Meta, le géant technologique derrière Facebook, Instagram et WhatsApp, vient de franchir un nouveau cap dans sa course à l’intelligence artificielle. Le 29 avril, l’entreprise de Mark Zuckerberg a officialisé le lancement de « Meta AI », une application mobile autonome conçue pour rivaliser directement avec ChatGPT, Gemini ou encore Claude.
Cette application gratuite, déjà disponible sur iOS et Android en France, marque un tournant stratégique pour Meta : il ne s’agit plus seulement d’intégrer un assistant IA sous forme de cercle que tout le monde déteste dans ses plateformes sociales, mais de proposer une expérience complète et indépendante, au cœur d’une interface dédiée.

Une application, une ambition : démocratiser l’IA
Jusqu’alors, Meta AI apparaissait sous forme de petites icônes dans Messenger, WhatsApp ou encore Instagram. Une présence discrète mais bien réelle, qui permettait déjà à des millions d’utilisateurs d’interagir avec l’assistant IA via des messages textuels ou vocaux.
Aujourd’hui, Meta choisit de centraliser cette expérience, de la rendre plus accessible. L’application Meta AI permet non seulement de poser des questions ou de générer du contenu, mais aussi d’accéder à un flux public baptisé « Discover ». Ce fil présente les interactions d’autres utilisateurs avec l’IA — prompts créatifs, images générées, résumés de livres, astuces de codage ou recettes de cuisine. Un peu à la manière d’un TikTok ou d’un Pinterest de l’IA.
« C’est notre vision de l’assistant personnel du futur », a déclaré Mark Zuckerberg dans une vidéo diffusée à l’occasion de la conférence LlamaCon, la toute première dédiée aux développeurs IA du groupe. « Une IA qui comprend ce que vous voulez, apprend à vous connaître et qui s’intègre à votre quotidien de manière fluide et transparente. »
Au cœur de l’expérience : Llama 4
Le cerveau derrière Meta AI, c’est Llama 4. Cette version récente du modèle d’intelligence artificielle développé en interne par Meta est capable de comprendre et de générer du texte, d’interpréter des images, de résumer des vidéos et même de répondre à la voix.
Llama 4 fait partie des grands modèles dits « multimodaux », à l’instar de GPT-4 ou Gemini 1.5. Il peut par exemple commenter une image, répondre à une question orale en temps réel, ou corriger un devoir de mathématiques à partir d’une simple photo. Selon Meta, cette version améliore aussi la « personnalisation » des réponses, adaptant le ton et le contenu à chaque utilisateur, un peu comme un assistant personnel sur mesure.
Mieux encore, Meta AI peut s’appuyer sur des moteurs de recherche tels que Google ou Bing pour compléter ses réponses avec des données à jour. Une fonctionnalité cruciale dans un contexte où la fraîcheur de l’information est un critère déterminant pour les utilisateurs.
Une touche sociale avec « Discover »
L’un des paris audacieux de Meta réside dans le fil Discover, qui transforme l’interaction avec une IA en expérience communautaire. Ici, les utilisateurs peuvent choisir de publier les requêtes qu’ils ont adressées à Meta AI, accompagnées des réponses. L’objectif ? Créer une base de connaissances vivante, où chacun peut s’inspirer des idées des autres.
Cela dit, Meta tient à rassurer : aucune interaction n’est partagée sans l’accord explicite de l’utilisateur. Une promesse qui mérite d’être surveillée, surtout à l’aune des précédents en matière de données personnelles.
D’autant que certains premiers retours d’utilisateurs américains montrent que des données sensibles ont parfois été exposées publiquement. Meta assure avoir corrigé ces erreurs et promet que la version française respectera strictement le RGPD.
Une personnalisation poussée… et controversée
Comme toujours avec Meta, l’exploitation des données personnelles suscite le débat. L’application propose à ses utilisateurs d’autoriser l’IA à consulter certaines informations de leur compte Facebook ou Instagram afin d’affiner ses réponses. Cela peut aller de vos préférences culturelles à vos derniers posts publics.
Mais cette « personnalisation intelligente » soulève des questions légitimes : qu’est-ce que l’IA sait de vous ? Que garde-t-elle en mémoire ? Peut-elle recouper vos recherches passées pour mieux vous cibler demain ? Meta affirme que l’utilisateur garde le contrôle sur ses paramètres de confidentialité et que l’historique des demandes peut être effacé à tout moment.
Meta AI, un ChatGPT killer ?
Difficile de ne pas voir dans ce lancement une tentative directe de Meta pour contrecarrer la domination de ChatGPT. Depuis fin 2022, OpenAI a pris une longueur d’avance dans l’imaginaire collectif, avec des centaines de millions d’utilisateurs actifs chaque mois.
Mais Meta a un atout majeur : l’intégration native à ses applications phares. WhatsApp, Facebook, Instagram… En quelques clics, près de 4 milliards de personnes pourraient avoir accès à Meta AI, sans installer un seul logiciel supplémentaire.
Et Meta ne s’arrête pas là. Des lunettes Ray-Ban équipées d’un assistant vocal IA sont déjà en vente et pourraient rapidement devenir le chaînon manquant entre l’IA mobile et la réalité augmentée. En parallèle, la société teste un abonnement premium qui offrirait des fonctionnalités avancées, comme des réponses plus longues ou l’accès à des modèles spécialisés.

Des polémiques qui ternissent le lancement
Malgré un démarrage ambitieux, Meta AI n’échappe pas aux controverses. Une enquête du Wall Street Journal, publiée le 27 avril, révèle qu’il est possible, aux États-Unis, d’avoir des conversations à caractère sexuel avec des avatars dotés de voix de célébrités, même lorsque l’utilisateur s’identifie comme mineur.
Meta a réagi en dénonçant des « scénarios artificiels » destinés à piéger l’IA. Mais cette polémique relance le débat sur les garde-fous à mettre en place lorsqu’on confie une interface conversationnelle à des centaines de millions d’utilisateurs.
Pour l’heure, les fonctionnalités les plus sensibles ne sont pas encore disponibles en France. Mais l’enjeu reste d’actualité : comment offrir une IA puissante, naturelle et engageante, sans tomber dans les travers d’une liberté algorithmique incontrôlée ?
Une offensive globale sur fond de course à l’IA
Avec Meta AI, le groupe de Menlo Park montre qu’il ne veut pas rester spectateur de la révolution de l’IA générative. Mieux : il entend en être l’un des moteurs, quitte à prendre des risques et à affronter ses concurrents de front.
OpenAI, Google, Anthropic, xAI (l’entreprise d’Elon Musk)… Tous les géants de la tech affûtent leurs modèles, créent des interfaces, imaginent des usages inédits. La prochaine bataille ne se jouera pas seulement sur la puissance des algorithmes, mais aussi sur leur intégration dans nos vies quotidiennes.
Et sur ce point, Meta a une carte à jouer. Grâce à son écosystème tentaculaire, son savoir-faire en matière de design d’interfaces et son appétit pour l’innovation, l’entreprise peut rapidement imposer Meta AI comme une référence, à condition de soigner son image… et sa gestion des données.

Verdict du Geek
Le lancement de Meta AI s’inscrit dans une dynamique globale de démocratisation de l’intelligence artificielle. Accessible, polyvalente, connectée, l’application de Meta a tout pour séduire un large public.
Mais le chemin vers une adoption massive reste semé d’embûches : acceptation des utilisateurs, gestion de la vie privée, encadrement éthique… En résumé, Meta a mis sur orbite un produit prometteur, mais sa trajectoire dépendra autant de la technologie que de la confiance que les utilisateurs lui accorderont.
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