Dans le paysage foisonnant des polars britanniques, Code of Silence tranche net. Pas d’enquête traditionnelle racontée depuis le commissariat : la série colle au regard d’Alison, une jeune femme sourde dont le talent exceptionnel en lecture labiale la propulse au cœur d’une affaire de braquage. Et, dans un final brûlant, l’héroïne se retrouve face à une décision qui a fendu le cœur d’une partie du public : suivre l’homme dont elle est tombée amoureuse « Liam, un suspect charismatique » ou choisir la voie, plus terre-à-terre, d’un avenir stable et enfin à sa mesure.
Au lendemain de la diffusion intégrale (été 2025 au Royaume-Uni, puis sortie internationale), Rose Ayling-Ellis est revenue sur ce dilemme qui anime la dernière ligne droite. Sa lecture, sans détour ni grandiloquence, éclaire parfaitement le geste d’Alison : parfois être adulte, c’est refuser la cavale romantique pour embrasser une liberté durable et non un feu de paille.
Un “oui” à soi-même : pourquoi Alison ne part pas
Le final met Alison face à Liam, qui lui propose de tout quitter. Dans une autre série, on aurait peut-être succombé au fantasme : s’évaporer au bout du monde avec un “bad boy” au cœur plus nuancé qu’il n’y paraît. Code of Silence choisit au contraire la cohérence intime : Alison reste. Non pas par frilosité, mais par lucidité.
Le personnage a été constamment sous-estimé , par la police, par les criminels, parfois par ses proches. Accepter la fuite, ce serait se nier et recommencer une vie à l’ombre de quelqu’un d’autre. Rester, c’est affirmer : “Je mérite mieux qu’une passion en cavale. Je mérite un métier, une place, une voix.” Sur le plan dramaturgique, ce refus redonne à Alison la maîtrise de son récit : elle n’est pas l’appendice d’un héros tragique, c’est l’héroïne.

La mécanique du final : l’amour, la loi et la zone grise
Code of Silence cultive une fascinante moralité en demi-teintes. Oui, Liam agit souvent pour de “bonnes” raisons ; non, cela ne l’absout pas. La série lui offre une forme de rachat intime, mais sans gommer les conséquences : l’ultime chapitre passe par le tribunal, où la trajectoire de Liam bascule vers la peine de prison. Le détail touchant « et lourd de sens » , c’est que son langage des signes s’est nettement amélioré. Un signe (au propre comme au figuré) qu’il veut rester relié à Alison, même si la porte s’est refermée… pour l’instant.
Quant à Alison, sa décision produit un effet domino : ses compétences , longtemps vues comme “accessoires” , sont enfin reconnues. Elle se voit proposer de franchir un cap professionnel et d’endosser le rôle de lip-reader judiciaire à part entière. Le message est limpide : son handicap n’est pas un frein, c’est un langage qui, correctement considéré, devient une force.
Représentation : la série qui “écoute” autrement
La grande réussite de Code of Silence, c’est son dispositif de mise en scène. Le son se fait parfois lointain, parfois absent ; le montage épouse les efforts d’Alison pour recomposer une phrase à partir de visemes et de contexte ; la caméra, souvent à hauteur de visage, capte les micro-tensions d’une discussion qu’on “voit” plus qu’on ne l’entend. Rien de démonstratif, tout de précis. Ce réalisme a été salué par la presse britannique et par de nombreuses voix issues des communautés sourdes et malentendantes, séduites par la sobriété et la justesse de la performance de Rose Ayling-Ellis.
Autre atout : la série refuse de réduire Alison à sa surdité. Elle est drôle, elle désobéit, elle se trompe, elle tombe amoureuse ; bref, elle vit. La représentation vient de là : d’un personnage “plein”, pas d’un slogan.
Et maintenant ? saison 2 ?
Bonne nouvelle : ITV a renouvelé Code of Silence pour une saison 2. Le choix d’Alison redessine donc les enjeux à venir. Trois axes s’imposent :
- Le métier : en faisant de la lecture labiale son activité principale, Alison quitte les missions borderline pour un rôle plus institutionnel. Ça change tout : nouveaux interlocuteurs, nouvelle éthique, nouveaux risques (médiatiques, judiciaires).
- Liam : la romance n’est pas annulée, elle est mise entre parenthèses. Le final laissait subsister un lien ténu « un espoir, peut-être » sans esquiver la réalité de l’incarcération. L’amélioration de son BSL (langue des signes britannique) ouvre un canal de communication possible, mais la reconquête passera par les actes, pas par le romantisme.
- La police : entre gratitude et défiance, l’institution devra composer avec une civile devenue indispensable. La saison 1 a montré ses angles morts ; la saison 2 pourrait creuser l’idée d’une professionnalisation d’Alison… avec, à la clé, des dilemmes déontologiques autrement plus subtils.
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Pourquoi ça marche : un polar, un couple, une idée
Sur le papier, Code of Silence coche les cases du thriller : gangs, braquage, pression, traîtres. Mais la série gagne ses galons grâce à son noyau émotionnel ; l’histoire d’une femme qui apprend à se faire entendre autrement. La romance Alison/Liam, portée par une alchimie indéniable, ajoute un parfum de tragédie moderne : comment aimer quelqu’un sans trahir ce qu’on est en train de devenir ?
Résultat : on regarde pour le suspense, on reste pour les personnages. Et cette fin, loin d’être déceptive, est au contraire logique avec tout ce que la saison raconte depuis le pilote : l’émancipation exige des renoncements.

Où voir la série (communauté française)
Au Royaume-Uni, la série a été proposée sur la plateforme d’ITV, tandis qu’en Amérique du Nord elle est publiée sur BritBox durant l’été 2025. En France, la disponibilité passe actuellement par les offres de contenus britanniques accessibles en VOST (selon opérateurs/chaînes partenaires). Dans tous les cas, la saison 1 est déjà intégrale, ce qui permet de binge-watcher l’arc d’Alison sans attendre.
Si vous n’arrivez pas à accéder à ces plateformes, il faut passer par l’astuce du VPN pour accéder aux plateformes régionales?
Fiche rapide:
- Titre : Code of Silence
- Pays : Royaume-Uni
- Format : 6 x ~45 minutes (Saison 1)
- Création : Catherine Moulton
- Sociétés : Mammoth Screen, Sister, ITV Studios
- Distribution : Rose Ayling-Ellis (Alison), Kieron Moore (Liam), Charlotte Ritchie, Andrew Buchan…
- Particularité : protagoniste sourde, lecture labiale au cœur de l’intrigue, mise en scène sensorielle
- Statut : Saison 2 confirmée
Note sur le nom du personnage : plusieurs articles anglophones appellent l’héroïne “Alison Brooks”, mais le nom canonique communiqué par la production est Alison Woods (on privilégie donc “Alison” dans l’article pour lever toute ambiguïté).