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CapCut, l’appli de montage prisée des créateurs, s’arroge des droits permanents sur vos contenus

par KingofgeeK
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CapCut conditions 2025

Les nouvelles conditions d’utilisation de CapCut autorisent désormais l’exploitation à vie des vidéos, voix et visages des utilisateurs. Un virage contesté, entre enjeux juridiques et question de confiance.


Un outil populaire, mais à quel prix ?

CapCut, application de montage vidéo gratuite développée par le groupe chinois ByteDance (également propriétaire de TikTok), est devenue en quelques années l’une des plateformes les plus utilisées par les créateurs de contenus. Accessible, puissante, intuitive : elle s’est imposée comme un outil central, aussi bien pour les amateurs que les professionnels.

Mais depuis une mise à jour de ses conditions générales d’utilisation (CGU) entrée en vigueur le 12 juin 2025, une polémique enfle. Et pour cause : en utilisant CapCut, les utilisateurs concèdent désormais à l’éditeur une licence mondiale, gratuite, transférable et perpétuelle sur l’ensemble des contenus générés, y compris ceux non publiés.

Une cession des droits sur l’ensemble de vos productions

Plus concrètement, en téléversant une vidéo, même à l’état de brouillon, l’utilisateur donne à CapCut le droit de l’utiliser, la modifier, la distribuer, l’adapter et en créer des œuvres dérivées, sans limite de durée, et sans possibilité de révocation.

La clause s’étend également aux éléments de personnalité intégrés au contenu : visage, voix, nom, posture, intonation. CapCut est ainsi en droit d’exploiter l’image d’un utilisateur dans un spot publicitaire ou une publication sponsorisée, sans devoir l’en informer ni lui verser une quelconque rémunération.

Une mesure sans précédent dans le secteur

Ce type de clauses n’est pas tout à fait inédit. De nombreuses plateformes imposent des conditions similaires pour des contenus publiés de manière publique, dans le but de faciliter leur hébergement ou leur partage. Mais ce qui frappe ici, c’est l’ampleur du champ couvert par ces nouvelles CGU : les fichiers non publiés, les ébauches, les voix off ou les simples tests sont aussi concernés.

« CapCut revendique un droit total, permanent et gratuit sur ce que vous créez, même si vous ne le partagez jamais. C’est une clause très large, peu fréquente pour un simple logiciel de montage », estime Claudia Sandino, directrice chez Omnivore, une société spécialisée dans les droits numériques.

Un usage professionnel compromis

Pour les vidéastes indépendants, les agences de communication ou les journalistes, la situation est d’autant plus problématique qu’il n’existe aucun mécanisme de refus ou d’opt-out. L’utilisation de CapCut, même ponctuelle, signifie acceptation automatique de ces conditions.

« En tant qu’agence, nous avons dû interdire l’usage de CapCut sur les projets clients. Il n’est pas envisageable que des contenus sous NDA (accord de confidentialité) soient potentiellement exploitables par un tiers », témoigne une responsable de production basée à Paris.

Quid du droit français ?

En France, le droit à l’image et le droit de la personnalité sont protégés par la jurisprudence. Théoriquement, toute utilisation commerciale d’un visage ou d’une voix doit faire l’objet d’un consentement spécifique et écrit.

Mais l’adhésion volontaire à des conditions générales pourrait, selon certains juristes, affaiblir cette protection dans les faits. « Une clause abusive peut être retoquée par un juge, mais encore faut-il aller en justice. Et face à un groupe international comme ByteDance, le rapport de force est déséquilibré », observe Me Claire Leparoux, avocate spécialisée en droit du numérique.

Une réaction partagée des utilisateurs

Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas fait attendre. Tandis que certains appellent au boycott de l’application, d’autres relativisent, invoquant une clause « standard » dans l’univers des plateformes numériques.

« J’utilise CapCut pour des montages TikTok. Je n’ai rien à cacher ni à vendre. Qu’ils s’en servent, peu m’importe », commente un utilisateur sur Reddit. D’autres rappellent toutefois qu’un outil d’édition n’est pas censé revendiquer des droits sur les créations elles-mêmes. « Imaginez Photoshop ou Final Cut Pro s’appropriant vos projets ? Ce serait impensable », lit-on dans un fil Twitter.

Quelles alternatives ?

Face à cette situation, de nombreux créateurs cherchent des solutions de repli. Plusieurs logiciels concurrents respectent mieux la propriété intellectuelle de leurs utilisateurs :

  • DaVinci Resolve (Blackmagic Design) : logiciel gratuit pour la plupart des fonctionnalités, sans réclamation de droits.
  • Adobe Premiere Pro : payant, mais les conditions sont claires et limitées aux usages techniques.
  • Final Cut Pro (Apple) : une licence d’achat unique, sans cession de droits.
  • VN Video Editor : une application mobile dont les CGU sont plus limitées et transparentes.

Une affaire révélatrice

Cette évolution de CapCut illustre une tendance plus large : la transformation des outils créatifs en réseaux de collecte de données et en moteurs de monétisation algorithmique. Ce glissement interroge sur la place du créateur dans l’économie numérique, et sur sa capacité à conserver la propriété de ce qu’il produit.


Récapitulons :

  • Depuis le 12 juin 2025, CapCut peut utiliser à vie vos contenus, votre voix, votre image, sans compensation.
  • Les fichiers non publiés sont aussi concernés.
  • Il n’existe aucun moyen de refuser ces conditions.
  • La mesure soulève de sérieuses questions juridiques en France.
  • Plusieurs alternatives plus respectueuses existent pour les créateurs.

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