Mini série fraîchement arrivée sur Netflix, The Beast in Me s’est déjà fait une belle place dans les tendances, portée par le duo Claire Danes / Matthew Rhys et une ambiance de thriller psychologique bien poisseuse. Disponible depuis la mi novembre, le show déroule huit épisodes où chaque regard de voisin prend soudain des airs d’aveu silencieux.
Si vous êtes là, c’est que vous avez déjà tout vu jusqu’au bout et que vous voulez revenir sur la fin, les révélations autour de Madison, de Teddy et plus exactement sur le cas Nile Jarvis. Coupable, innocent, ou quelque part entre les deux dans une zone grise très inconfortable
Comme sur Allociné, on reprend tout calmement, on replace les pièces du puzzle et on se pose la vraie question de la série : où s’arrête le monstre Nile et où commence la bête qui sommeille en Aggie, en Nina et peut être en nous
Attention, l’article qui suit dévoile l’intégralité de la saison 1 de The Beast in Me.
Rappel de l’histoire
Aggie Wiggs est une autrice célébrée, mais brisée depuis la mort de son fils Cooper. Incapable d’écrire, recluse dans une grande maison trop silencieuse, elle tente de s’accrocher à un projet très cérébral sur la Cour suprême qui ne la nourrit plus du tout.
Sa routine vole en éclats quand un couple s’installe dans la maison d’à côté :
- Nile Jarvis, magnat de l’immobilier, sourire lisse et réputation trouble,
- Nina, sa jeune épouse, au look d’instagrammeuse arty mais visiblement hantée.
La rumeur locale colle à Nile comme un parfum lourd : sa première femme, Madison, a disparu, et il a longtemps été le suspect numéro un. Aucune preuve, aucun corps, dossier refermé mais jamais oublié.
Ce voisin encombrant devient alors la meilleure matière romanesque qu’Aggie puisse imaginer. Elle lui propose d’écrire sa biographie. Lui y voit un moyen de redorer son image. Sauf que très vite, leur duo auteur sujet bascule en jeu de manipulation où chaque entretien devient un duel.
Qu’est ce qui est arrivé au fils d’Aggie
Avant de parler de Nile, il faut comprendre le trou béant au centre d’Aggie.
Cooper, son fils, est mort dans un accident de voiture quelques années avant le début de la série. Au volant de l’autre véhicule se trouvait Teddy Fenig, un adolescent du coin. Aggie est persuadée qu’il conduisait en état d’ivresse. Elle n’a jamais pu le prouver, alors sa colère est restée coincée, en boucle, dans sa tête.
Cette obsession pour Teddy nourrit tout ce qu’elle fait ensuite
- sa haine du garçon quand elle le croise en ville,
- son incapacité à faire son deuil,
- son attirance inquiétante pour Nile, qui semble la comprendre un peu trop bien.
En créatrice en panne, Aggie va transférer cette rage dans son nouveau projet d’écriture. Ce n’est plus vraiment un livre, c’est un exutoire. Et Nile repère immédiatement ce qu’il appelle leur « soif de sang » commune dans leurs échanges.
Nile Jarvis, le voisin parfait en surface
Quand Nile débarque, tout semble coché pour faire de lui le suspect idéal
- milliardaire de l’immobilier,
- projet controversé, Jarvis Yards, en plein développement,
- première épouse mystérieusement disparue,
- une seconde épouse qui joue la femme parfaite mais dont le regard fuit dès qu’on prononce le nom de Madison.
La série s’amuse au début à garder une part de doute. Nile peut passer d’un charme presque rassurant à une froideur glaciale en un plan. Matthew Rhys joue beaucoup sur cette ambiguïté et même les créateurs expliquent qu’ils voulaient garder longtemps la question ouverte.
Mais au fil des épisodes, on comprend qu’il ne se contente pas d’être un voisin un peu bizarre
- il manipule son entourage,
- il contrôle les conditions dans lesquelles Aggie peut l’approcher,
- il impose un rapport de force permanent dans leurs entretiens, comme s’il écrivait lui même sa légende.
Aggie accepte d’écrire sa biographie
Officiellement, Aggie propose ce livre parce qu’elle sent que le sujet va intéresser son éditrice et relancer sa carrière. Mais derrière ce vernis professionnel, il y a trois raisons beaucoup moins avouables
- Enquêter sur Teddy et sur sa disparition, qui survient juste après qu’elle a confié à Nile combien elle rêvait de le voir souffrir autant qu’elle.
- Mettre le pied dans l’univers Jarvis pour savoir enfin si Nile a fait disparaître Madison.
- Rester au contact du danger. Aggie a besoin d’un adversaire pour vivre. Elle le dit clairement à son ex femme Shelley et cette phrase résume toute la série.
Dans beaucoup de thrillers, la protagoniste cherche à fuir le sociopathe. Ici, Aggie fait exactement l’inverse. Elle se rapproche du feu, sachant très bien qu’elle risque de s’y brûler.
Brian Abbott, le faux chevalier blanc
Brian Abbott, agent un peu borderline, enquête depuis longtemps sur Nile et sur le financement douteux de Jarvis Yards.
Il sert à deux choses dans le récit
- donner à Aggie un allié qui semble fiable au départ,
- prouver que s’attaquer à Nile a toujours un coût.
Abbott est celui qui pirate l’ordinateur de Nile, découvre les fichiers vidéo montrant Teddy attaché et séquestré et comprend que le milliardaire a voulu offrir un cadeau très tordu à Aggie en kidnappant le garçon qu’elle déteste.
Sauf que Nile le devance. Il le tue hors champ et récupère son téléphone. Quand Aggie envoie enfin le message qui prouve que Madison ne s’est pas suicidée, c’est Nile qui le lit. À partir de là, le duel devient frontal.
Madison a été tué ?
Pendant une bonne partie de la saison, le scénario entretient l’idée que Madison aurait pu se suicider, renforcée par la fameuse lettre que ses parents montrent à Aggie. Ces derniers ont d’ailleurs tout intérêt à croire à cette version, puisque leur argent est investi dans Jarvis Yards.
La vérité éclate dans l’épisode 7, construit comme un long flashback
- le FBI surveille Nile pour blanchiment d’argent,
- une taupe transmet des informations aux autorités,
- Nile pense d’abord que c’est Nina, mais elle lui révèle que la véritable informatrice, c’est Madison.
Pris de rage, humilié par cette trahison, Nile frappe Madison avec violence. Elle meurt. Son père et son oncle étouffent l’affaire en cachant le corps dans les fondations de Jarvis Yards. La lettre de suicide, en réalité, avait été écrite lors d’une précédente tentative, récupérée ensuite pour fabriquer un récit acceptable.
Donc oui, la série répond clairement à la question
Nile Jarvis a bien tué sa première épouse, Madison.
Ce n’est pas un accident, ni une mauvaise chute. C’est un meurtre, suivi d’une dissimulation parfaitement organisée.
Que devient Teddy ?
Sur le papier, l’affaire Madison suffirait déjà à clore le dossier Nile. Mais The Beast in Me va plus loin avec le cas Teddy.
- Nile enlève Teddy après avoir entendu la haine d’Aggie.
- Brian Abbott découvre la vidéo de séquestration.
- Quand Abbott disparaît, l’enquête semble suspendue.
La série garde Teddy hors champ pendant plusieurs épisodes, jusqu’au moment où Nile piège complètement Aggie. Il l’appelle, la dirige à distance, joue avec elle comme avec un personnage de roman. Lorsqu’elle monte à l’étage, elle trouve Teddy étranglé dans la chambre de son fils, transformant sa maison en scène de crime.
Ce meurtre est glaçant parce que Nile le présente presque comme une collaboration
- il réalise ce qu’il pense être le fantasme secret d’Aggie,
- il place le corps dans l’espace le plus sacré pour elle,
- il laisse les policiers arriver en pensant qu’elle serait accusée.
Plus tard, dans l’enregistrement effectué par Nina, Nile avoue explicitement le meurtre de Teddy.
The Beast in Me : Critique de la mini-série Netflix avec Claire Danes & Matthew Rhys
Comment Nile se fait coincer
La chute de Nile tient à deux femmes qui refusent enfin de détourner les yeux.
Le déclic de Nina
Pendant longtemps, Nina a préféré rester dans le confort du mensonge. Enceinte, dépendante de Nile, elle a fermé les yeux sur tout ce qui dérangeait. Mais la confrontation avec Aggie la fissure.
Aggie lui montre
- le journal de Madison,
- les incohérences de la lettre,
- le rôle d’informatrice de Madison.
Cette nuit là, Nina enregistre son mari. Nile explose, se ridiculis et finit par avouer les meurtres de Madison et Teddy.
L’humiliation publique
Le lendemain, Nile annonce triomphalement l’accord de Jarvis Yards. Il pense avoir gagné.
Nina diffuse alors l’enregistrement.
La salle se fige. Nile est arrêté.
Plus tard, son oncle Rick accepte de coopérer avec la justice. Face aux preuves, Nile plaide coupable.
En prison, il est poignardé lors d’un règlement de comptes orchestré par Rick, qui préfère l’éliminer que laisser l’affaire l’entraîner davantage.
Aggie à la fin : coupable ?
Aggie n’est pas responsable des meurtres, mais la série montre qu’elle n’est pas complètement innocente dans la spirale de haine qui s’est créée.
À la fin, elle publie son livre, The Beast in Me, où elle reconnaît à demi mot que Nile a réveillé en elle des zones très sombres.
Elle semble aller un peu mieux
- elle accepte la nouvelle compagne de Shelley,
- elle regarde en face la mort de son fils,
- elle cesse de se raconter des histoires pour éviter la culpabilité.
Elle a affronté sa propre part d’ombre, ce que Nile n’a jamais su faire.
Nile Jarvis, un meurtrier ?!!
Sur le plan objectif
- il a tué Madison,
- il a tué Brian Abbott,
- il a séquestré et assassiné Teddy,
- il a tenté d’incriminer Aggie.
Il est donc bel et bien un meurtrier.
Mais la série ne s’arrête pas là.
Elle montre comment
- Aggie, par son aveu de haine, a nourri le geste de Nile,
- Nina a préféré ignorer les signes,
- l’entourage a profité du silence tant qu’il bénéficiait du pouvoir de Nile.
La bête n’est pas seulement Nile.
Elle est présente dans les zones floues que chacun accepte pour continuer à vivre.
Le dernier plan, sur Nina et son bébé, pose une question terrible :
que transmet on réellement à ses enfants
Un héritage affectif ou une part d’ombre
Si une saison 2 doit voir le jour, c’est probablement là qu’elle puisera sa matière.
Regarder The Beast in Me sur Netflix