Les dysfonctionnements touchant les appareils domotiques de Google ne cessent de s’amplifier. Face à une vague croissante de plaintes, la firme californienne peine à rassurer ses clients. Une action collective est désormais envisagée aux États-Unis.
L’alerte était lancée discrètement, mais le phénomène a pris une ampleur inattendue. Depuis plusieurs semaines, les utilisateurs des dispositifs Google Home et Nest font face à une série de dysfonctionnements majeurs. Commandes vocales inopérantes, routines suspendues, lumières intelligentes hors service : la promesse d’une maison connectée fluide semble vaciller, au grand dam de ceux qui avaient investi dans cet écosystème.
Les témoignages affluent, tant en France qu’à l’international, évoquant une instabilité inédite des enceintes, écrans et thermostats de la marque. Si Google a reconnu l’existence des problèmes et annoncé des correctifs à venir, les retards s’accumulent, l’inquiétude monte et l’hypothèse d’un recours collectif se précise.

Une panne persistante, au cœur du foyer
C’est sur Reddit, terrain d’expression privilégié des usagers technophiles, que les signaux d’alerte ont commencé à émerger. À la lecture des messages publiés dans la section dédiée à Google Home, le constat est sans appel : une majorité des publications évoque des incidents techniques répétés. Du simple bug d’affichage aux plantages complets de routines automatisées, la fiabilité de l’assistant vocal semble en net recul.
Le point de bascule semble avoir été atteint avec une panne particulièrement visible : l’impossibilité, pour de nombreux utilisateurs, de contrôler leurs lumières connectées via la commande vocale. Un comble pour un assistant censé offrir, au minimum, ce niveau de confort basique.
Un représentant officiel du compte GoogleNestCommunity est intervenu le 26 juillet sur Reddit pour reconnaître le problème, précisant qu’un correctif était en cours de développement. En attendant, les utilisateurs doivent se contenter de solutions de contournement, souvent insatisfaisantes.
Une transition vers Gemini qui sème le trouble
Cette instabilité coïncide avec une mutation stratégique importante chez Google. L’entreprise a entamé une transition vers son nouvel assistant vocal basé sur l’intelligence artificielle Gemini, appelé à remplacer progressivement l’ancien Google Assistant.
Cette évolution technologique, présentée comme une avancée majeure, semble toutefois se heurter à des réalités techniques. Plusieurs fonctions, autrefois considérées comme essentielles, ont été désactivées ou rendues inopérantes : commandes programmées, interactions textuelles, rappels partagés, intégration avec certains services tiers…
Or, ces suppressions ne sont pas toujours communiquées clairement aux utilisateurs. Résultat : des appareils qui « fonctionnaient très bien hier » sont aujourd’hui perçus comme erratiques, voire inutilisables.
Un aveu tardif, une promesse de correction
Face à la montée des critiques, Google a finalement rompu le silence. Par la voix de Anish Kattukaran, directeur produit pour Google Home et Nest, la firme a reconnu que l’expérience utilisateur n’était « pas à la hauteur des attentes ». Dans un message publié sur le réseau X (Twitter), le responsable a présenté ses excuses et promis « d’importantes améliorations dès l’automne ».
La déclaration, bien que saluée pour sa transparence, n’a pas suffi à calmer les esprits. « Pourquoi attendre plusieurs mois pour corriger un bug aussi fondamental ? », s’interrogent de nombreux utilisateurs. D’autres pointent un manque de considération de la part de Google, accusé d’avoir lancé Gemini sans garantir la compatibilité avec les appareils existants.
Un recours collectif en gestation aux États-Unis
La crise prend désormais une tournure judiciaire. Le cabinet américain Kaplan Gore, spécialisé dans les actions de groupe, a annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire en vue d’un recours collectif contre Google. Il reproche à l’entreprise de ne pas avoir tenu ses engagements en matière de service et de fiabilité.
« Plutôt que de corriger les dysfonctionnements, Google laisse les problèmes se multiplier, mettant en péril l’utilisation quotidienne des appareils Google Home », écrit le cabinet sur son site. Un formulaire a été mis en ligne afin de recueillir les témoignages des clients lésés.
Cette initiative, pour l’instant limitée au territoire américain, pourrait toutefois faire tache d’huile en Europe si la situation perdure.
L’inquiétude s’installe chez les utilisateurs français
En France aussi, les réactions sont vives. Sur les forums spécialisés comme Les Alexiens, plusieurs utilisateurs se disent « trahis » par l’entreprise. Certains envisagent déjà de se détourner de l’écosystème Google pour rejoindre les concurrents Amazon (Alexa) ou Apple (HomeKit), réputés plus stables ces derniers mois.
« On a l’impression que Google abandonne la domotique », regrette Damien, ingénieur toulousain, fidèle de la marque depuis 2018. « Ce n’est pas qu’un bug technique, c’est une perte de confiance. »
À cette désillusion s’ajoute une inquiétude d’ordre matériel : aucun nouveau produit phare n’a été lancé depuis 2021, les modèles actuels vieillissent et les mises à jour logicielles se font de plus en plus rares.
Un tournant stratégique, aux conséquences durables ?
En filigrane de cette crise, c’est toute la stratégie domotique de Google qui interroge. L’entreprise, qui avait largement investi ce marché à partir de 2016 avec le rachat de Nest, semble aujourd’hui ralentir ses efforts dans le secteur. Peu d’annonces matérielles, un repositionnement flou et une attention focalisée sur Gemini : autant de signes qui nourrissent le scepticisme des utilisateurs historiques.
Reste à savoir si la promesse d’un retour à la normale d’ici l’automne suffira à redonner confiance. Ou si cette crise marquera, au contraire, le début d’un désengagement progressif de Google dans la maison connectée.
Récapitulons :
- Une série de dysfonctionnements majeurs affecte les appareils Google Home et Nest depuis plusieurs semaines.
- Un bug critique empêche notamment le contrôle vocal des lumières connectées.
- Google a reconnu les problèmes et promet des améliorations « à l’automne ».
- Le lancement de l’IA Gemini serait en partie responsable de la dégradation du service.
- Un recours collectif est en préparation aux États-Unis.
- Les utilisateurs français expriment colère et désillusion, certains évoquant un changement de plateforme.