Il y a des étés où le cinéma de super-héros passe en pilote automatique. Et puis il y a 2025, où Superman (premier long métrage du nouveau DCU signé James Gunn) et Les Quatre Fantastiques : Premiers pas (nouvel élan pour la Première Famille de Marvel) ont animé les conversations, les fils X/Instagram et… surtout les caisses des cinémas. Sortis à deux semaines d’intervalle (mi-juillet pour Superman, fin juillet pour Premiers pas), les deux films n’ont pas véritablement « joué la même séance », mais leur confrontation restait inévitable : quel étendard super-héroïque allait régner sur l’été ?
Le cadre : deux lancements très costauds
Côté départ, avantage… à personne : les deux ont démarré très fort. Superman signe un premier week-end américain à environ 125 M$, un vrai décollage pour la relance DC. Les Quatre Fantastiques : Premiers pas répondent deux semaines plus tard avec 117,6 M$. Cette parité d’ouverture semble, sur le papier, promettre un mano a mano serré et durable. En France, Superman signe une première semaine solide (un peu plus de 576 000 entrées), tandis que Premiers pas fait parler sa popularité avec 673 000 entrées pour sa première semaine complète ; de quoi lancer un débat de comptoir dans les files d’attente.
L’inflexion décisive : la tenue sur la durée
C’est la suite qui a tranché. Après l’excitation de l’ouverture, la tenue en deuxième week-end s’est révélée cruciale. Superman cède logiquement du terrain mais limite la casse avec une baisse d’environ -53 % aux États-Unis. En face, Premiers pas subit une chute bien plus sévère, de l’ordre de -67 %, symbole d’un bouche-à-oreille plus tiède et/ou d’une concurrence plus féroce. Ce décrochage ne condamne pas un film en soi, mais dans un été chargé, il pèse tout de suite sur les trajectoires.
Le week-end qui a fait basculer la perception
Troisième round et nouveau tournant : le week-end du 8–10 août. L’horreur s’en mêle : Weapons cartonne avec 42,5 M$ pour son démarrage américain, Freakier Friday (la suite comédie) accroche 29 M$ et Les Quatre Fantastiques : Premiers pas rétrogradent troisièmes (environ 15,5 M$ sur ce week-end). Ce n’est pas infamant, mais la photographie du moment est claire : Superman, lui, a déjà fait sa tournée des sommets et amorce une pente régulière sans effondrement, alors que le Marvel de l’été peine à reprendre de l’élan après sa grosse secousse du week-end 2.
Les totaux qui comptent : le verdict de l’été
À date (au lundi 11 août), le verdict chiffré penche nettement. Superman cumule environ 331,2 M$ en Amérique du Nord et 578,8 M$ dans le monde ; meilleure performance super-héroïque de 2025 à ce stade. Les Quatre Fantastiques : Premiers pas affichent 230,4 M$ en Amérique du Nord et 434,2 M$ à l’international cumulé. L’écart est installé et sauf remontée spectaculaire (peu probable à ce stade de l’exploitation), l’été aura bien un champion : le héros de Metropolis.
Focus France : deux succès, un leader
En France, le match est plus nuancé mais confirme la hiérarchie : Superman pointe à environ 1,365 million d’entrées (cumul arrêté au 5 août). Les Quatre Fantastiques : Premiers pas ont franchi le cap du million au même horizon (environ 1,023 million), portés par un gros premier set. Sur plusieurs semaines, Superman a conservé une meilleure endurance, tandis que Premiers pas absorbe plus difficilement la concurrence des nouveautés (animation, comédie estivale et, plus récemment, horreur). Au passage, on notera que l’été 2025 reste globalement dynamique en salles chez nous, avec des « gros » qui structurent le marché et des « moyens » qui grappillent de belles parts.
Pourquoi Superman a pris l’avantage
Plusieurs facteurs se combinent et expliquent la domination de Superman cet été :
- La promesse claire d’un « premier chapitre » : au-delà du simple reboot, Superman est pensé comme la porte d’entrée du nouveau DCU. Les spectateurs savent que c’est « l’épisode 1 » d’un récit plus large ; un effet « rendez-vous » qui a dopé la curiosité.
- Un bouche-à-oreille globalement meilleur : les critiques ne sont pas unanimes, mais la tonalité « old school moderne » défendue par James Gunn (lumière, sincérité, romanesque) a trouvé son public. Résultat : des chutes hebdo contenues et une courbe d’usure plus favorable sur cinq week-ends.
- Le calendrier : sortir deux semaines plus tôt a permis à Superman d’installer son règne sans l’ombre d’un concurrent de même gabarit. Quand Premiers pas est arrivé, le film DC occupait déjà l’espace médiatique et l’imaginaire des spectateurs estivaux.
- L’effet vitrine du cast : l’attrait de nouvelles incarnations (David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicholas Hoult) a attisé la curiosité sans lasser ; ce qui n’est pas un mince exploit dans un paysage saturé de capes.
Pourquoi Les Quatre Fantastiques : Premiers pas décrochent
Le film Marvel n’est pas un échec , son cumul mondial dépasse les 430 M$, ce qui le place dans le haut de la fourchette MCU de 2025 , mais il ne transforme pas l’essai au niveau espéré. Quelques pistes :
- Une dépendance à l’événementiel : sans « moment immanquable » identifié par le grand public (caméo choc, rebond de saga, enjeu feuilletonnant), l’envie de se précipiter les week-ends 2 et 3 s’érode.
- La concurrence transversale : l’animation familiale, la comédie « retour de licence » et l’horreur ont offert des alternatives très attractives aux mêmes dates et parfois à moindres risques côté satisfaction.
- L’usure du label : 2025 n’a pas éteint l’impression d’une fatigue Marvel sur une partie du public, avec des attentes exigeantes et une tolérance moindre aux films « charnières ». Premiers pas en paye la note plus vite que Superman.
Le match en 5 chiffres (pour la route)
- Ouvertures US : Superman 125 M$ / Premiers pas 117,6 M$.
- Week-end 2 (évolution) : Superman –53 % / Premiers pas –67 %.
- Cumul US au 11 août : Superman 331,2 M$ / Premiers pas 230,4 M$.
- Cumul monde : Superman 578,8 M$ / Premiers pas 434,2 M$.
- France (cumul estimé au 5 août) : Superman ~1,365 M d’entrées / Premiers pas ~1,023 M d’entrées.
Et maintenant ? Ce que prépare chaque camp
DC Studios capitalise sur l’élan. Dans la foulée des bons résultats, le studio a confirmé une poursuite de l’axe “Super-Family” pilotée par James Gunn et une feuille de route 2026 où Supergirl et Clayface font figure de têtes d’affiche cinéma, aux côtés d’un univers séries qui s’étoffe (retour de Peacemaker, The Penguin qui truste les nominations, Lanterns en ligne de mire). L’idée : consolider l’identité du DCU tout en gardant Superman comme boussole.
Marvel Studios, de son côté, a réussi à replacer les Quatre Fantastiques au centre du jeu grand public… mais doit convertir l’essai. Le studio peut compter sur son pipeline (animation/jeunes publics, retours de licences phares et évidemment la prochaine étape Avengers) pour reconstruire l’envie événementielle qui faisait sa force, tout en soignant l’intervalle entre les « gros chantiers ». La performance robuste du film en France et son maintien dans le Top 3 mondial super-héroïque de l’année montrent qu’il existe toujours un appétit réel ; il faut désormais raviver la flamme du « must-see ».
Bilan éditorial : un été qui rebat (un peu) les cartes
2025 n’a pas été le baroud d’honneur des capes. Superman prouve qu’un récit limpide, une identité de mise en scène assumée et un timing intelligent peuvent encore créer l’événement. Les Quatre Fantastiques rappellent que la marque ne suffit plus : sans promesse claire d’expérience unique, la fréquentation se tasse plus vite, malgré un capital sympathie évident. Au jeu des totaux, l’homme d’acier a conquis l’été. Au jeu de l’avenir, la partie reste ouverte et c’est peut-être la meilleure nouvelle pour les spectateurs.
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