Washington. En ce début octobre 2025, les États-Unis sont entrés dans une nouvelle phase de paralysie de leur administration fédérale. Faute d’un accord budgétaire entre les républicains et les démocrates au Congrès, une partie importante des services publics a cessé ses activités. Si ce blocage institutionnel, connu sous le nom de « Shutdown », n’est pas une première dans l’histoire du pays, son impact sur le secteur touristique s’annonce cette fois particulièrement brutal.
Une administration à l’arrêt partiel
Le mécanisme du « shutdown » repose sur une réalité budgétaire simple : en l’absence d’un vote du Congrès pour prolonger ou renouveler le financement de l’État fédéral, les agences administratives doivent cesser leurs missions jugées non essentielles. Résultat, des centaines de milliers de fonctionnaires sont placés en congé sans solde et les institutions publiques tournent au ralenti, parfois sans aucun personnel.
Les services dits « essentiels » restent opérationnels. Les douanes, les contrôles aux frontières, les contrôleurs aériens ou encore les agents de sécurité dans les aéroports continuent à travailler. Mais pour ces derniers, l’exercice se fait sans rémunération immédiate. Une situation déjà éprouvante en soi, qui s’accompagne d’une surcharge de travail due à l’absence de personnel de soutien.
Des retards à prévoir dans les transports aériens
Si les avions continuent de décoller, les voyageurs doivent s’attendre à des retards. La raison est simple : si les contrôleurs aériens sont mobilisés, de nombreux techniciens, agents administratifs et employés de maintenance ont été suspendus. Lors de précédents shutdowns, cela avait provoqué des perturbations en cascade, des retards dans la gestion des vols et parfois même des absences non anticipées liées au découragement ou à des difficultés financières.
La fédération professionnelle du secteur du voyage, inquiète, estime que cette paralysie pourrait coûter un milliard de dollars par semaine à l’économie touristique. Une perte sèche, liée aux annulations de vols, à la désorganisation des services et à la baisse de fréquentation des voyageurs, américains comme étrangers.
Un sondage commandé avant le début du shutdown montrait d’ailleurs que près de 60 % des Américains envisageraient de reporter ou d’annuler leurs voyages en avion en cas de paralysie prolongée. De quoi alimenter l’anxiété d’un secteur déjà fragilisé par une année 2024 marquée par des tensions géopolitiques et une inflation persistante.
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Les musées ferment leurs portes, les parcs sous tension
Outre les transports, ce sont les activités culturelles et naturelles qui sont directement touchées. Aux États-Unis, de nombreux musées et sites touristiques sont gérés par des agences fédérales. C’est le cas, par exemple, du Smithsonian Institution à Washington, du Capitole ou des sites historiques de Boston et de Philadelphie.
En période de shutdown, ces établissements sont contraints de fermer ou de réduire considérablement leurs services. Les guides touristiques sont renvoyés chez eux, les centres d’accueil du public sont inaccessibles et les visites guidées annulées. Certains musées peuvent temporairement rester ouverts grâce à des fonds d’urgence ou des financements décalés, mais la durée de cette autonomie reste incertaine.
Les parcs nationaux, eux, se trouvent dans une situation encore plus délicate. Théoriquement accessibles au public, ils ne bénéficient plus d’entretien, de surveillance ou de services de nettoyage. Sans gardes forestiers, sans personnels d’accueil ni de sécurité, ces vastes espaces naturels sont exposés à des risques accrus de dégradations, de pollution et d’accidents. Déjà lors du shutdown de 2018, plusieurs parcs avaient été fermés en urgence face à l’afflux incontrôlé de visiteurs.
Des anciens responsables du service des parcs ont appelé, dans une lettre ouverte, à fermer complètement les sites si les effectifs ne sont pas restaurés rapidement. Un appel à la prudence qui pourrait rapidement se traduire en fermeture effective si la situation budgétaire perdure.
Les touristes étrangers également affectés
Les voyageurs européens et en particulier français, ne sont pas épargnés. Si les vols vers les États-Unis ne sont pas annulés, le programme initial d’un séjour peut être fortement chamboulé. Nombre d’agences de voyages alertent leurs clients et commencent à proposer des modifications d’itinéraires ou des annulations sans frais.
Les répercussions économiques du shutdown pourraient même se faire sentir au-delà des frontières. Des économistes estiment qu’une paralysie prolongée pourrait peser sur les économies partenaires des États-Unis, notamment celles de l’Union européenne, par effet domino sur les échanges, le tourisme et la confiance des marchés.
Les touristes déjà sur place doivent redoubler de vigilance. Une visite du Grand Canyon peut se transformer en promenade improvisée sans panneaux ni informations, tandis que les abords de la Maison Blanche ou du Lincoln Memorial, habituellement animés, deviennent des zones désertées et silencieuses.
Des recommandations simples pour les voyageurs
Dans ce contexte incertain, les professionnels du voyage recommandent aux Français en partance pour les États-Unis de :
- se renseigner régulièrement sur l’évolution de la situation auprès des compagnies aériennes et des offices de tourisme locaux ;
- privilégier des hébergements et des activités avec annulation gratuite ;
- vérifier le statut des sites qu’ils comptent visiter, en consultant les réseaux sociaux des parcs et musées concernés ;
- souscrire à une assurance voyage complète, incluant les cas de perturbation administrative.
Plus que jamais, la souplesse est de mise. Mieux vaut prévoir un itinéraire adaptable qu’un programme rigide qui pourrait s’effondrer dès le passage en douane.
Une crise politique aux conséquences bien réelles
Si les États-Unis ont déjà connu de tels épisodes, la tension politique actuelle leur confère une dimension supplémentaire. Les désaccords entre la majorité républicaine à la Chambre des représentants et l’administration démocrate se durcissent, chacun accusant l’autre de faire obstacle à la bonne marche du pays.
Cette impasse se traduit désormais en impacts concrets pour des millions de citoyens et pour des milliers de touristes venus découvrir le territoire américain. Le « shutdown », phénomène typiquement américain, prend cette année une ampleur inédite, mêlant enjeux budgétaires, crispations politiques et réalités économiques.
Tant que le blocage perdure, le pays fonctionne à deux vitesses : d’un côté, des services vitaux assurés avec des moyens limités ; de l’autre, un secteur touristique sous perfusion, qui tente de s’adapter, dans un silence administratif glaçant.