Language sera disponible, avec Nakia Smith à l’interprétation.
- BO signée Ludwig Göransson, enregistrée en live avec des légendes du blues.
- 365 millions de dollars au box-office mondial.
- Un film unique, sans suite prévue, qui continue de marquer l’année 2025.
Rarement une sortie streaming n’aura été aussi attendue et rarement un film aussi sombre aura autant illuminé l’année ciné. Avec Sinners, Ryan Coogler livre bien plus qu’un film : il trace une route, celle d’un cinéma exigeant, accessible et profondément humain. La version BASL ne fait que renforcer cette ambition.