À compter du 1er janvier 2026, la fiscalité automobile en France va franchir un cap inédit. Le malus écologique, jusqu’ici réservé aux véhicules neufs ou importés, fera son apparition sur le marché de l’occasion. Lors d’une revente, certains modèles pourront désormais être soumis à cette taxe environnementale, même s’ils avaient échappé au dispositif lors de leur première immatriculation.
L’objectif du gouvernement est clair : accélérer le renouvellement du parc automobile français et orienter les consommateurs vers des véhicules plus légers et moins polluants. Mais cette réforme, inscrite dans la prochaine loi de finances, risque de bousculer un marché déjà fragile.
Un dispositif qui change de nature
Jusqu’à présent, le malus écologique s’appliquait uniquement au moment de la première mise en circulation d’un véhicule neuf ou lors de l’importation d’un modèle étranger. À partir de 2026, cette règle évoluera : le malus pourra être exigé lors d’un changement de propriétaire, y compris pour une voiture déjà immatriculée en France.
Autrement dit, si vous revendez une voiture d’occasion qui n’avait pas été taxée à l’origine, elle pourra désormais être soumise à cette nouvelle fiscalité. Le calcul du malus se basera sur le barème en vigueur l’année de sa première immatriculation, auquel s’ajoutera un abattement progressif selon l’âge du véhicule. Plus le véhicule est ancien, plus le montant du malus sera réduit.
Cette réforme s’accompagne d’un autre durcissement : la taxe sur la masse, ou « malus au poids ». Dès 2026, elle s’appliquera aux véhicules de plus de 1 500 kg, contre 1 800 kg auparavant. De nombreux SUV, 4×4 et berlines familiales entreront donc dans le champ d’application du dispositif.
Quels véhicules seront concernés ?
Le malus à la revente ne frappera pas tous les véhicules d’occasion, mais il ciblera précisément ceux répondant à trois critères cumulatifs :
- une première immatriculation après le 1er janvier 2015 ;
- des émissions de CO₂ supérieures ou égales à 131 g/km ;
- une masse en ordre de marche dépassant le seuil de 1 500 kg fixé pour 2026.
Les véhicules les plus exposés sont les SUV récents, les grandes berlines et les modèles sportifs. Les voitures plus anciennes, les hybrides légers, ainsi que les véhicules électriques ou à hydrogène resteront épargnés. Les véhicules de plus de quinze ans bénéficieront quant à eux d’une exonération complète, grâce à un abattement de 100 %.
Comment sera calculé le malus ?
Le calcul du malus suivra une formule relativement simple, mais aux conséquences parfois lourdes. On appliquera d’abord le barème de CO₂ de l’année de première immatriculation du véhicule. Le montant obtenu sera ensuite réduit d’un coefficient de vétusté, généralement d’un dixième par an.
Ainsi, une voiture de 2020 revendue en 2026 profitera d’un abattement de 60 %, tandis qu’un modèle de 2016 bénéficiera d’une réduction plus importante. En pratique, un SUV essence de 2019 émettant environ 180 g/km de CO₂ pourrait se voir appliquer un malus initial de plus de 5 000 euros, réduit à environ 2 000 ou 3 000 euros après abattement.
Ce malus CO₂ pourra être complété par la taxe sur la masse, calculée en fonction du poids du véhicule. Plus le véhicule est lourd, plus la facture grimpera, jusqu’à atteindre plusieurs milliers d’euros supplémentaires pour certains modèles.
Un marché de l’occasion sous tension
Cette évolution fiscale ne manquera pas d’avoir un impact sur le marché de l’occasion, déjà soumis à de fortes pressions. D’un côté, les acheteurs risquent de se détourner des modèles les plus polluants, préférant des véhicules plus légers ou hybrides. De l’autre, les vendeurs verront la valeur de leurs voitures diminuer à cause de ce malus révisé.
Les professionnels de l’automobile s’inquiètent d’un effet de gel sur les transactions, le temps que les acheteurs s’adaptent. Certains craignent également un renchérissement global du coût de la mobilité, au détriment des ménages modestes qui n’ont pas accès au neuf.
Les experts soulignent qu’il s’agira aussi d’un casse-tête administratif. Les vendeurs devront préciser si leur véhicule a déjà été soumis à un malus, tandis que les acheteurs devront vérifier ces informations avant l’achat, sous peine de mauvaises surprises au moment d’immatriculer leur nouvelle voiture.
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Une mesure écologique, mais controversée
Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité d’atteindre les objectifs climatiques européens. En ciblant aussi les véhicules d’occasion, il entend éviter que les modèles les plus polluants continuent de circuler pendant des années.
Mais la mesure soulève des critiques. D’abord, parce qu’elle introduit une forme de fiscalité rétroactive : certains automobilistes seront taxés pour un véhicule acheté dans un cadre réglementaire différent. Ensuite, parce qu’elle pourrait accentuer les inégalités, en pénalisant les foyers dépendants de véhicules anciens ou puissants pour leurs trajets quotidiens.
De nombreux observateurs estiment enfin que l’effet réel sur les émissions restera limité sans développement massif des transports collectifs, de l’électrification et des infrastructures de recharge.
Comment se préparer dès aujourd’hui ?
Pour éviter les mauvaises surprises, il est conseillé aux propriétaires de véhicules potentiellement concernés de se renseigner dès maintenant.
- Vérifiez les émissions de CO₂ et la masse de votre véhicule sur la carte grise.
- Consultez les barèmes du malus de l’année de première immatriculation.
- Si votre véhicule approche du seuil de 131 g/km ou de 1 500 kg, envisagez une revente avant 2026.
- Pour les acheteurs, privilégiez les modèles plus légers ou hybrides, qui resteront en dehors du champ du malus.
Anticiper, c’est éviter de payer plus tard une taxe qui pourrait faire grimper la facture de plusieurs milliers d’euros.
Plus d’infos sur le site cartegrise.com