Dans la veine des polars naturalistes où la nature est aussi hostile que les criminels qu’on y traque, « Une nature sauvage » (Untamed), fraîchement débarqué sur Netflix ce 17 juillet, mise sur le choc des contrastes : la beauté à couper le souffle de Yosemite contre les ténèbres de l’âme humaine. Si l’on a déjà vu ce genre de thriller mille fois, la série parvient tout de même à capter notre attention ; voire peut-être même à devenir un petit phénomène dans ce chaud été sur Netflix.
Yosemite, plus sauvage qu’il n’y paraît
On a tous en tête ces cartes postales californiennes : vallées verdoyantes, séquoias millénaires, cascades cristallines… Mais ici, oubliez les sentiers de randonnée en famille. Dans « Une nature sauvage« Untamed, Yosemite devient un décor terrifiant, presque surnaturel, où le danger rôde entre chaque tronc. « Tout le monde voit ce parc comme un paradis, mais on voulait montrer ce qu’il peut cacher », explique Mark L. Smith, co-créateur de la série (et coscénariste du The Revenant, qui a permis a Leonardo DiCaprio d’avoir son premier Oscar).
C’est donc au cœur de cet Eden potentiellement meurtrier qu’on suit Kyle Turner, ranger taciturne joué par Eric Bana, qui semble avoir troqué son épée de Troie contre une carabine et qui me rappelle bizarrement Rick Grimes dans the Walking Dead. Il est chargé d’enquêter sur une série de meurtres mystérieux dans une zone de 400 000 hectares où la moindre piste peut disparaître… comme un corps dans une chute d’eau.
Un duo déséquilibré mais attachant
À ses côtés, la pétillante et magnifique Naya Vasquez, jeune recrue incarnée par Lily Santiago (La Brea), joue les éclaireuses de choc, venue tout droit de Los Angeles. Un tandem assez classique : l’ancien brisé, taiseux, borderline ; la jeune idéaliste, vive, maladroite mais débrouillarde. Rien de nouveau ou révolutionnaire, mais le duo fonctionne. Leur dynamique rappelle par moments celle de True Detective, sans atteindre les mêmes sommets.
Le casting ne s’arrête pas là : on retrouve avec plaisir Sam Neill (Jurassic Park), qui campe un chef ranger un peu désabusé, sorte de patriarche montagnard fatigué des politiques, des touristes… et des cadavres. Sa seule présence apporte une touche de gravité bienvenue.
Un thriller sans surprise, mais qu’on apprécie bien
Soyons honnêtes : l’histoire ne renversera pas les codes du genre. La série coche pas mal de cases : héros traumatisé (un drame familial non résolu), méchant insaisissable, secrets enfouis, flashbacks sur un passé trouble… Mais pourtant, ça fonctionne. Pourquoi ? Grâce à une écriture efficace, des dialogues bien calibrés et surtout surtout une réalisation qui magnifie les décors.
La série a été tournée majoritairement au Canada, dans des zones rappelant fortement les forêts californiennes, mais le tour de force est réussi : on y croit. La caméra s’attarde sur les paysages, prend le temps de respirer, presque à l’image de son héros. Alors, dans un paysage télévisuel où tout va très vite, cette lenteur a quelque chose d’apaisant et relaxant.
Derrière la caméra, une équipe chevronnée
Aux manettes, on retrouve Mark L. Smith (donc) et Elle Smith (sa fille, co-créatrice, à qui l’on doit La fille du roi des marais), un duo familial qui joue la carte du classicisme maîtrisé. La réalisation est confiée à Thomas Bezucha (The Family Stone, Let Him Go), qui rajoute une vraie élégance à l’ensemble. C’est propre, parfois contemplatif, toujours soigné.
La musique, signée Jeff Russo (Fargo, The Night Of), accompagne sans alourdir, jouant sur des nappes discrètes et mélancoliques. L’immersion est totale.
Une série qui manque un peu de feu
Côté tension, Une nature sauvage fait le job… sans trop taper. On avance à pas mesurés, avec quelques rebondissements attendus. Pas de gros suspense à la fin de chaque épisode, mais une ambiance constante, presque oppressante par moments. Les amateurs de thrillers pourraient trouver le rythme trop lent, voire figé.
Certains personnages secondaires sont sous-exploités (notamment Rosemarie DeWitt ou Wilson Bethel), ce qui est dommage tant le casting est prometteur. On sent que la série aurait pu aller plus loin, fouiller davantage les relations humaines, explorer les zones grises. Mais ce n’était visiblement pas l’ambition ici.
Verdict de Geekette : efficace, sans révolution
Faut-il regarder « Une nature sauvage » ? Oui et Oui, si vous êtes friands de thrillers visuellement somptueux, de mystères en pleine nature et de personnages taiseux qui traînent leurs douleurs comme des sacs de rando. Non, si vous cherchez une histoire tortueuse ou des twists à la Gone Girl.
La série est parfaitement binge-watchable, avec ses six épisodes d’une cinquantaine de minutes. Un bon choix pour une soirée d’été au frais. Elle ne changera pas le visage des thrillers Netflix, mais elle en est un représentant solide et soigné.
Petit Récap pour les paresseux :
- Titre original : Une nature sauvage, Untamed pour la VO
- Créateurs : Mark L. Smith & Elle Smith
- Avec : Eric Bana, Lily Santiago, Sam Neill, Rosemarie DeWitt
- Genre : Thriller, Policier
- Pays : États-Unis (tourné au Canada)
- Diffusion : Netflix depuis le 17 juillet 2025
- Nombre d’épisodes : 6
- Durée : 45–51 minutes par épisode