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Permis de conduire : pourquoi les auto‑écoles sont en grève

par KingofgeeK
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Permis de conduire auto‑écoles grève - Source AFP

Ce lundi 29 septembre, les écoles de conduite françaises lèvent le pied. Dans de nombreuses villes, des opérations escargot et des fermetures symboliques dénoncent une situation jugée intenable par la profession: manque chronique de places à l’examen, délais d’attente qui s’allongent et réforme à bout de souffle. Au cœur du blocage, un chiffre résume l’embouteillage: trop peu d’examinateurs au regard d’une demande qui explose.

Des délais qui cassent les trajectoires

Obtenir une date de conduite relève parfois de la loterie. Dans plusieurs départements et grandes agglomérations, l’attente pour un premier passage peut grimper à six ou huit mois. Pendant ce temps, les élèves s’oxydent: il faut reprendre des heures pour ne pas perdre la main, repousser un embauche qui exige le permis, différer des études en alternance, revoir des projets familiaux. Les dirigeants d’auto‑écoles y voient un gâchis social et économique à l’heure où la mobilité conditionne l’accès à l’emploi.

Une pénurie d’inspecteurs qui se voit dans le rétro

Le diagnostic est connu: la France compte environ mille cinq cents inspecteurs du permis pour un flux annuel de candidats désormais très élevé. Résultat: les préfectures rationnent les créneaux, les écoles doivent arbitrer entre leurs élèves et les recalés reviennent grossir une file d’attente déjà saturée. Le gouvernement promet des renforts et a annoncé des places supplémentaires d’ici fin d’année. Les professionnels saluent l’effort, mais jugent qu’il ne suffira pas à absorber la bosse de candidats.

Un succès… qui embouteille le système

Depuis le 1er janvier 2024, le permis B est accessible dès 17 ans. Bilan: afflux massif de mineurs à l’examen pratique, taux de réussite élevé chez ces jeunes, mais choc ponctuel d’effectifs puisque deux classes d’âge se sont retrouvées en même temps sur la piste. En parallèle, le financement via le Compte personnel de formation a été élargi en 2024 aux préparations théoriques et pratiques de l’ensemble des catégories de permis. Puis il a été resserré quelques mois plus tard pour limiter certains effets d’aubaine. Additionnées, ces mesures ont démocratisé l’accès au permis sans que les moyens humains suivent au même rythme.

Les chiffres qui fâchent

Le taux de réussite national à l’épreuve pratique du permis B tourne autour de 58 à 59 %. Autrement dit, près d’un candidat sur deux doit se représenter, ce qui entretient mécaniquement la congestion. Le ministère de l’Intérieur avance par ailleurs qu’environ 1,8 million de candidats se présentent chaque année à l’examen pratique. Face à ces volumes, les recrutements d’inspecteurs annoncés et l’ouverture de dizaines de milliers de créneaux supplémentaires visent à desserrer l’étau, mais la décrue ne sera pas instantanée.

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Un coût qui grimpe pour les familles

La facture du permis s’alourdit. En moyenne, un parcours complet en auto‑école traditionnelle se situe fréquemment entre 1 500 et 2 000 euros, avec des écarts selon les régions. Le prix d’une heure de conduite oscille couramment entre 40 et 60 euros. Lorsque l’attente s’étire, nombreux sont les élèves qui rajoutent des leçons pour garder le niveau, ce qui renchérit encore l’addition. Les plateformes en ligne affichent des tarifs plus serrés, mais elles ne peuvent pas, à elles seules, résoudre la pénurie de places d’examen.

Ce que réclament les professionnels

La grève ne se limite pas au coup de klaxon. Les organisations d’auto‑écoles arrivent avec des propositions concrètes:

  • Renforts humains: recruter et former davantage d’inspecteurs afin d’augmenter immédiatement la capacité de passage.
  • 28 heures obligatoires: relever le plancher de formation pratique de 20 à 28 heures, avec un volet théorique collectif ou simulateur. Objectif: mieux préparer les candidats, relever le taux de réussite, réduire les repassages.
  • Session de rattrapage: instaurer, pour les candidats proches du seuil d’admission, un rattrapage encadré après quelques heures supplémentaires plutôt qu’un nouvel examen complet.
  • Conduite accompagnée plus tôt: abaisser à 14 ans l’âge d’entrée en conduite accompagnée. Les élèves formés sur la durée réussissent mieux et nécessitent souvent moins d’heures en école.
  • Fluidifier l’accès: optimisation locale des plannings, mutualisation de centres, recours ciblé aux renforts temporaires dans les départements les plus en tension et expérimentation d’outils d’évaluation de prêt‑à‑l’examen sur simulateur.

Et maintenant

La profession appelle l’État à fixer une trajectoire lisible: calendrier de recrutements, objectif de délai cible entre deux présentations, pilotage par les préfets dans les zones rouges et réforme de l’apprentissage. L’enjeu dépasse la filière: sans permis, c’est l’entrée dans l’emploi qui se complique, surtout hors des grandes villes. La grève d’aujourd’hui n’est pas un geste d’humeur, c’est un SOS pour éviter que la route vers le permis ne devienne une impasse.


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