Huawei ne fait plus rêver le grand public en France, mais continue de séduire en Chine. En 2025, la marque revient avec des smartphones sous HarmonyOS NEXT, sans Android ni Google. Une révolution… mais est-ce vraiment intéressant pour les consommateurs français ?
Huawei en 2025 : une marque sous haute tension… et toujours debout
Depuis l’embargo imposé par les États-Unis en 2019, Huawei a vu son image s’éroder en Europe. Privé des services Google (Gmail, YouTube, Maps, Play Store…), le constructeur chinois a tenté de rebondir avec sa propre suite logicielle , »Huawei Mobile Services (HMS) » et son OS maison, Harmony OS.
Après plusieurs années de tâtonnements, Huawei a lancé fin 2024 une version radicalement nouvelle de son système : HarmonyOS NEXT, désormais totalement indépendant d’Android. Un pari risqué, mais audacieux.
HarmonyOS NEXT : plus Android du tout, mais vraiment indépendant ?
Depuis début 2025, les nouveaux smartphones Huawei n’utilisent plus de code Android. Fini le support des apps Android classiques. Le système repose sur un noyau maison (microkernel) et nécessite des applications conçues nativement pour lui. Huawei mise donc sur un écosystème fermé, à la manière d’Apple. Sauf qu’il part de zéro… ou presque.
En Chine, la sauce prend : l’AppGallery (l’équivalent du Play Store) dépasse les 20 000 applications compatibles HarmonyOS en avril 2025. Huawei vise les 100 000 d’ici fin d’année. On y retrouve des apps locales populaires : WeChat, Alipay, Baidu, Meituan…
Mais en France ? La situation est toute autre.
Smartphones Huawei en France : une disponibilité quasi nulle
Aucun smartphone Huawei sous HarmonyOS NEXT n’est officiellement commercialisé en Europe. Certes, certaines tablettes (MatePad 11.5, MatePad Pro) et montres connectées sont disponibles sur le site français de Huawei, mais les téléphones récents (Mate 70, Pura 80, Pura X) restent réservés au marché chinois.
Il est possible d’importer ces modèles via des sites spécialisés, mais cette pratique implique des concessions : pas de SAV en France, pas de garantie européenne, adaptation complexe aux services locaux.
Mate 70 et Pura X : des bijoux technos… inutilisables chez nous ?
Le Mate 70 et le Pura X sont les porte-étendards de cette nouvelle génération HarmonyOS. Leur fiche technique impressionne : puce Kirin dernière génération gravée en Chine, capteur photo d’1 pouce, écran OLED 120 Hz, compatibilité 5G, recharge ultra rapide, communication satellite…
Le Pura X, en particulier, étonne par son format carré pliable, à mi-chemin entre smartphone et mini-tablette. Une innovation séduisante sur le papier, mais qui n’est pas suffisante pour compenser l’absence des services Google.
Car sans Google, pas de YouTube, pas de Gmail, pas de Google Maps, pas d’Android Auto. Pas d’apps bancaires françaises, pas de WhatsApp dans sa version complète, pas d’apps TV françaises (MyCanal, OQEE, Molotov…). Bref : un smartphone amputé de son écosystème habituel.
AppGallery : des progrès, mais encore loin du compte
Huawei affirme que les développeurs se ruent sur HarmonyOS NEXT. Un chiffre officiel évoque plus de 800 marques et 2000 entreprises partenaires. En Chine, oui. En Europe ? Non.
Sur l’AppGallery français, l’offre reste maigre. Pas de Deezer, pas de Lydia, pas de Revolut, pas de carte vitale numérique, pas de SNCF Connect. Des clones ou versions web sont parfois proposés, mais avec des performances et des fonctionnalités en retrait.
Et même en passant par Petal Search ou GBox (une sorte de sandbox Android proposée par Huawei pour certaines apps), la compatibilité est partielle, instable, voire carrément inexistante sur HarmonyOS NEXT.
Expérience utilisateur : fluide, mais très… chinoise
Sur les modèles testés via import, la fluidité de HarmonyOS NEXT est irréprochable. Les animations sont léchées, l’interface réactive, les gestes bien pensés. Le système mise sur l’IA pour organiser l’écran d’accueil, anticiper les usages et améliorer la photo.
Mais malgré une traduction correcte, l’OS reste pensé pour le public chinois. Beaucoup d’options système renvoient à des services indisponibles en Europe. L’assistant vocal Celia, par exemple, ne comprend pas bien le français. L’interface de gestion de la vie privée repose sur des standards locaux. Même le clavier Huawei ne propose pas toujours l’AZERTY au premier démarrage.
Et la sécurité dans tout ça ?
Sur le plan technique, HarmonyOS NEXT s’appuie sur un micro-noyau sécurisé, une architecture sandboxée et un compilateur maison (Ark Compiler). Huawei assure que son OS est plus résilient que ses concurrents et moins exposé aux failles de type zero-day.
Mais pour les régulateurs européens, cette transparence reste insuffisante. L’absence d’audits indépendants empêche pour l’instant de valider ces affirmations. Pour un usage professionnel ou sensible, le choix reste délicat.
Faut-il acheter un smartphone Huawei HarmonyOS en 2025 ?
Ce que Huawei fait bien :
- Des designs innovants (Pura X pliable, finitions soignées)
- Une autonomie souvent supérieure à la concurrence
- Des capteurs photo de très haute qualité
- Un OS rapide, réactif et ambitieux techniquement
- Une approche logicielle cohérente avec les objets connectés Huawei
Ce qui reste problématique :
- Aucun service Google (et pas de solution pérenne de contournement)
- Très peu d’applications françaises ou européennes
- Aucun SAV ni support officiel en France pour les nouveaux modèles
- Absence de distribution chez les opérateurs et revendeurs
- Ecosystème encore immature en dehors de la Chine
Verdict du Geek : un pari réservé aux curieux… pas au grand public
En 2025, acheter un smartphone Huawei sous HarmonyOS NEXT en France relève plus du défi que du choix rationnel. À moins d’être développeur, amateur de bidouille ou passionné de marques alternatives, l’expérience risque d’être frustrante.
L’alternative Huawei est fascinante, surtout pour ceux qui suivent les enjeux de souveraineté numérique, de fragmentation des systèmes d’exploitation, ou d’innovation hardware. Mais pour 95 % des utilisateurs, l’absence de Google et de compatibilité avec l’écosystème européen rend le smartphone difficile à recommander.
Notre conseil ? Attendre. Si Huawei confirme ses ambitions européennes et que HarmonyOS gagne en maturité et en applications locales, la donne pourrait changer. Mais pour l’instant, mieux vaut rester sur Android… ou iOS.
NB: Huawei continue à vendre quelques modèles de Smartphones en France, comme le Pura 70 et le Nova 13 … mais ils tournent sous une version Stock d’Android avec une surcouche d ‘HarmonyOS 4 appelé EMUI