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La femme la plus riche du monde : que vaut le film avec Isabelle Huppert et Laurent Lafitte

par Geekette
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La femme la plus riche du monde film

Thierry Klifa revient en force avec , La femme la plus riche du monde, comédie dramatique inspirée par un feuilleton médiatico-judiciaire que la France n’a jamais vraiment digéré. Isabelle Huppert mène la danse, Laurent Lafitte allume des contre-feux et l’on suit ce duo dans une mécanique de pouvoir, d’argent et de sentiments où tout le monde finit par se brûler un peu.


Alors, De quoi ça parle !!

Marianne Farrère est la patronne d’un empire des cosmétiques, une femme au contrôle absolu de son image et de sa dynastie. Sa fille, Frédérique, commande un portrait dans la presse. Mauvaise bonne idée. Le photographe choisi, Pierre-Alain Fantin, a le mélange exact de culot, de fantaisie et d’appétit qui attire Marianne autant qu’il inquiète tout son entourage. De l’amitié à la dépendance réciproque, il n’y a qu’un pas quand l’ennui et la solitude colonisent les journées en or massif. Très vite, l’argent circule, les projets d’artiste se multiplient, les regards se durcissent. Le cercle familial se crispe et l’air devient irrespirable. Le film imagine cette guerre d’influence au cœur d’une des familles les plus fortunées du pays, en écho à une affaire bien connue sans jamais se figer dans le biopic scolaire.

La femme la plus riche du monde film
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Un casting taillé pour le vernis et les griffures

Isabelle Huppert trouve une partition qui lui va comme un gant de satin. Pas de froideur gratuite ici, mais un mélange d’ironie, de lassitude et de fragilité qui fendille le masque de la grande patronne. Elle joue la distance, puis l’abandon, un sourire trop longtemps retenu qui craque au mauvais moment.
En face, Laurent Lafitte s’amuse de son image de séducteur caustique et pousse le curseur juste assez pour qu’on oscille entre séduction et méfiance. Il sait exactement quand transformer une fantaisie en lame de rasoir.
Marina Foïs, en fille qui veut être aimée et reconnue, ne joue pas la plainte mais la détermination. Raphaël Personnaz, majordome loyal à la silhouette presque spectrale, glisse d’une pièce à l’autre comme un sismographe des tensions de la maison. Le quatuor ne surjoue jamais la richesse : il joue ses conséquences.


Thierry Klifa n’empile pas les références mondaines. Il filme la solitude comme un décor. Des salons immenses où la parole tient parfois moins de place que le silence, des galeries où l’art semble servir d’alibi à des rapports de force, des repas où chaque convive calcule son angle. On sent une envie de comédie de mœurs qui flirte souvent avec la farce. Le rire n’est jamais très loin, mais il reste coincé en travers de la gorge quand l’argent devient un langage et la générosité une arme. Cette tonalité, mi-burlesque mi-cruelle, donne au film sa couleur la plus singulière. Elle permet aussi de contourner la reconstitution et d’installer une fiction autonome, même si l’ombre du réel n’est jamais loin.


Si on veut chercher les meilleurs scènes, Trois moments m’ont attrapée par le col :

  1. Une séance photo qui dérape, où le cadreur donne l’illusion du contrôle alors que c’est le modèle qui règle la température. Le film y dit tout de la dialectique pouvoir-dépendance.
  2. Un dîner familial où les mots ne sont pas des arguments mais des projectiles. Le montage respire, les regards suffisent à redessiner les alliances et les trahisons.
  3. Un face-à-face tardif entre Marianne et sa fille, sans grands éclats, presque étouffé, qui confirme que l’argent n’achète pas la paix intérieure ni l’amour filial.
La femme la plus riche du monde film
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Là où ça coince

Le film n’est pas exempt de faux plats. Le rythme tangue par endroits, avec des séquences qui prolongent une idée déjà claire. Le ton, parfois, hésite entre comédie acide et drame feutré, ce qui peut émousser l’impact de certaines révélations. On perçoit aussi une mise en scène qui préfère la surexposition élégante aux prises de risque visuelles. Ce n’est pas rédhibitoire, mais on sort avec l’impression que le matériau aurait supporté un cran de folie formelle en plus. Plusieurs critiques pointent ce flottement d’allure tout en saluant l’efficacité du duo Huppert-Lafitte.

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Parce qu’il touche à des thèmes qui résonnent fort chez nous, l’œuvre dépasse l’anecdote. L’argent comme affect, la loyauté comme monnaie d’échange, l’art comme passeport social, la famille comme labyrinthe moral. La richesse est ici un révélateur de caractère plus qu’un décor bling-bling. Le film l’explore avec une cruauté parfois drôle, parfois triste, souvent juste.


Détails pour les Geeks Cinéphiles

Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2025, La femme la plus riche du monde arrive en salles françaises le 29 octobre 2025. Distribution : Haut et Court. Durée : 2 h 03. Tourné en format Scope, mixage 5.1. Beaucoup de détails techniques qui confirment la volonté du réalisateur de se présenter dans un cinéma d’auteur élégant, accessible mais précis dans ses ambitions.

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Verdict Geekette :

La femme la plus riche du monde est un film à acteurs, assumé comme tel. Quand il se concentre sur ses visages, ses joutes verbales, ses micro-replis d’orgueil et de tendresse, il est passionnant. Quand il cherche la montée dramatique par des détours de scénario, il perd un peu de sa force.
Mais la précision d’Isabelle Huppert et l’ambiguïté savoureuse de Laurent Lafitte portent l’ensemble à bon port. Pour les mordus de comédie de mœurs, c’est un rendez-vous à ne pas manquer. Pour les amateurs de ruptures de ton et d’expérimentations formelles, l’enthousiasme sera peut-être plus mesuré.
Ma note : 3,5/5.

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