Un chef-d’œuvre français au sommet du monde RPG narratif
On savait que les jeux vidéo étaient capables d’émouvoir. On savait aussi que les studios indépendants pouvaient parfois faire trembler l’industrie. Mais avec Clair Obscur: Expedition 33, le studio montpelliérain Sandfall Interactive nous sort une œuvre d’une rare intensité, aussi belle que cruelle, aussi poétique que brutale. Une fresque qui emprunte autant à Renoir qu’à Final Fantasy X et qui explore sans détour la perte, le souvenir, le deuil… et les dangers de ne pas vouloir tourner la page.
À travers cet article modeste, je vous propose le résumé complet de l’histoire du jeu, sans fioriture, sans retenue. Nous allons survoler tout le récit sur le dos de notre cher Esquie.
Attention : cet article contient des révélations majeures sur l’histoire de Clair Obscur: Expedition 33. Si vous n’avez pas terminé le jeu, lisez à vos risques et périls.
Le Monde Réel, les Dessandre et la naissance d’une fracture
L’univers de Clair Obscur se divise en deux réalités : le Monde Réel, où vit la famille Dessandre et les Mondes Peints, des créations magiques qui prennent vie grâce à une essence appelée la Chroma. Cette Chroma est extraite de l’âme de celui ou celle qui peint. Pour simplifier : chaque toile est un fragment vivant de son auteur.
Au départ, c’est presque poétique. Mais très vite, on comprend que peindre, dans ce monde, équivaut à se sacrifier. Car plus on reste dans un monde peint, plus notre corps se vide de son énergie. La magie devient un piège, la peinture commence à dégouliner des yeux !!
Et au cœur de ce piège se trouve Aline Dessandre, surnommée « la Peintresse », mère endeuillée, artiste géniale et tragique à la fois.
Un monde peint pour revivre les morts
Tout bascule quand Verso, le fils d’Aline, meurt en sauvant sa sœur Alicia d’un incendie provoqué par les écrivains ( on a peu d’informations sur qui sont ces écrivains, on sait juste qu’ils sont en guerre avec les peintres ). Effondrée, Aline n’accepte pas le deuil et choisit de fuir. Mais pas n’importe comment : elle entre dans une toile que Verso avait peinte quand il était enfant. Une sorte d’utopie, peuplée de souvenirs, de faux sosies de sa famille et d’une version idyllique de Lumière, l’île sur laquelle ils vivaient.
Mais il y’a un gros Problème : cette toile est vivante et elle retient Aline. Elle se met à consommer sa Chroma, lentement, mais sûrement. Et avec le temps, ce paradis devient un piège mortel. Pourtant, Aline ne veut pas en sortir. Elle préfère mourir dans ce monde faux, plutôt que vivre dans le vrai monde sans ses enfants.
La guerre familiale : Renoir, Cléa, Maëlle, et les Nevrons
Son mari, Renoir, refuse ce choix. Il veut la faire sortir de force, pour la sauver. Il entre dans la toile, la confronte. Le combat est terrible : leur affrontement provoque la Fracture, un événement magique qui divise la toile et la déforme, créant le Monolithe. Aline est coincée au sommet, Renoir au bas de ce monolithe. Personne ne peut sortir sans en briser l’équilibre.
Leurs enfants, ou ce qu’il en reste, vont tous s’y engouffrer :
- Alicia, encore jeune, tente de comprendre.
- Maëlle, une version d’Alicia privée de sa mémoire, croit que la Peintresse est une menace.
- Cléa, une fanatique de la guerre contre les écrivains, crée une armée magique : les Nevrons.
Ces créatures ne relâchent pas la Chroma quand elles meurent. Au lieu de ça, elles se solidifient, comme des statues. Résultat : elles empêchent la Chroma d’Aline de revenir vers elle. Chaque bataille qu’elle mène l’épuise alors davantage.
Le Gommage : une mort lente, une toile qui se fissure
C’est là qu’intervient le Gommage : un phénomène régulier où les habitants les plus âgés du monde peint disparaissent soudainement à la manière d’un claquement de doigt de Thanos. Contrairement à l’idée selon laquelle Aline choisirait consciemment de faire disparaître les « plus vieux », le Gommage apparaît comme l’effet secondaire d’un duel sombre et impitoyable entre Aline et Renoir.
Le chiffre inscrit chaque année sur le monolithe! Ce n’est pas un « âge fatidique » imposé par la « Peintresse », mais un compte à rebours, une forme d’avertissement illustrant que Renoir gagne du terrain, tandis qu’Aline peaufine désespérément son œuvre.
Renoir, animé par le besoin de détruire la toile pour sauver sa famille, utilise ses pouvoirs de peintre pour progressivement effacer la toile. Chaque année, il « gomme » un peu de son œuvre, ciblant notamment les habitants les plus anciens, car Aline ne parvient pas à contrer entièrement ses assauts.
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Alicia devient Maëlle. Puis elle se souvient.
Dans l’une des séquences les plus marquantes du jeu, Alicia, trop faible et inexpérimentée, n’arrive pas à se contrôler en entrant dans la toile et renaît alors sous le nom de Maëlle, sans mémoire. Dans cet état, elle combat la Peintresse. Elle pense faire le bien. Mais après le Gommage, elle absorbe accidentellement des fragments de Chroma : Scielle et Lune, deux figures peintes, reviennent à la vie grâce à elle.
Et avec elles, ses souvenirs.
Maëlle réalise alors toute la vérité : elle est Alicia. Et elle veut maintenant sauver tout le monde, y compris Gustave. Mais celui-ci est déjà mort, sa Chroma capturée par Renoir. Elle doit désormais se battre non pas contre la Peintresse, mais contre le mensonge qu’elle se raconte à elle-même : qu’elle ne finira pas comme sa mère.
Verso, le dernier espoir
C’est finalement Verso, le fils sacrifié, devenu une projection créé par Aline dans la toile, qui offre la plus grande clarté. Lui aussi a voulu sauver sa mère. Lui aussi a cru que Maëlle pouvait tout réparer. Mais après avoir vu les douleurs que ce monde peint inflige à chacun, y compris aux faux habitants, il comprend que le seul acte d’amour véritable, c’est de tout arrêter.
Verso prend la décision ultime : il détruit la toile.
Une fin douce-amère, mais humaine
Quand le monde s’écroule, les habitants de la toile le sentent. Certains paniquent. D’autres s’agenouillent. C’est la fin d’une illusion. Mais c’est aussi la libération d’Aline. De Maëlle. De Verso. Et de toutes ces âmes prisonnières d’un rêve figé.
Le jeu ne s’achève pas sur une victoire, mais sur un renoncement courageux.
Le jeu nous propose deux fins et c’est à nous de choisir laquelle nous convient. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise fin. Clair Obscur nous tend un miroir et nous demande : quel monde préfères-tu vraiment ? Celui de la vérité brute ou celui de la beauté choisie ? Et surtout, avons-nous le droit de décider pour quelqu’un d’autre ?
Ce que Clair Obscur raconte vraiment
Au-delà de sa direction artistique incroyable, de ses combats brillants, et de sa narration sinueuse, Clair Obscur: Expedition 33 parle d’un sujet rare dans le jeu vidéo : le deuil. Le vrai. Pas celui des explosions hollywoodiennes ou des morts temporaires, mais celui qui ronge, celui qui pousse à vivre dans le passé, à construire des mondes pour revivre ce qu’on a perdu.
Aline n’est pas un monstre. C’est une mère. Maëlle n’est pas une héroïne. C’est une fille perdue. Et Verso, finalement, est celui qui comprend que vivre, c’est aussi accepter de perdre.
Quelques liens bien pratiques
Pour aller plus loin :
- Clair Obscur: Expedition 33 — Explication des Fins
- Vos choix influencent-ils l’histoire ?
- Guide des Boss Secrets
- Le Build de Maelle
- Le Build de Lune
- Le Build de Verso
- Gustave est-il vraiment mort?