Paris, lundi 1er septembre 2025. La première entreprise agroalimentaire mondiale traverse une zone de fortes turbulences. Nestlé a annoncé le départ immédiat de son directeur général, Laurent Freixe, sanctionné pour avoir entretenu une relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe. Cette entorse au Code de conduite du groupe, révélée par une enquête interne, emporte l’éviction du dirigeant français un an à peine après sa nomination.
Une enquête interne et une faute de gouvernance caractérisée
Selon le groupe, la procédure a mis au jour une relation dissimulée avec une collaboratrice qui relevait de la chaîne hiérarchique du directeur général. Au-delà de la dimension personnelle, le cœur du dossier est la gouvernance: l’absence de déclaration a créé un conflit d’intérêts avéré, contraire aux règles en vigueur chez Nestlé.
Dans un contexte où les grandes entreprises codifient strictement les situations de proximité hiérarchique, l’obligation de transparence ne relève pas du détail. Chez Nestlé, le Code de conduite encadre expressément ces cas et impose d’éviter tout conflit de loyauté et tout favoritisme. Ce non‑respect suffit, en soi, à justifier une sanction disciplinaire au plus haut niveau.
« Décision nécessaire », insiste le président Paul Bulcke
Le président du conseil d’administration, Paul Bulcke, a validé la procédure et assumé publiquement la décision. Selon lui, les valeurs et la bonne gouvernance constituent les fondations solides de l’entreprise. La ligne est claire: la performance ne dispense pas d’exemplarité. La supervision de l’enquête a été assurée au niveau du conseil, avec l’appui de conseils externes, signe d’un processus formalisé et indépendant.
Philipp Navratil aux commandes, priorité à la stabilité
Le conseil a immédiatement désigné Philipp Navratil pour succéder à Laurent Freixe. Ce cadre chevronné connaît la maison de l’intérieur. Arrivé en 2001, il a multiplié les responsabilités, notamment en Amérique centrale et au Mexique, avant de piloter l’activité café au niveau mondial puis Nespresso. Entré au comité exécutif en janvier 2025, il incarne un choix de continuité opérationnelle.
Ses chantiers prioritaires sont identifiés: restaurer la confiance, maintenir la trajectoire stratégique engagée et revenir à un rythme d’exécution soutenu sur les catégories phares du groupe (café, nutrition, confiserie, alimentation animale).
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Un contexte déjà sous pression
Cette crise de gouvernance intervient alors que Nestlé fait l’objet d’un examen minutieux en France à propos des pratiques de sa filiale eaux en bouteille. Un rapport sénatorial a pointé l’usage de traitements non autorisés par l’un des acteurs du secteur et a mis en cause la capacité des pouvoirs publics à prévenir ces dérives. Le groupe, qui a déjà accepté une sanction transactionnelle l’an dernier dans une procédure distincte, navigue donc dans un environnement réglementaire et réputationnel exigeant.
Dans ces conditions, l’arrivée de Philipp Navratil doit sécuriser l’exécution, en particulier sur des marques mondiales exposées médiatiquement et sur les marchés européens où la sensibilité des consommateurs aux questions de qualité et de traçabilité s’est nettement accrue.
Le cadre juridique, en bref
En droit français, les relations amoureuses au travail ne sont pas, en elles‑mêmes, interdites. Ce qui est sanctionné, c’est leur impact professionnel: conflits d’intérêts, favoritisme, pressions hiérarchiques, atteinte au climat social ou non‑respect des politiques internes. Chez Nestlé, l’obligation de déclaration et la prévention des conflits relèvent d’un corpus éthique détaillé. C’est précisément ce manquement qui a été retenu à l’encontre de Laurent Freixe.
Et maintenant
Le nouveau directeur général devra, sans délai, réaffirmer les standards éthiques, stabiliser les équipes et reprendre la main sur la feuille de route opérationnelle. L’issue de ce dossier envoie un message: l’exemplarité est devenue un actif stratégique. À Vevey comme ailleurs, elle pèse désormais autant que la croissance organique ou la marge opérationnelle.