Direction Majorque. Lilli rejoint sa sœur Valeria, fraîchement fiancée à Manu, un “bon parti” au sourire désarmant et aux projets grandioses : mariage express, rachat d’une finca, lancement d’un bed & breakfast. Tout va trop vite. Lilli flaire l’arnaque, met les pieds dans le plat et sème la pagaille. C’est alors qu’entre en scène Tom, gérant de club magnétique mais difficile à cerner. Séduction, transactions immobilières douteuses, pression psychologique : la carte postale se froisse et vire au thriller érotique. Voici donc la version Espagnol de Cinquante Nuances de Grey (Fifty Shades of Grey)
Attention ça va bien entendu Tout Spoil !!
Que raconte vraiment le film
Sherry Hormann dessine un piège sentimental où les gestes tendres masquent un vrai schéma d’escroquerie. Autour des sœurs, on découvre peu à peu un réseau : Manu le charmeur, Nick l’homme d’affaires, Girasol sa complice et Tom, électron trouble dont l’intérêt pour Lilli oscille entre stratégie et sentiments. L’île devient une scène : plages, falaises, villas… et, dans l’ombre, des contrats à signer, des comptes vidés, des vies abîmées.
De quoi parle la fin
Le dernier acte culmine au bord d’une falaise. Valeria est prise en otage moral par le duo Nick–Girasol ; on exige la vente du terrain familial. Lilli est poussée à signer. Tom s’interpose : il désarme Manu, bouscule la mise en scène criminelle et saute avec Lilli dans la mer pour la soustraire au coup de feu de Girasol. Les autorités interviennent et Tom se rend, conscient de sa part de faute. Un an plus tard, retour à Palma : les sœurs ont enfin ouvert leur B&B. Tom réapparaît, libre, attendant Lilli. Rideau sur une promesse d’amour (cette fois, sans masque).
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La question qui fâche : happy end… ou fin arrangée ?
Sur le papier, la conclusion rassure : les victimes reprennent la main, la sororité triomphe, la romance est sauvée. Mais plusieurs zones grises demeurent. D’abord la justice : entre arrestations et aveux, tout est réglé un peu vite. Ensuite la cohérence émotionnelle : comment Lilli pardonne-t-elle à Tom si aisément, alors qu’il a participé « même à contre-cœur » à sa manipulation ? Enfin, le virage “conte d’été” de l’épilogue, avec le B&B qui tourne et le couple qui se retrouve, laisse un arrière-goût de facilité. C’est efficace sur le moment, moins solide à froid.
Pourquoi cette fin tient (malgré tout)
Si l’on accepte la grammaire du thriller érotique “à l’ère Netflix”, la fin coche les cases attendues :
- Rétribution minimale : les méchants sont exposés, le réseau démantelé.
- Rédemption du bad boy : Tom franchit la ligne, puis recule au nom de l’amour.
- Réappropriation : le terrain maternel n’est pas dilapidé ; il devient un lieu choisi, pas confisqué.
Le film préfère l’apaisement au renversement moral. On est davantage dans la catharsis “série estivale” que dans le coup de massue à la Gone Girl. Et c’est là que se joue l’adhésion : si tu viens pour l’uppercut, tu sortiras frustré·e ; si tu veux un final romantique, tu seras servi·e.
Ce qui marche
- Le décor : Majorque n’est pas qu’une carte postale ; falaises et criques nourrissent la tension, jusqu’à ce saut final qui condense danger et délivrance.
- La dynamique des sœurs : Lilli/Valeria, c’est le cœur battant. Entre instinct protecteur, jalousies anciennes et loyauté, leur duo donne du relief à des scènes parfois écrites au cordeau du cliché.
- Le tempo émotionnel : la mise en scène sait électriser un baiser, étirer un doute, peser un silence. Même quand le récit patine, ces instants tiennent l’écran.
Ce qui coince
- Les archétypes : l’escroc chic, la complice glaciale, le magnat immobilier… Le film aligne des silhouettes connues, sans toujours les épaissir.
- Le réalisme judiciaire : les conséquences pénales et financières paraissent gérées en accéléré. On aurait aimé quelques scènes supplémentaires pour crédibiliser l’après-coup.
- L’ambivalence de Tom : figure charnière, il aurait gagné à être plus finement écrit. Son basculement amoureux fonctionne, mais son chemin de croix reste court.
La fin, décortiquée en trois temps
- Le chantage : Girasol met la pression, Valeria devient monnaie d’échange. Lilli accepte de “jouer” la signature pour gagner du temps.
- La rupture de script : Tom désarme Manu, bouscule la logique du réseau et provoque la chute – au sens propre comme au figuré.
- La respiration : un an passe, les sœurs œuvrent ensemble, symbole d’un lien réparé. Tom réapparaît, non plus comme tentation toxique, mais comme possibilité assumée.
Alors, Val et Lilli échappent-elles à la tromperie de Manu ?
Oui. Elles ne sont plus les pions d’un système ; elles en deviennent les contradictrices. La reconquête ne se situe pas que dans la survie ou la fuite : elle est économique (le B&B), familiale (le duo retrouvé) et intime (la capacité de Lilli à reprendre la main sur son désir). On peut discuter la vraisemblance, mais l’arc dramatique est limpide : de la dépossession à la réappropriation.
Verdict “Allociné-like”
Un thriller sensuel de fin d’été, efficace sur son décor et sa sororité, plus sage qu’attendu dans l’érotisme, plus convenu dans la morale. Divertissant, parfois creux, jamais désagréable. Pour un vendredi soir caniculaire, ça passe ; pour un débat cinéma le dimanche, on restera sur sa faim.