Qui est la Peintresse dans Clair Obscur: Expedition 33 ?

Clair Obscur: Expedition 33. UN Véritable OVNI artistique sorti tout droit des studios montpelliérains de Sandfall Interactive. Ce jeu s’impose comme l’un des titres les plus fascinants de l’année et surement le GOTY de l’année 2025. Un RPG poétique, sombre et profondément humain qui ne laisse personne indifférent. Et au cœur de ce monde en ruine, une figure aussi magnifique qu’effrayante domine l’horizon : la Peintresse. Rien que prononcer son nom te met la chair de poule.

Mais qui est-elle réellement ? D’où vient-elle ? Et pourquoi condamne-t-elle chaque année les habitants de Lumière à disparaître ? Nous allons découvrir ensemble l’un des récits les plus complexes et émouvants qu’ait connu le jeu vidéo français.

Lumière, une ville sous le joug du Gommage

Le monde de Clair Obscur prend place dans une cité nommée Lumière, une version apocalyptique de Paris, vestige d’un âge révolu coincé dans une Toile – un monde peint par des artistes aux pouvoirs surnaturels. Chaque année, lorsque le soleil se couche à une heure précise, la Peintresse s’éveille. Silencieuse et titanesque, elle se redresse lentement depuis la base du Monolithe, un édifice noir dont la hauteur défie l’imagination.

Elle y efface un chiffre – le nombre de l’année – et en peint un nouveau, réduit d’une unité. Toute personne dont l’âge correspond au chiffre inscrit est alors frappée par le Gommage : une disparition pure et simple, sans trace, sans douleur, mais absolue, à la manière de Thanos dans les Avengers.

Lorsque le jeu commence, l’année passe de 34 à 33. La population de Lumière, autrefois prospère, s’éteint lentement, chaque génération condamnée à une vie plus courte que la précédente. Les enfants naissent déjà voués à mourir avant d’avoir atteint l’âge adulte.

Une menace venue d’ailleurs ?

L’énigme de la Peintresse dépasse sa simple présence physique. Visible depuis n’importe quel point de la ville, cette créature à l’apparence d’un mannequin de bois géant, au regard vide et aux longs cheveux blancs, n’a pourtant jamais bougé autrement qu’au moment du Gommage. Le reste du temps, elle reste assise à la base du Monolithe , la tête entre les genoux.

Plusieurs Expéditions ont tenté de s’approcher d’elle. Aucune n’est jamais revenue.

Depuis 67 ans, les autorités de Lumière envoient chaque année une équipe composée des meilleurs éléments – scientifiques, combattants, rêveurs – dans l’espoir d’en finir avec ce cycle morbide. L’Expédition 33, que nous suivons dans le jeu, est la dernière tentative connue.

Avertissement: Ce qui suit va tout Spoiler, alors si vous n’avez pas encore fini le jeu, revenez plus tard.

Une famille, une tragédie : les Dessendre

Pour comprendre la Peintresse, il faut remonter loin, bien avant la Fracture qui a séparé Lumière du reste du monde. Car le jeu dévoile que ce monde n’est pas réel au sens strict du terme, mais le fruit de l’imagination – ou plutôt de la peinture – d’un certain Verso Dessendre.

Verso appartenait à une famille d’élite parisienne, les Dessendre, membres influents de la Guilde des Peintres, un ordre mystérieux capable de créer des univers à partir de pigments et d’inspiration. Dans cet univers alternatif de Belle Époque, les artistes sont plus que des créateurs : ce sont des dieux.

Mais Verso, bien qu’excellent peintre, préférait la musique. Il ne créa qu’un seul monde : le Canvas. Une toile d’existence où lui et sa sœur Alicia vivaient des aventures enfantines aux côtés de créatures peintes et d’avatars imaginés. Coucou Esquie, tu me manques 😢.

Clair Obscur Expedition 33 - La peintresse — Clair Obscur Expedition 33 – La peintresse

Le feu, la perte, la transformation

La tragédie survient lorsque la rivalité avec les Écrivains, un autre ordre artistique, atteint son paroxysme. Leur maison est incendiée, Verso se sacrifie pour sauver sa sœur. Elle survit, mutilée, brûlée, muette.

La date de sa mort ? 33 décembre 1905. Une date étrange, au-delà du temps connu. Verso meurt à 26 ans. Sa mère, Aline, effondrée, s’enferme dans le monde qu’il a créé ou il reste un petit fragment de son âme. Elle s’y attache au point d’y peindre des versions immortelles de ses proches, refusant de faire son deuil. Renoir, son mari, part alors à sa rescousse pour la sauver et la ramener à la réalité.

C’est Aline Dessendre qui devient, par obsession, la Peintresse. Pour éviter que son mari, Renoir, ne détruise le monde de leur fils, elle le neutralise, le scelle sous le Monolithe, et veille chaque année à ralentir sa progression en effaçant une partie de ses créations. Le Gommage n’est pas sa volonté, mais la conséquence des attaques de Renoir, qui tente d’effacer la Toile pour « sauver » sa femme. Aline au Contraire, tente de sauver son monde en avertissant les habitants de lumière du nombre d’années qui leur restent.

Une guerre éternelle figée dans le temps

Le plus fascinant reste cette idée que le temps passe plus vite dans la Toile que dans le monde réel. Si 67 années se sont écoulées pour Aline et Renoir à Lumière, seulement quelques jours ont passé à Paris. Ce monde est donc suspendu, distordu, figé dans une boucle temporelle. (On dirait Interstellar ou Inception là).

Et les protagonistes que nous croisons – Gustave, Sciel, Lune – sont les enfants d’un monde inventé, perdus dans une guerre qui les dépasse. L’Expédition 33 est le dernier espoir de briser ce cercle infernal.

Le double jeu des doppelgängers

Aline, dans sa folie douce, a aussi peint des doubles de ses proches, des « copies » qui incarnent sa vision biaisée d’eux. Le Renoir que l’on affronte dans la plus grande partie du jeu n’est pas le vrai, mais une version déformée, plus sombre, peinte pour être à la fois gardien et geôlier.

Même Verso revient, en spectre bienveillant, pour guider les membres de l’Expédition. Il sait que le monde est faux. Il sait que leur seul salut passe par une décision terrible : tuer la Peintresse, libérer Renoir, et accepter la destruction du monde peint.

Clair Obscur Expedition 33 - Aline est la peintresse — Clair Obscur Expedition 33 – Aline est la peintresse

Un chef-d’œuvre salué par tous

Depuis sa sortie le 24 avril 2025, Clair Obscur: Expedition 33 fait l’unanimité. En un Weekend, le jeu a dépassé les 3 millions de ventes, notamment grâce à une campagne d’édition puissante de Kepler Interactive.

La presse spécialisée, qu’elle soit française (JV, Gamekult…) ou internationale (IGN, Kotaku), encense sa direction artistique inspirée de Klimt et Mucha, ses mécaniques de RPG au tour par tour avec esquives et parades en temps réel et surtout son scénario magnifique ( à part Numerama bien sur, mais ça c’est un autre sujet ).

Fait rare : même le président Emmanuel Macron a salué le jeu : « Vous faites rayonner l’audace et la créativité à la française. » dans un commentaire sur Instagram.

Pourquoi la Peintresse nous fascine?

Parce qu’elle incarne bien plus qu’un antagoniste. Elle est l’amour maternel poussé à l’extrême, la négation du deuil, le refus d’accepter la réalité. Aline ne cherche pas à détruire : elle veut préserver. Préserver la mémoire, l’amour, l’illusion d’une famille unie.

Mais cette protection devient une prison et la beauté de Clair Obscur est de nous pousser à remettre en question ce que nous croyons être le bien. En tuant la Peintresse, on condamne une mère à perdre son fils une seconde fois. En la laissant en vie, on condamne des générations entières à mourir jeunes.

C’est un dilemme profondément humain, et c’est ce qui rend Clair Obscur: Expedition 33 si unique.

Et vous, vous avez choisi Verso ou Maelle à la fin?

Verdict du Geek :

Ce n’est pas tous les jours qu’un jeu français bouleverse autant les codes. Clair Obscur est une réussite aussi artistique que narrative, et la Peintresse en est l’âme. Une figure tragique, splendide, effrayante… et inoubliable.

Si vous aimez les récits puissants, les univers profonds et les personnages complexes, ne passez pas à côté de cette perle rare. Le jeu-vidéo vient, une fois de plus, de prouver qu’il peut être une forme d’art à part entière.