La prochaine génération du célèbre modèle d’intelligence artificielle GPT devrait être lancée dans les mois à venir. Une annonce faite par Sam Altman, PDG d’OpenAI, qui laisse entrevoir une avancée technologique majeure : GPT-5, mais qui intervient aussi dans un contexte de relations stratégiques tendues avec Microsoft, son principal partenaire industriel.
C’est au détour d’un épisode du podcast interne d’OpenAI que Sam Altman, le très médiatique patron de la start-up californienne, a confirmé ce que beaucoup pressentaient : GPT-5, successeur du désormais bien établi GPT-4, devrait arriver « probablement cet été ». Une déclaration brève, presque anodine, mais qui a suffi à déclencher une vague d’analyses, tant les enjeux technologiques, économiques et géopolitiques liés à cette nouvelle version sont colossaux.
Un saut technologique promis, mais prudent
Dans un climat où la compétition entre les géants de l’intelligence artificielle s’intensifie, GPT-5 est présenté comme un modèle « matériellement meilleur » que son prédécesseur, selon les premiers échos recueillis auprès de partenaires privilégiés. Traduction : une IA plus rapide, plus cohérente dans ses raisonnements et surtout capable d’une meilleure compréhension contextuelle à long terme.
Sam Altman, toujours prudent dans ses promesses, affirme que la rigueur prévaut sur la précipitation. Il a d’ailleurs insisté sur le fait que l’équipe prendra « le temps nécessaire » pour garantir une expérience fiable et sécurisée. « Modifier la sortie d’un modèle selon les intérêts économiques ou publicitaires serait une faute grave, un moment de rupture de confiance avec nos utilisateurs », a-t-il déclaré, en réponse aux spéculations autour d’une éventuelle monétisation publicitaire.
Une IA plus autonome, mais sous contrôle
L’un des enjeux majeurs de GPT-5 repose sur l’introduction de fonctionnalités dites « agents autonomes ». Ces derniers sont capables non seulement de traiter des requêtes, mais aussi d’en initier : prise de rendez-vous, gestion de tâches, interactions avec d’autres logiciels. Un paradigme qui commence déjà à se dessiner dans des outils en cours de test tels qu’OpenAI Operator ou les « agents GPT », qui peuvent fonctionner sur plusieurs jours et prendre des décisions sur la base d’instructions complexes.
Cette orientation vers une IA « proactive » pose toutefois des questions éthiques importantes. OpenAI assure que chaque action sera soumise à un cadre de gouvernance strict, avec des mécanismes de supervision humaine, de journalisation des décisions et de contrôle des données.
Un partenariat avec Microsoft en pleine redéfinition
Une relation historique mise à l’épreuve
Depuis 2019, Microsoft est l’allié stratégique le plus puissant d’OpenAI, avec un investissement de plusieurs milliards de dollars et une intégration profonde dans l’écosystème Azure. Mais selon plusieurs sources concordantes (Financial Times, Wall Street Journal), la relation entre les deux entités est actuellement en phase de renégociation, voire de tensions ouvertes.
Microsoft chercherait à ajuster son implication financière dans OpenAI, qui oscillerait selon les estimations entre 20 % et 49 % du capital non lucratif modifié. En contrepartie, la firme de Redmond souhaiterait plus de visibilité sur les développements internes et un accès élargi aux technologies stratégiques issues d’OpenAI. Cette démarche serait mal vue par une partie des dirigeants de la start-up, qui redoutent une captation excessive du pouvoir décisionnel.
Vers une diversification des partenaires cloud
OpenAI, de son côté, semble préparer l’après-Microsoft. Des accords ont été signés avec CoreWeave (start-up spécialisée dans le calcul GPU), Google Cloud et même Oracle, suggérant une stratégie de déploiement multicloud. Une manière de gagner en autonomie tout en sécurisant les ressources nécessaires à l’entraînement de GPT-5, dont les besoins en énergie de calcul dépassent de loin ceux de ses prédécesseurs.
En filigrane, se joue également la préparation du projet Stargate, une initiative titanesque pilotée en partie par OpenAI et Microsoft visant à construire d’ici 2028 un super-centre de données dédié exclusivement à l’intelligence artificielle. Coût estimé : 500 milliards de dollars. Une ambition qui semble aujourd’hui suspendue aux négociations en cours.
Ce que GPT‑5 pourrait changer concrètement
Pour les professionnels
Avec GPT-5, les entreprises devraient disposer d’un assistant capable d’analyser des rapports complexes, de générer des documents, de formuler des recommandations commerciales, voire de négocier automatiquement des contrats standards. Dans le domaine médical, certains experts évoquent la possibilité de créer des outils de diagnostic assistés par IA d’un niveau quasi-humain.
Pour les développeurs
Le nouveau modèle devrait offrir une API plus stable, plus modulaire, avec une mémoire étendue par utilisateur, ce qui permettra de bâtir des applications conversationnelles persistantes – notamment dans les secteurs de la finance, de l’éducation ou du juridique.
Pour le grand public
Les abonnés à ChatGPT Plus bénéficieront probablement des premières versions de GPT-5, avec une IA capable de « se souvenir » des préférences de l’utilisateur, d’adapter son ton et de proposer des réponses plus nuancées, moins robotiques. Altman a précisé qu’aucune publicité ne serait insérée dans les réponses, mais qu’un système d’annonces contextuelles – hors de la zone de dialogue – pourrait être testé.

Un été sous haute tension
À l’heure où les États-Unis, la Chine et l’Europe redoublent d’efforts pour réguler l’intelligence artificielle, le lancement de GPT‑5 s’annonce comme un test grandeur nature pour la gouvernance de ces technologies.
OpenAI jouera sa crédibilité sur plusieurs fronts : celui de la sécurité, celui de l’éthique, mais aussi celui de la performance. Car derrière l’élégance d’un chatbot conversationnel se cache une bataille d’influence mondiale où l’intelligence artificielle devient, chaque jour un peu plus, une infrastructure critique.
Les points clés à retenir
- GPT-5 sera lancé probablement durant l’été 2025, selon Sam Altman.
- Il promet des avancées majeures : raisonnement, mémoire, autonomie.
- OpenAI refuse l’idée d’intégrer des publicités dans les réponses générées.
- Le partenariat stratégique avec Microsoft est en cours de renégociation.
- Des alliances alternatives (Google Cloud, CoreWeave) sont déjà en place.
- GPT-5 pourrait révolutionner l’usage de l’IA dans les entreprises comme pour le grand public.