King of Geek » « On se demandait ce que c’était » : le mystère du trou de Virga expliqué

« On se demandait ce que c’était » : le mystère du trou de Virga expliqué

par KingofgeeK
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Trou de Virga

Ce samedi 27 septembre 2025, un peu avant la mi‑journée, des habitants de l’Ardèche, du Vaucluse, du Gard et des Bouches‑du‑Rhône ont observé dans le ciel un phénomène rare et spectaculaire : une vaste ouverture au sein d’une couche nuageuse, parfois bordée d’irisations, qui a donné l’impression d’un grand « trou » percé dans le ciel. Les photographies postées sur les réseaux sociaux ont rapidement attiré l’attention des observateurs et des médias locaux, intriguant promeneurs et automobilistes.

Le phénomène porte deux noms selon les registres. Dans le langage courant et parmi les photographes amateurs on l’appelle volontiers « trou de Virga ». Dans la classification météorologique il figure sous la dénomination cavum, parfois rapprochée de la virga, terme désignant des précipitations qui s’évaporent avant d’atteindre le sol. Les deux notions se recoupent dans l’observation : on voit une cavité nette dans la couche nuageuse et, parfois, des traînées de cristaux ou de gouttelettes qui tombent sans parvenir au sol.

Comment se forme ce type de cavité

La mécanique qui produit un cavum est un exemple de la finesse des processus microphysiques dans les nuages. La plupart des cavités apparaissent dans des couches d’altocumulus ou de cirrocumulus composées de gouttelettes d’eau en surfusion. Ces gouttelettes restent liquides à des températures inférieures à zéro tant qu’aucun élément déclencheur ne provoque leur congélation. Lorsque la couche est perturbée localement, par exemple par la turbulence laissée par le passage d’un avion, quelques gouttelettes se métamorphosent rapidement en cristaux de glace.

Une fois amorcée, la chaîne de réactions est rapide. Les cristaux attirent la vapeur d’eau ambiante, les gouttelettes liquides voisines se raréfient et la densité optique de la couche diminue au point de créer une ouverture visible depuis le sol. De fins filets de cristaux peuvent alors sembler « tomber » au centre du trou, mais l’air plus sec sous la couche provoque leur évaporation ou sublimation avant qu’ils n’atteignent la terre. C’est ce processus de chute inachevée qui explique l’appellation virga appliquée à ces traînées.

Ce que racontent les témoins

Les clichés récoltés ce matin montrent des formes variables : parfois rondes, parfois ovales, parfois très allongées. Plusieurs témoins parlent d’une ouverture d’apparence immense, certains évoquant une longueur apparente pouvant atteindre des dizaines de kilomètres selon la perspective. Les repères visuels au sol manquent pour transformer ces impressions en mesure exacte, mais le consensus photographique confirme un phénomène d’échelle inhabituelle et une luminosité particulière, renforcée par des teintes irisées autour du périmètre.

Plusieurs observateurs professionnels et passionnés ont rappelé que la probabilité d’apercevoir un cavum dépend fortement de l’angle d’observation et des conditions lumineuses. Un même nuage peut paraître tout à fait ordinaire depuis un point de vue et spectaculaire depuis un autre. De ce fait, la rareté perçue du phénomène tient autant à sa nature éphémère qu’à la géométrie depuis laquelle il est regardé

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Le rôle probable des avions

Les spécialistes interrogés ces dernières heures insistent sur le rôle frequent du passage d’un avion comme perturbation déclenchante. L’onde de turbulence et la variation de pression associées peuvent suffire à initier la congélation de gouttelettes en surfusion au sein d’une couche mince. Ce mécanisme n’est pas systématique, mais il est souvent cité dans les analyses des cavum observés à proximité de routes aériennes. Dans le cas observé ce 27 septembre, la topographie des clichés et la concordance temporelle avec des couloirs aériens locaux renforcent l’hypothèse d’une interaction avion‑nuage comme élément déclencheur.

Est‑ce dangereux ou annonciateur de météo violente ?

Non. Un cavum est un phénomène visuel. Il ne signale ni orage imminent, ni tornade. Il témoigne d’interactions fines dans la couche nuageuse à des altitudes qui ne modifient pas nécessairement les conditions météo au sol. En revanche, il renseigne sur l’hygrométrie verticale et la présence de gouttelettes en surfusion, informations qui intéressent les météorologues lorsqu’ils étudient la microphysique des nuages et la modélisation des précipitations.

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Pourquoi l’observer et que retenir

La photographie du ciel ce samedi a rappelé que l’atmosphère est un laboratoire permanent d’expériences physiques. Un cavum est une manifestation spectaculaire de phénomènes microscopiques qui, cumulés à l’échelle, offrent des images dignes d’un cabinet de curiosités. Pour les amateurs, le geste utile est simple : photographier l’événement, noter l’heure et le lieu, et partager l’observation avec les plateformes locales d’alertes météo. Ces contributions citoyennes enrichissent les banques d’images scientifiques et aident à mieux comprendre la fréquence et les circonstances d’apparition de telles cavités.

En bref

Ce que plusieurs centaines de regards ont vu dans le ciel provençal ce 27 septembre n’est pas un mystère surnaturel mais une signature de la physique nuageuse. Un cavum, ou trou de Virga, est un rappel que la beauté du ciel naît parfois des déséquilibres les plus subtils. L’épisode reste l’occasion de s’émerveiller et de rappeler que l’observation collective du ciel fournit des données utiles aux sciences atmosphériques.

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