Dubaï, 8 octobre 2025. Le gouvernement des Émirats arabes unis s’allie à Google pour offrir à l’ensemble des étudiants du supérieur un accès gratuit pendant douze mois à Gemini Pro, le plan qui donne la main sur les modèles d’IA générative les plus avancés du groupe. Une mesure emblématique, alignée avec la Stratégie nationale pour l’intelligence artificielle et pensée pour accélérer la formation d’une main-d’œuvre familière des outils d’IA.
Un pari structurant pour les campus
Le raisonnement est limpide: familiariser tôt les étudiants avec des assistants d’IA capables d’analyser des sources, structurer des idées, générer du texte, des images et même de courtes vidéos. L’initiative n’est pas qu’un coup de com. Elle se veut un jalon dans la montée en compétences des jeunes diplômés, alors que les entreprises, publiques comme privées, intègrent déjà ces outils dans leurs workflows.
Le ministre d’État à l’Intelligence artificielle, à l’Économie numérique et aux Applications du télétravail, Omar Sultan Al Olama, assume cette trajectoire. Elle vise à renforcer les capacités nationales, améliorer l’efficacité et dynamiser l’innovation dans tous les secteurs. En creux, un message: l’IA n’est plus une option périphérique dans l’enseignement supérieur, c’est un socle.
Ce que comprend l’offre étudiante
Le plan mis à disposition, Gemini 2.5 Pro, est la brique la plus capable de Google. Concrètement, les étudiants accèdent à:
- Gemini 2.5 Pro pour les devoirs exigeants, les recherches lourdes, le brainstorming assisté.
- Deep Research, qui synthétise des informations issues de centaines de sources et permet de gagner des heures sur une revue de littérature.
- NotebookLM, compagnon de travail pour organiser notes et documents, désormais apte à générer davantage d’aperçus audio et vidéo.
- Veo 3, qui transforme un texte ou une image en clip court d’environ 8 secondes avec son, utile pour prototyper des idées visuelles.
- 2 To de stockage supplémentaires, pour héberger sans peine cours, projets, photos et rendus multimédias.
Au-delà du catalogue de fonctions, la doctrine d’usage importe. Employé intelligemment, l’outil ne remplace pas l’effort critique, il l’augmente: aide à structurer un plan, reformuler un paragraphe, proposer des pistes bibliographiques, bâtir un questionnaire d’autoévaluation à partir de notes de cours. Dans les classes les mieux équipées, on voit déjà apparaître des pratiques comme la conversion d’enregistrements de cours en résumés audio, ou la génération de quiz interactifs avant les partiels.
Qui est éligible et comment s’inscrire
L’accès gratuit concerne les étudiants de 18 ans et plus inscrits dans un établissement accrédité du pays. L’inscription s’effectue avec un compte personnel Gmail et une vérification d’éligibilité via SheerID. La fenêtre de souscription court jusqu’au 9 décembre 2025. Une fois validée, l’offre donne un an d’accès sans frais. Les modalités d’activation sont standardisées: validation d’identité étudiante, rattachement au compte Google, puis activation du plan.
À savoir: la valeur marchande de l’abonnement est estimée à environ 73 dirhams par mois. Ce chiffrage donne une idée de l’effort consenti pour le pouvoir d’achat étudiant.
Pourquoi maintenant
Le calendrier n’a rien d’anodin. Google observe depuis la rentrée une poussée d’intérêt pour les aides à l’étude propulsées par l’IA. Aux Émirats, la hausse des requêtes liées à l’IA et à l’éducation atteint des niveaux élevés sur deux mois glissants. L’alliance État–industrie intervient donc au moment où la demande explose, avec l’ambition d’un accès équitable à des outils identiques d’un campus à l’autre.
Politiquement, la cohérence est totale avec la stratégie IA nationale, qui mise sur la diffusion à grande échelle des compétences numériques et l’hybridation des disciplines. Les universités du pays expérimentent déjà l’IA dans la pédagogie active, la remédiation ou l’orientation. En offrant un socle logiciel commun, l’objectif est de réduire les disparités d’équipement et de culture numérique entre filières.
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Conséquences pratiques dans la salle de classe
Pour les enseignants, l’arrivée de Gemini Pro suppose un cadrage clair: expliciter quand et comment l’IA est autorisée, intégrer la vérification des sources dans l’évaluation, renforcer l’oral et la démonstration de raisonnement. Les établissements qui ont codifié ces usages tirent le meilleur de l’outil: moins de tâches répétitives, davantage de temps consacré au tutorat et à l’analyse.
Pour les étudiants, l’enjeu est de ne pas tomber dans l’assistanat. Les bonnes pratiques émergentes tiennent en quelques réflexes: bannir le copier-coller, confronter les synthèses à des sources académiques, demander au modèle ses incertitudes, journaliser ses interactions pour la traçabilité. L’IA devient alors un coach méthodologique plutôt qu’une béquille.
Une tendance régionale et internationale
L’initiative s’inscrit dans une extension graduelle des offres étudiantes de Google en 2025. Le Moyen-Orient a vu ces derniers mois des dispositifs analogues apparaître, signe d’une stratégie globale de pénétration du marché éducatif. Parallèlement, d’autres pays ont bénéficié de promotions étudiantes à grande échelle, preuve que la compétition pour les usages pédagogiques de l’IA s’intensifie.
Les questions qui demeurent
- Après l’année gratuite: quid du modèle économique pour les étudiants à faible revenu si l’abonnement redevient payant. Les universités mettront-elles en place des prises en charge ou des alternatives libres.
- Qualité des synthèses: malgré des progrès sensibles, la lecture critique reste indispensable. Les bibliothèques universitaires ont un rôle à jouer, via des ateliers d’évaluation des sources.
- Équité d’usage: la diffusion de l’IA doit intégrer les besoins des étudiants en situation de handicap, avec des formats accessibles et des interfaces inclusives.
- Protection des données: il appartient aux institutions de rappeler les bonnes pratiques de confidentialité, notamment dans le chargement de documents sensibles ou d’informations personnelles.