Paris, 28 octobre 2025 – NVIDIA et Nokia ont annoncé un partenariat stratégique d’une ampleur inédite, accompagné d’un investissement d’un milliard de dollars du géant américain des semi-conducteurs dans le groupe finlandais. Cette alliance vise à créer une plateforme baptisée AI-RAN, pensée pour rendre les réseaux d’accès radio nativement capables d’exécuter des tâches d’intelligence artificielle et pour accélérer la transition vers la 6G.
Un investissement majeur et un signal fort
L’accord prévoit l’émission de plus de 166 millions d’actions Nokia à un prix avoisinant 6 dollars chacune, offrant à NVIDIA une participation d’environ 2,9 %. Cette opération, saluée positivement par les marchés, traduit la volonté des deux entreprises d’allier leurs expertises respectives : d’un côté, la puissance de calcul et les architectures logicielles de NVIDIA ; de l’autre, l’expérience de Nokia dans les réseaux mobiles et les infrastructures télécoms.
Les deux sociétés précisent que la finalisation de la transaction dépend encore des conditions réglementaires habituelles, mais le calendrier de coopération technologique est déjà engagé.
Une alliance technologique et industrielle
L’accord ne se limite pas à un simple investissement financier. Nokia et NVIDIA entendent co-développer une offre complète mêlant intelligence artificielle, radio et calcul distribué. L’objectif est clair : permettre aux opérateurs de déployer des réseaux plus flexibles, capables d’ajuster en temps réel la consommation énergétique, la répartition des fréquences et la qualité de service grâce à des algorithmes d’apprentissage automatique exécutés directement sur les stations de base.
Cette nouvelle architecture, dite AI-RAN, place le traitement de l’information au plus près de l’utilisateur, dans les nœuds du réseau appelés edge, plutôt que dans les centres de données distants. Résultat : une latence plus faible, une meilleure efficacité et la possibilité de proposer de nouveaux services connectés, allant des drones autonomes à la réalité augmentée immersive.
L’AI-RAN, moteur de la future 6G
Alors que la 5G est encore en déploiement dans de nombreux pays, les acteurs de l’industrie préparent déjà la génération suivante. La 6G ne se limitera pas à une augmentation du débit : elle intégrera nativement des fonctions d’intelligence artificielle et de détection spatiale.
NVIDIA et Nokia veulent faire du réseau mobile de demain une véritable plateforme de calcul décentralisée. L’AI-RAN permettra de fusionner connectivité, calcul et analyse en temps réel sur une infrastructure unifiée.
L’approche se veut évolutive : les équipements pourront passer de la 5G Advanced à la 6G via de simples mises à jour logicielles, sans nécessiter de refonte complète du matériel.
Les premiers tests dès 2026
Les premières expérimentations terrain sont prévues pour 2026. L’opérateur T-Mobile, aux États-Unis, participera aux essais en intégrant la technologie AI-RAN à son infrastructure. Ces tests auront pour but de valider les gains de performance et d’efficacité énergétique, tout en mesurant la qualité d’expérience pour les utilisateurs finaux.
Nokia mettra à disposition ses solutions logicielles et sa plateforme anyRAN, tandis que NVIDIA fournira ses processeurs graphiques et serveurs dédiés. Des partenaires comme Dell Technologies contribueront à l’infrastructure avec leurs serveurs PowerEdge, adaptés aux déploiements télécoms de nouvelle génération.
Un bouleversement pour les opérateurs
Pour les opérateurs mobiles, cette alliance ouvre une double perspective : une optimisation technique et une nouvelle source de revenus. Grâce à l’IA embarquée, les réseaux pourront s’auto-configurer, s’adapter dynamiquement à la demande et réduire leur consommation énergétique.
Sur le plan économique, les opérateurs pourront proposer des services à valeur ajoutée : calcul à la périphérie du réseau pour les entreprises, hébergement d’applications d’IA locales ou services immersifs à faible latence.
Mais cette transformation demande des investissements conséquents : modernisation du matériel, adaptation des logiciels et montée en compétence du personnel technique. Le retour sur investissement dépendra de la capacité du marché à adopter rapidement ces nouveaux usages.
Un enjeu géopolitique et technologique
Au-delà des aspects techniques, le partenariat NVIDIA–Nokia revêt une portée stratégique. Il symbolise le rapprochement entre l’industrie européenne des télécommunications et l’écosystème américain de l’intelligence artificielle.
Dans un contexte mondial marqué par la compétition technologique entre grandes puissances, cette collaboration pourrait permettre aux États-Unis de retrouver une position de leadership dans les infrastructures télécoms, tout en offrant à Nokia un rôle central dans la définition des standards de la 6G.
Pour l’Europe, cette alliance rappelle l’importance de renforcer sa souveraineté numérique et de maîtriser les couches critiques de la chaîne de valeur : la donnée, le calcul et le réseau.
Les défis à relever
Si les perspectives sont prometteuses, plusieurs défis demeurent :
- Interopérabilité : les solutions AI-RAN devront s’appuyer sur des standards ouverts pour éviter une fragmentation du marché.
- Sécurité et confidentialité : le traitement des données à la périphérie du réseau pose des questions sensibles de cybersécurité et de protection des informations personnelles.
- Coût et rentabilité : les investissements nécessaires à la modernisation des infrastructures sont considérables et la rentabilité dépendra de la rapidité d’adoption par les opérateurs et les entreprises.
- Réglementation : les autorités devront adapter les cadres juridiques aux nouvelles formes de traitement distribué et à la localisation des données.
Vers une nouvelle génération d’expériences connectées
Pour les utilisateurs finaux, les bénéfices se traduiront par une connectivité plus fluide, une latence quasi nulle et une meilleure stabilité du réseau, même dans les zones à forte densité. À plus long terme, la 6G et l’AI-RAN ouvriront la voie à des expériences inédites : lunettes de réalité augmentée réactives, robots autonomes collaboratifs, services cloud instantanés ou encore véhicules connectés capables de communiquer entre eux en temps réel.
Cette convergence entre intelligence artificielle et télécommunications annonce une nouvelle ère : celle d’un réseau intelligent, auto-adaptatif et capable d’évoluer au rythme des usages.
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Un marché colossal à l’horizon 2030
Selon plusieurs cabinets d’analyse du secteur, le marché mondial de l’AI-RAN pourrait dépasser les 200 milliards de dollars cumulés d’ici 2030. Les opérateurs qui sauront tirer parti de cette évolution ne se contenteront plus de transporter des données : ils deviendront des acteurs centraux du calcul distribué et de l’IA en temps réel.
Pour Nokia, c’est une occasion de consolider sa position parmi les leaders mondiaux des infrastructures mobiles. Pour NVIDIA, c’est un pas décisif vers la conquête du marché des télécommunications, jusqu’ici dominé par des acteurs européens et asiatiques.
Une nouvelle ère des télécoms
En unissant leurs forces, Nokia et NVIDIA posent les bases d’un réseau du futur : plus intelligent, plus souple et plus durable. L’AI-RAN n’est pas une simple évolution de la 5G : c’est une refondation complète du modèle de connectivité, pensée pour l’ère de l’intelligence artificielle généralisée.
Pour les amateurs de technologie, les chercheurs et les industriels, cette annonce marque le début d’une transformation profonde : celle d’un monde où chaque antenne, chaque appareil et chaque utilisateur deviendront à la fois producteurs et consommateurs d’intelligence en réseau.
Sources
Les informations de cet article sont issues de communiqués officiels publiés par Nokia et NVIDIA le 28 octobre 2025