À Lyon, le compte à rebours est lancé. Dans 48 heures, la ville basculera de nouveau dans cette parenthèse lumineuse qui, chaque début décembre, attire des millions de visiteurs. Du 5 au 8 décembre, la Fête des Lumières 2025 proposera 23 œuvres réparties dans tout le centre-ville, du parc de la Tête d’Or à la Presqu’île.
Cette année encore, le programme alterne grands tableaux populaires, installations expérimentales et clins d’œil à la pop culture. Parmi cette profusion, cinq créations se détachent déjà, par leur ambition artistique, leur dispositif technique ou leur charge symbolique.
HDV – 40 ans de skate à Lyon
Place Louis-Pradel, 1er arrondissement
Pour les amateurs de glisse, la place Louis-Pradel est bien plus qu’un simple parvis. Depuis les années 80, ce rectangle de béton coincé entre l’Hôtel de Ville et l’Opéra est devenu un spot mythique, fréquenté par des générations de skateurs. L’installation « HDV – 40 ans de skate à Lyon » prend justement appui sur cette histoire.
Le dispositif promet de transformer le mobilier urbain en terrain de jeu lumineux. Rampes, marches et murets se retrouvent soulignés par des lignes de lumière, tandis que des séquences vidéo retracent l’évolution du skate à Lyon, des premières planches bringuebalantes aux figures les plus techniques. La bande-son, nourrie de sons des années 90, complète cet hommage à une culture urbaine longtemps marginale et aujourd’hui pleinement assumée par la ville.
Stranger lights – La dernière aventure à Lyon
Place Sathonay, 1er arrondissement
C’est sans doute l’œuvre la plus commentée de cette édition 2025. Inspirée de l’univers de la série Stranger Things, « Stranger lights – La dernière aventure à Lyon » plonge la place Sathonay dans une ambiance de fin de cycle : une sorte de dernier chapitre partagé avec le public avant que l’histoire ne se referme définitivement.
Le décor joue sur les codes visuels de la série : halo brumeux, lumières aux teintes rétro, motifs végétaux inquiétants. La scénographie se veut immersive, comme un portail ouvert entre deux mondes, dans lequel les visiteurs circulent au milieu de réminiscences d’épisodes marquants.
Cette installation suscite aussi le débat. Le partenariat avec Netflix, mécène du projet, bouscule ceux qui redoutent une forme de privatisation symbolique de l’espace public. Les organisateurs insistent de leur côté sur la dimension artistique de la collaboration et sur la capacité de cette œuvre à parler à un public jeune, déjà familier de la série.
À Salty Protest V1
Studio 24, Pôle Pixel, Villeurbanne
Loin des foules compactes de la Presqu’île, le Pôle Pixel, à Villeurbanne, offre une autre façon de vivre la Fête des Lumières. Là, au Studio 24, le public découvre « À Salty Protest V1 », une œuvre qui mêle performance chorégraphique, installation audiovisuelle et cinéma expérimental.
Pendant sept minutes, corps, sons et projections dialoguent dans un espace volontairement réduit. Le spectateur n’est plus simplement promeneur : il se retrouve happé dans une expérience quasi cinématographique, où l’image ne se contente pas d’illuminer la ville mais en questionne les mouvements et les luttes. L’œuvre fait écho à la marche du sel menée par Gandhi en 1930, un épisode fondateur de la résistance non violente.

L’Éveil des Lumières
Parc de la Tête d’Or, 6e arrondissement
C’est l’un des symboles de cette édition : pour la première fois, un spectacle de drones figure officiellement au programme de la Fête des Lumières. Au-dessus du lac du parc de la Tête d’Or, 500 engins lumineux dessinent dans le ciel une série de tableaux retraçant l’histoire de la lumière, des flammes ancestrales aux technologies contemporaines.
Le show, d’une durée d’environ huit minutes, repose sur une chorégraphie millimétrée. Les drones composent des figures successives, jouant sur la profondeur du ciel nocturne, pendant qu’une bande-son accompagne ce récit condensé de notre rapport à la clarté et à l’obscurité. Le parc étant entièrement évacué en milieu d’après-midi pour des raisons de sécurité, l’accès est strictement contrôlé, avec des horaires précis d’entrée et de sortie.
Les Lumignons du Cœur – L’île des Jacobins
Place des Jacobins, 2e arrondissement
Difficile d’imaginer une Fête des Lumières sans les Lumignons du Cœur. Cette année, l’opération caritative prend la forme d’une « île » dressée au milieu de la place des Jacobins, comme un navire de lumière arrimé entre Rhône et Saône
Plus de 3 000 lumignons sont allumés chaque soir, disposés en un paysage de petites flammes qui composent un décor marin : silhouettes de mâts, tonalités de bleu, impression de ponton à la surface de la place. Des sons de corne de brume et de mouettes complètent ce voyage imaginaire vers l’océan.
