En quelques jours, la France fait face à une double alerte sanitaire. Après une première salve durant le week-end, la liste des fromages rappelés pour suspicion de contamination à Listeria monocytogenes s’est encore allongée ce mardi. Dans le même temps, des saucisses et merguez de volaille issues d’un même lot sont rappelées pour risque de Salmonella spp. Deux bactéries, deux filières, un même impératif : agir vite, vérifier ses achats et respecter les consignes officielles.
Ce qui est rappelé et pourquoi
Des fromages de multiples marques et formats
Depuis samedi, puis surtout ce mardi 12 août, plus de quarante lots de fromages sont retirés du marché à titre préventif pour suspicion de Listeria. Les références touchent une large palette de produits du quotidien : camemberts, bries, coulommiers, bûchettes de chèvre, carrés double crème, gorgonzolas, sous différentes marques de distributeurs et de fromagers traditionnels. Plusieurs fiches de rappel font état d’une origine industrielle commune pour une partie d’entre eux, liée à un établissement laitier du département 23 (marque sanitaire commençant par « FR 23… »). Concrètement, cela signifie que des produits fabriqués au même endroit, puis commercialisés sous diverses marques, ont été placés sous surveillance renforcée après des non-conformités microbiologiques.
À ce stade, l’alerte repose, selon les fiches de rappel consultées, sur un principe de précaution : les analyses et traçabilités internes ont conduit les professionnels à déclencher des retraits élargis en attendant les résultats définitifs. Les enseignes concernées (grande distribution et détaillants) appliquent la procédure habituelle : affichage en magasin, information client, remboursement et consigne stricte de ne pas consommer.
Saucisses et merguez : un même lot, deux marques
Côté charcuterie fraîche, le rappel vise des merguez et saucisses de volaille crues issues d’un lot numéroté 9775000217, portant une date limite de consommation au 19/08/2025 et commercialisées en France entre le 5 et le 8 août. Particularité de ce dossier : les mêmes fabrications ont circulé sous plusieurs marques, au premier rang desquelles Medina (halal) et Le Gaulois. Le motif de rappel est explicite : présence de Salmonelle « Salmonella« ou risque avéré de contamination, avec les consignes sanitaires habituelles (ne pas consommer, rapporter, détruire, se faire rembourser). La procédure de remboursement est ouverte jusqu’au 25 août 2025 sur les lots concernés.
Les risques : Listeria et Salmonella, deux profils différents
Listeria monocytogenes : rare, mais sévère
La listériose est une infection d’origine alimentaire. Elle touche plus souvent les personnes vulnérables : femmes enceintes et nourrissons, seniors, immunodéprimés. Les symptômes les plus courants associent fièvre, maux de tête et courbatures ; des formes graves peuvent frapper le système nerveux central (méningite, encéphalite) et des complications materno-fœtales sont possibles chez la femme enceinte. L’incubation est longue : de quelques jours à plusieurs semaines, parfois jusqu’à huit semaines. C’est ce délai qui impose une vigilance prolongée, même si le produit a été consommé plusieurs jours auparavant.
Salmonella spp : toxi-infection digestive fréquente
La salmonellose se manifeste surtout par une gastro-entérite aiguë : douleurs abdominales, diarrhées, nausées/vomissements, souvent fièvre. Les symptômes surviennent généralement entre 6 et 72 heures après l’ingestion et durent de deux à sept jours. Dans la majorité des cas, l’évolution est favorable, mais jeunes enfants, personnes âgées, femmes enceintes et patients fragiles peuvent présenter des complications (déshydratation, septicémie).
Que faire si vous avez acheté l’un de ces produits ?
- Ne consommez pas le produit : même s’il a été conservé au froid et ne présente aucune odeur anormale, le risque microbien reste invisible.
- Isolez-le dans un sac fermé pour éviter toute contamination croisée au réfrigérateur, puis rapportez-le en magasin ou détruisez-le si le retour n’est pas possible.
- Remboursement : les enseignes acceptent les retours sans ticket pour les rappels officiels. Pour les merguez/saucisses du lot 9775000217, la fenêtre de remboursement court jusqu’au 25 août 2025.
- En cas de symptômes :
- Après consommation de fromages potentiellement concernés : consultez rapidement en précisant la nature du produit et la date de consommation (la fenêtre d’incubation de la listériose pouvant être longue).
- Après consommation de merguez/saucisses rappelées et apparition de diarrhée/fièvre dans les 7 jours : consultez. À l’inverse, en absence de symptômes dans les 7 jours, il n’y a généralement pas lieu de s’inquiéter.
- Cuisson : pour les viandes de volaille crues, une cuisson à cœur ≥ 65 °C détruit Salmonella. Attention : la cuisson ne « rattrape » pas un fromage contaminé, qui doit être éliminé.
Pourquoi autant de rappels en si peu de temps ?
Le rôle de la traçabilité
Le système français RappelConso centralise les alertes. Lorsqu’un défaut microbiologique est détecté ou suspecté dans un atelier, toutes les références associées peuvent être rappelées à la chaîne : différents formats, marques de distributeur, lots proches dans le temps. C’est ce que l’on observe cette semaine : des fiches multiples publiées sur une période courte, parfois pour des produits cousins (ex. camembert, coulommiers, bûche de chèvre) fabriqués dans le même établissement puis écoulés chez plusieurs enseignes.
Le facteur saisonnier
L’été multiplie les occasions de consommer cru (pique-niques, buffets, barbecues). La rupture de la chaîne du froid pendant le transport ou lors d’un stockage défaillant majore le risque sur des produits sensibles. Côté viandes crues, la cuisson approximative ou l’hygiène de plan de travail insuffisante peuvent suffire à transformer une contamination faible en tiac (toxoinfection alimentaire collective) dans un foyer.
Interrogations et mise en cause
Des associations de consommateurs pointent une possible chronologie trop tardive de certaines mesures, estimant que des signaux existaient depuis le printemps. Les autorités sanitaires et les industriels affirment, eux, avoir appliqué la procédure : suspension, analyses, rappels étendus et information client. Une enquête interne est en cours dans l’établissement laitier mis en cause pour identifier l’origine précise de la contamination et sécuriser durablement la chaîne.
Produits-clés à retenir (sélection non exhaustive)
- Fromages (laitiers, pâte molle et chèvre) : références vendues sous différentes marques chez plusieurs enseignes nationales, rappelées pour suspicion de Listeria. Exemples : camembert, coulommiers, bûchette de chèvre, carré et double crème. Une partie des fiches fait apparaître un même établissement de fabrication (département 23).
- Charcuterie fraîche : merguez et saucisses de volaille crues, lot 9775000217, DLC 19/08/2025, commercialisation 05–08/08/2025, sous marques Medina (halal) et Le Gaulois ; risque Salmonella.
Vérifie l’étiquette : marque, lot, DLC et, pour les fromages, la DDM indiquée sur la fiche de rappel.
Conseils pour les prochains jours
- Au réfrigérateur : sépare les produits crus des aliments prêts à consommer ; emballe les fromages entamés ; nettoie régulièrement bacs et clayettes.
- En cuisine : plan de travail et ustensiles différents pour cru/cuit ; lavage des mains avant/après manipulation ; cuisson à cœur des viandes hachées et volailles.
- Publics à risque : pour les femmes enceintes, éviter fromages au lait cru (sauf s’ils sont cuits), croûtes et charcuteries crues ; préférer les produits pasteurisés. En cas de fièvre même modérée dans les 8 semaines suivant la consommation d’un fromage rappelé, consulter sans tarder.
- Suivi de l’alerte : la liste officielle peut évoluer rapidement ; il est utile de re-vérifier ses achats de la semaine si de nouvelles fiches paraissent.
Et maintenant ?
La priorité reste la prise en charge des produits sur le terrain : affichage, retrait des rayons, information des clients et remboursement. À moyen terme, la chaîne devra répondre à deux exigences : comprendre précisément comment la contamination bactérienne s’est installée, et convaincre le public que le niveau de contrôle remonte au standard habituel. C’est un enjeu de confiance autant que de santé publique.
Sources : actu.fr et 20minutes.fr