Il y a des jeux qui déçoivent. D’autres qui frustrent. Et puis il y a ceux qui vous surprennent par leur chute vertigineuse, ceux qu’on attendait comme un évènement, mais qui atterrissent en catastrophe sur nos disques durs. MindsEye, c’est un peu tout ça à la fois.
Pensé tout d’abord comme la revanche de Leslie Benzies sur Rockstar à travers son studio Build A Rocket Boy, le jeu ambitionnait ni plus ni moins que de redéfinir le jeu en monde ouvert futuriste. Sur le papier, difficile de ne pas être intrigué. Manette en main, c’est une tout autre histoire.
Redrock, ville fantôme à ciel ouvert
Dès les premières minutes, MindsEye impressionne, c’est pas mal en vrai. Le moteur Unreal Engine 5 donne vie à Redrock, une métropole fictive calquée sur Las Vegas, baignée dans une ambiance rétro-futuriste réussie. Drones dans le ciel, néons criards, véhicules électriques au design soigné… le décor est là, prêt à nous embarquer.
Mais très vite, l’illusion s’effondre.
Car derrière cette jolie façade, Redrock sonne creux. Les interactions sont quasi inexistantes. Impossibilité de sortir du véhicule assigné en mission, piétons et trafic figés, réactions absentes… On est dans un open world en trompe-l’œil. Le monde semble vivant, mais il n’est qu’une carte postale. Une carte postale qui ne répond pas quand on la touche. Même cette carte postale qui apparaît jolie au premier abord, dès qu’on s’approche un peu de l’écran ou qu’on s’attarde sur les détails et les mouvements, on commence à apercevoir des glitchs, de l’aliasing partout, des textures baclées…

Un gameplay venu d’un autre temps
Le jeu vous place dans la peau de Jacob Diaz, ancien opérateur de drones militaires, victime d’un incident qui lui a coûté la mémoire. Recyclé chez Silva Corp, il est équipé d’un implant baptisé “MindsEye” , censé offrir des possibilités inédites. Sur le papier, encore une fois, ça intrigue. En jeu ? Le potentiel est sous-exploité.
La structure des missions suit un schéma bien trop rigide. On conduit d’un point A à un point B, on déclenche une cinématique, puis on enchaîne une fusillade fade. Le tout se répète sans réelle montée en tension, sans variété notable.
La mécanique de tir est datée, imprécise et surtout, terriblement molle. L’IA ennemie alterne entre l’incompétence totale (ennemis qui courent dans le mur, qui vous ignorent complètement) et des comportements incohérents (téléportations, actions scriptées). Pas de système de mêlée, pas de tir à l’aveugle, des grenades accessibles tardivement… On peine à comprendre comment un shooter AAA en 2025 peut proposer une base aussi pauvre.
Même les gadgets censés pimenter l’action , comme le drone de combat ou les capacités de piratage , ne suffisent pas à relever la sauce. Ils apportent un peu de diversité… mais au prix d’une facilité accrue. Résultat : le peu de challenge qui subsistait s’évapore.
Un récit au point mort
MindsEye aborde des thématiques intéressantes : surveillance de masse, transhumanisme, dérive des intelligences artificielles, corporatisme tout-puissant… Sauf que ces idées restent des décors de fond. Aucun développement sérieux, aucun propos soutenu.
Jacob Diaz est un protagoniste sans aspérités. Muet, passif, réactif plutôt qu’actif. Son amnésie ne sert que de prétexte pour faire avancer un scénario plat. Les antagonistes ? Présentés dans des cutscenes et évacués sans confrontation. Aucun arc narratif notable, aucun rebondissement mémorable.
Pire : le jeu se termine de manière abrupte, sans climax, sans conclusion digne de ce nom. Et ce qui suit , un post-game déroutant, avec un nouveau personnage vêtu façon influenceuse de festival , laisse un goût d’inachevé, voire d’expérimental ou de version bêta… mais pas dans le bon sens.
Techniquement catastrophique
Même sur une configuration musclée (RTX 4080, Intel Core Ultra 9), le jeu souffre de ralentissements, de flou de mouvement excessif et de chutes de framerate fréquentes. Les cutscenes rament, certains modèles 3D apparaissent sans visage et les plantages ne sont pas rares.
Un patch correctif a bien été déployé, mais les problèmes majeurs persistent. Sur console (notamment PS5), la situation est encore plus préoccupante : chutes à 15 fps, bugs de script bloquants, et textures qui tardent à charger.
La critique bombarde le jeu
Difficile de parler d’accident. Le titre cumule actuellement :
- 38/100 sur Metacritic (et même 28 sur sa version PS5)
- 2.5/10 en note utilisateur
- 38 % d’évaluations positives sur Steam
Le public ne s’y trompe pas. Dans les forums, le mot qui revient le plus est “incomplet”, suivi de près par “vide” et “frustrant”. Même les joueurs indulgents ont du mal à lui trouver des qualités durables.

Un studio en crise
Conséquence directe : Build A Rocket Boy a entamé une vague de licenciements. Selon plusieurs sources, plus de 100 employés auraient été remerciés dans la foulée du lancement catastrophique. Le studio, autrefois considéré comme une étoile montante, traverse une tempête.
Le PDG lui-même a exprimé son “chagrin” face à l’accueil du jeu, tout en assurant que des correctifs sont en route. Mais les dégâts, eux, sont bien réels. La réputation du studio est entachée, et le projet “Everywhere”, censé accompagner MindsEye avec un éditeur de contenus communautaires, semble lui aussi compromis.
Depuis son lancement, on est déjà au 3ème patch en 3 semaines et toujours aucune vraie amélioration. Donc il ne faut pas espérer une renaissance à la Cyberpunk 2077. Le jeu est damné
Verdict du Geek : une ambition broyée par l’exécution
Les +
✅ Un univers visuellement convaincant
✅ La conduite agréable, en particulier les véhicules futuristes
✅ Quelques idées de gameplay intéressantes sur le papier
✅ Le jeu n’est pas disponible sur le Game Pass, ça vous évitera une déception gratuite 😉
Les –
❌ IA et combats au rabais
❌ Scénario creux, personnages plats
❌ Monde ouvert vide de contenu
❌ Performances instables, bugs fréquents
❌ Structure de mission rigide et dépassée
Note finale : 4/10 en étant indulgent
MindsEye voulait être un jeu d’avant-garde. Il n’est, hélas, que l’ombre de ses promesses. Une technique chancelante, un gameplay daté et un monde ouvert qui ne l’est que de nom, le titre de Build A Rocket Boy est donc une énorme déception. Peut-être parviendra-t-il, à force de patchs et de révisions, à redresser la barre. Mais pour l’instant, il incarne le naufrage vidéoludique de 2025.
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