Dans un lycée, un message vidéo anonyme annonce un suicide programmé dans cinq jours. Classes en apnée, enseignants dépassés, cellule psy en renfort et quatuor d’élèves soudé mais fissuré. Le poids du silence aborde de front le mal être adolescent et la contagion de l’angoisse. Fiction, oui. Mais un miroir glaçant du réel.
Fiche Technique :
- Titre français : Le poids du silence
- Titre original : Von uns wird es keiner sein
- Pays et année : Allemagne, 2024
- Durée : environ 88 à 89 minutes
- Réalisation : Simon Ostermann
- Scénario : Lucas Flasch
- Diffusion France : vendredi 17 octobre 2025, 20h55, Arte
- Distinction : prix au Filmfest Hamburg 2024
- Casting principal : Sabin Tambrea (Ritchie Ludger), Mariele Millowitsch (Gabi Trautstein), Lukas von Horbatschewsky (Waldi), Mina Giselle Rüffer (Julia), Kosmas Schmidt (Tom), Derya Akyol (Mina), Stefanie Reinsperger (Selma Dagostino), Anna Schudt, Serkan Kaya, Tom Keune, David Vormweg, Moritz Führmann, Peter Licht

Synopsis
Un matin ordinaire, un message pirate s’affiche sur le réseau vidéo d’un lycée. Un élève sans visage annonce qu’il ne passera pas le bac car il compte mettre fin à ses jours dans cinq jours. Tout l’établissement se met en état d’alerte. Waldi, Mina, Julia et Tom, amis en terminale, jurent ne pas être concernés et pourtant chacun traîne ses fractures. La direction fait appel à Selma Dagostino, psychologue scolaire, qui retrouve Ritchie Ludger, professeur déjà fragilisé par un épisode dépressif passé. Le décompte s’enclenche, les secrets se dévoilent, l’atmosphère se tend. Le film épouse la course contre la montre et laisse planer un doute cruel sur l’identité du messager.
Est ce vraiment basé sur des faits réels
Les personnages, la situation précise et l’intrigue sont fictifs. En revanche, le film s’inspire de réalités documentées. L’anxiété, la dépression et les pensées suicidaires chez les adolescents ne sont pas des inventions de scénaristes. Le poids du silence condense des problématiques bien réelles dans un récit unique, afin d’éclairer les angles morts de la vie scolaire. La démarche n’est pas celle d’un docu mais celle d’une fiction de prévention, avec un souci de vraisemblance et des détails crédibles du quotidien lycéen.
Ce que le film réussit très bien
Le climat scolaire
La mise en scène installe d’entrée un sentiment de pression diffuse. Sonneries, couloirs, regards évités, rumeurs qui filent de salle en salle. La caméra capte l’enfermement propre aux dernières semaines avant l’examen, quand tout semble à la fois urgent et dérisoire.
Le quatuor d’élèves
Le film ne réduit pas les adolescents à un archétype. Waldi le leader fatigué, Mina la loyale, Julia la lucide, Tom le discret. Chacun porte une part de l’énigme, chacun a sa ligne de faille. Les jeunes comédiens affichent une retenue bienvenue, sans surjeu larmoyant.
Le duo adulte
Sabin Tambrea compose un prof cabossé mais digne, jamais caricatural. Face à lui, Stefanie Reinsperger dessine une psy de terrain, efficace et humaine, qui connaît les limites du protocole quand la vérité se cache derrière des silences familiaux.
Le compte à rebours
Cinq jours. Le film prend au sérieux cette mécanique. À chaque chapitre, le cadre se resserre. Les pistes s’accumulent, les certitudes se dérobent. La dramaturgie fonctionne parce qu’elle n’oublie pas le hors champ, ces conversations qu’on n’entend pas et ces secrets qu’on devine.

Là où ça peut diviser
Didactisme par instants
La volonté de faire œuvre utile affleure parfois. Quelques dialogues expliquent plus qu’ils ne suggèrent. Ce léger surlignage n’empêche pas l’émotion mais peut sortir les spectateurs les plus allergiques au message.
Multiplication des enjeux
Santé mentale, pression scolaire, image sociale, poids des parents, responsabilités de l’institution. Le film veut embrasser large. Par moments, l’équilibre tremble, surtout quand la narration juxtapose trop de fils dramatiques en même temps.
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Réalité en chiffres, émotion à l’écran
Même si l’histoire est fictionnelle, le sujet renvoie à des données préoccupantes dans la société. Les institutions de santé publique européennes rappellent régulièrement que la dépression et les idées suicidaires figurent parmi les conséquences les plus fréquentes des troubles mentaux. Le film met ces enjeux au cœur d’un lycée. Il montre des signaux faibles, la manière dont la honte camoufle la détresse et la difficulté d’oser parler à temps.
Mise en scène et photo
Simon Ostermann privilégie une image froide, parfois presque clinique et une direction d’acteurs qui bannit le sensationnalisme. Le cadre reste souvent à hauteur d’élève. La musique se fait discrète, laissant l’angoisse s’installer par l’espace, les silences, les plans qui durent une seconde de trop. C’est précisément cette économie d’effets qui donne au film sa densité.
Le regard de Geekette
Le poids du silence m’a cueillie par sa simplicité apparente. Il ressemble à ces films qui n’élèvent jamais la voix et qui, soudain, ne vous lâchent plus. On pense à quelques drames scolaires européens récents qui privilégient l’auscultation du groupe à la thèse lourde. Ici, la tension ne naît pas d’un twist choc mais du risque que personne ne voie l’évidence. C’est une œuvre utile, sensible, souvent pudique, parfois un peu appliquée, mais portée par un casting juste et un scénario qui respecte ses personnages.
À qui le conseiller
- Aux lycéens et à leurs familles qui veulent ouvrir le dialogue.
- Aux enseignants et personnels éducatifs, pour réfléchir aux protocoles et aux limites du cadre scolaire.
- Aux amateurs de drames réalistes centrés sur les personnages.
- À celles et ceux qui préfèrent l’empathie aux coups d’éclat.
Infos pratiques
- Première diffusion française : vendredi 17 octobre 2025, 20h55, Arte.
- Format : téléfilm de 88 à 89 minutes.
- Titre original : Von uns wird es keiner sein.
- Distinction : récompensé au Filmfest Hamburg.
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